Gavroche
06/08/2010
Livres
Le Cambodge de Roland Meyer
C’est un livre magnifique, que tous ceux qui aiment le Cambodge devraient lire et relire. Comme l’écrit Gérard Groussin dans son excellente postface à la dernière édition chez Kailash, « Saramani est un roman complexe où l’auteur fait oeuvre d’ethnologue, de géographe, de linguiste et d’historien… »
C’est que l’auteur de ce beau roman, publié à Saïgon en 1919 sous le titre Saramani, danseuse khmèr, n’est pas n’importe qui et sait de quoi il parle. Roland Meyer naît le 10 juillet 1889 à Moscou. Issu d’une famille aisée, il va poursuivre ses études jusqu’au baccalauréat. A 18 ans, il décide de partir à l’aventure vers l’Indochine. Très vite, en 1908, il obtient le poste d’attaché à la Résidence Supérieure du Cambodge à Phnom Penh. Il sera ensuite chef du service de la Santé et des Affaires politiques, et enfin interprète du gouvernement. Il rédigera d’ailleurs dès 1912 un « Cours de langue Cambodgienne » en deux volumes.
Le roman Saramani va mettre en scène deux jeunes héros: « Komlah », en langue khmère « le jeune homme », et « Saramani », la jolie petite danseuse de quinze ans. « Komlah était un enfant de France, emporté trop jeune dans le courant d’émigrants jetés par l’Europe à la conquête de l’Asie. Poussé par une prédestination toute puissante, il ne résista pas aux charmes féériques du pays khmèr… ». Komlah va rapidement oublier son origine, sa race, sa langue presque. Un soir, venu assister au spectacle du ballet royal, il va rencontrer le regard de l’une d’elle , « celle que son coeur était venu chercher par delà les mers, Saramani »… Ainsi commence leur idylle. Mais là n’est pas le plus intéressant du roman. Saramani va un jour confier à Komlah devenu son époux, « le trésor des souvenirs de sa vie. » Elle va raconter sa vie de danseuse du ballet et sutout dévoiler tous les secrets du « Palais aux Quatre Faces » où elle entra à l’âge de sept ans. Sur le fond du dur apprentissage de la petite fille à qui l’on doit tordre les poignets et les chevilles pour parvenir à la souplesse et à la grâce extrêmes de la future « lokkhonn » royale, elle va décrire la vie d’esclaves que partagent les innombrables femmes du harem royal. Le roi Sisowath succède à son frère en 1904. C’est alors que la jeune Saramani va participer à une aventure extraordinaire : le voyage en France en juin 1906 du Roi, accompagné de son Ballet royal. Le témoignage de la fillette sera prodigieux d’intérêt et de drôlerie. Et c’est là le génie de l’écrivain, d’avoir su rendre la fraîcheur et la naïveté des descriptions et des étonnements de la gamine de douze ans, qui va découvrir « le monde des ogres et des géants »… FRANÇOIS DORÉ Librairie du Siam et des Colonies librairiedusiam@cgsiam.com ![]() |
|