Nous publions ici le communiqué conjoint des principaux clubs de correspondants étrangers en Asie
Les trois journalistes condamnés, tous membres de l'Association des journalistes indépendants du Vietnam (IJAVN), ont été reconnus coupables de "fabrication, stockage, diffusion d'informations, de matériels, d'articles dans le but de s'opposer à l'État" lors d'un procès d'une journée au tribunal populaire de Hô-Chi-Minh-Ville.
Le verdict du tribunal prononcé le 5 janvier, cité par les médias publics, a déclaré que les trois hommes "avaient été régulièrement en contact avec des opposants au régime". Des représentants du gouvernement ont été cités par les médias occidentaux qui ont déclaré que les journalistes avaient eu l'intention de "déformer et diffamer l'administration du peuple, et de porter atteinte aux intérêts du Parti Communiste du Vietnam et de l’État".
L'un des journalistes condamnés, Pham Chi Dung, 54 ans, travaillait auparavant pour le Département des Affaires Intérieures et de la Sécurité du gouvernement mais avait quitté son poste en 2013, déclarant que "le Parti Communiste ne sert plus et ne représente plus les intérêts de la majorité du peuple".
Dung, qui a été condamné à 15 ans de prison, a fondé l'IJAVN en 2014 pour défendre la liberté de la presse, mais l'État l'a depuis déclaré organisation criminelle. Les autres membres de l'IJAVN, Thuy, 69 ans, et Tuan, membre plus jeune, ont chacun été condamnés à 11 ans de prison. Tous trois ont été condamnés à trois années supplémentaires d'assignation à résidence après leur libération.
Ces condamnations sont le reflet d'une répression accrue contre la dissidence et les médias indépendants à l'approche du congrès quinquennal du parti communiste au pouvoir qui débute le 25 janvier.
Elles soulignent également la contradiction croissante entre les efforts du Vietnam pour se présenter comme un État moderne et ami de l'Occident, et la réalité de la censure et de la répression sous le régime du parti unique.
Le Département d’État américain a qualifié ces phrases de "sévères" et de "dernières d'une tendance inquiétante". Amnesty International a déclaré qu'elles soulignaient le mépris de Hanoï pour une presse libre.
Dans son classement mondial annuel de la liberté de la presse, Reporters sans frontières a classé le Vietnam au 175e rang sur 180 États. En 2020, le Vietnam a emprisonné 28 journalistes, ce qui en fait le quatrième plus mauvais pays pour l'emprisonnement de journalistes derrière la Chine, l'Arabie Saoudite et l’Égypte respectivement.
Au moins 15 journalistes vietnamiens étaient emprisonnés au 1er décembre 2020, dont Dung, Thuy et Tuan, selon le Comité pour la protection des journalistes.
Signé par :
Club des Correspondants Etrangers de Thaïlande
Club des Correspondants Etrangers du Japon
Association des Correspondants Etrangers des Philippines
Club des Correspondants Etrangers de Jakarta
Club des Correspondants Etrangers de l'Asie du Sud
Club des correspondants étrangers de Taïwan
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