On l'oublie trop, tant la justice thaïlandaise est utilisée à des fins politiques, mais les magistrats locaux appliquent la loi. Or pour Suthep et ses proches, celle ci énonçait clairement le délit commis: l'insurrection contre le gouvernement de l'époque, dûment élu, était flagrante.
A l'heure où le pouvoir actuel fait face à une confrontation massive dans les rues, ce jugement sonne comme un rappel à l'ordre pour tous. Suthep Thaugsuban, qui bénéficiera surement rapidement d'allégement de peine, devait servir d'exemple.
Le clan Shinawatra
L'autre explication tient aux règlements de compte en cours. Et ils sont multiples. Dans l'ombre, la famille Shinawatra a toujours poursuivi de sa vindicte ceux qui ont fait chuter Yinluck. Or celle ci compte des alliés parmi les militaires qui préfèrent encore faire face à la clique du milliardaire qu'aux étudiants protestataires demandeurs de réformes...
Autre règlement de compte: celui qui oppose, au sein de l'actuelle majorité, les tenants du pouvoir militaire des partisans d'un pouvoir civil détaché de l'armée.
Erreur enfin de la part de l'ex «parrain» Suthep: l'homme a perdu ses troupes. Il n'a plus guère de soutiens au parlement. La prison est son ticket pour une retraite politique immédiate. A l'heure où le sol bouge sous les pieds des militaires et de leurs alliés, mettre Suthep aux arrêts est enfin une façon, pour le premier ministre Prayuth, de montrer qu'il garde les commandes du pays et des juges.
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