Ces vers ont un cycle de développement particulier qui nécessite deux hôtes intermédiaires :
vivant dans les canaux biliaires
de mammifères, les adultes pondent des milliers d’œufs qui
s’acheminent dans l’intestin par
la bile, puis sont éliminés dans le
milieu naturel par les selles.
Le premier hôte intermédiaire est
un escargot aquatique : après
éclosion des œufs (soit dans
l’eau pour Opisthorchis viverrini,
soit dans le corps du mollusque
après ingestion par celui-ci pour
Clonorchis sinensis), les larves qui
en résultent vont se développer
initialement à l’intérieur du mollusque.
Arrivée à terme après
quelques jours, le parasite désormais très mobile sort du corps
de l’escargot et pénètre sous les
écailles ou dans la chair de nombreuses espèces de poissons
d’eau douce (deuxième hôte
intermédiaire) pour s’y enkyster.
Le cycle ne peut évoluer que si
le poisson est consommé cru
par un mammifère piscivore
(hôte définitif) comme les chats,
rongeurs, chiens et bien sûr
l’homme.
Après absorption, le kyste s’ouvre dans l’intestin de l’hôte définitif et libère le jeune ver qui remonte à contre-courant dans les canaux biliaires et du foie pour s’y implanter et pondre ses œufs. Le cycle est ainsi bouclé. Les douves peuvent vivre plus de 20 ans et libérer des milliers d’œufs chaque jour dans la nature.
Dans les régions rurales de ces
pays asiatiques où les plats traditionnels à base de poisson cru
sont fortement consommés, la
fréquence d’infestation peut
ainsi atteindre près de 100% de
la population.
Les symptômes vont dépendre du degré et de la pérennisation de l’infection. Lors d’une faible contamination, le patient se plaint de troubles digestifs relativement modérés incluant nausées, vomissements, difficultés à digérer, fièvre, réactions allergiques et douleurs abdominales. Cette symptomatologie en apparence banale explique partiellement le manque cruel de lutte sérieuse contre ces parasitoses.
Sans traitement, la maladie peut
conduire, après des mois ou des
années, à des calculs ou une
infection des voies biliaires, voire
une obstruction de l’élimination
de la bile nécessitant un traitement urgent, parfois chirurgical
pour extirper les douves.
Mais la
plus importante complication
est la conséquence à long terme
de l’inflammation chronique des
voies biliaires qui induit le
développement d’un cancer de
la vésicule biliaire, le cholangiocarcinome, de pronostic aussi
sombre que le cancer du foie.
Ces distomatoses du foie ont
ainsi été classées en 2009
comme affections parasitaires
hautement cancérigènes par
l’Agence internationale de la
Recherche sur le Cancer
(IARC).
Le traitement principal des distomatoses est l’administration de médicaments « vermifuges » bien connus, comme le Praziquantel ou l’Albendazole. Les complications, si elles existent, seront traitées de manière spécifique.
La prévention – arrêt total de la
consommation de poissons crus
ou insuffisamment cuits – est d’une simplicité absolue mais se
heurte, dans ces provinces rurales à risque, à un manque d’éducation sanitaire de masse ainsi
qu’aux habitudes alimentaires
traditionnelles où le poisson
d’eau douce reste le principal
apport en protéines animales.
Les parasites enkystés peuvent rester plusieurs semaines dans le poisson séché et plusieurs heures ou jours dans les saumures ou les salaisons.
Ils sont par contre détruits à la cuisson dès 70°C, ou après cinq jours de congélation à -10°C. Les expatriés et touristes aventureux doivent être parfaitement informés de l’existence de ces parasitoses.
Dr. Gérard Lalande
Directeur de CEO-HEALTH