Selon le site Asia Sentinel, la crise semble avoir été précipitée par les attentes d'un effondrement prochain du soutien au sein de la coalition Perikatan Nasional de Muhyiddin, autant que par la pandémie. En effet, trois membres du Parlement de l'Organisation nationale des Malais unis ont annoncé plus tard, après la décision d'urgence, qu'ils lui avaient retiré leur soutien, ne lui laissant que 109 voix. Il lui en faut 112 pour rester au pouvoir.
Le premier ministre Muhyiddin, qui demandait au palais un décret d'urgence depuis octobre dernier, a nié que cette mesure visait à mettre fin à la démocratie parlementaire, déclarant aux journalistes que "le gouvernement civil continuera à fonctionner". Bien qu'il ait déclaré que les frontières seront resserrées et que l'armée aidera la police et les fonctionnaires de l'immigration à détenir les migrants qui tentent de traverser les frontières poreuses du pays, "l'urgence proclamée par le roi n'est pas un coup d'État militaire et les couvre-feux ne seront pas appliqués".
Malaisie moins touchée
Avec 139 992 cas, la Malaisie est bien moins touchée que l'Indonésie, avec 828 026 cas, ou que les Philippines, avec 487 684 cas, bien qu'elle ait subi 2 433 cas du jour au lendemain - toujours bien moins que l'Indonésie, avec 9 640 cas. Les pouvoirs d'urgence en Malaisie gelent les debats parlementaires contrairement à la Thaïlande, ce qui renforce les soupçons selon lesquels des considérations politiques jouent un rôle plus important dans la décision de Muhyiddin que des considérations de santé publique.
Avec les partis d'opposition, les parlementaires de l'Asean pour les droits de l'homme ont exprimé leur inquiétude face à cette décision, déclarant dans une déclaration écrite que "Compte tenu de l'instabilité politique à laquelle la Malaisie est confrontée depuis que le Premier ministre Muhyiddin est arrivé au pouvoir par un gouvernement de façade en mars 2020, la décision de suspendre le Parlement soulève de sérieuses inquiétudes quant à la volonté de son gouvernement d'éviter le contrôle parlementaire".
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