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CAMBODGE – JUSTICE : Human Rights Watch dénonce la condamnation de Sam Rainsy

Journaliste : Rédaction Date de publication : 20/03/2022
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justice cambodge

 

L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch a publié un communiqué vigoureux pour dénoncer la récente condamnation de l’opposant cambodgien en exil Sam Rainsy. Nous le rediffusons ici.

 

Un tribunal cambodgien a condamné 20 politiciens et militants de l’opposition le 17 mars 2022, à l’issue d’un procès inéquitable au cours duquel aucune preuve crédible n’a été apportée contre les accusés, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Le procès semble avoir eu pour but de mettre à l’écart les opposants politiques du Premier ministre Hun Sen et du Parti du peuple cambodgien (PPC) au pouvoir.

 

Le tribunal municipal de Phnom Penh a condamné 20 membres dirigeants et locaux du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP, opposition), ainsi que le parent d’un accusé, à des peines comprises entre cinq et dix ans de prison. Sept personnes se trouvant actuellement à l’étranger ont été jugées et condamnées par contumace à des peines de dix ans de prison sur la base de trois chefs d’accusation non étayés d'”incitation”, d'”incitation du personnel militaire à la désobéissance” et de “conspiration”.

 

“Les procès et condamnations en masse d’opposants politiques sur la base d’accusations sans fondement constituent une chasse aux sorcières qui discrédite à la fois le gouvernement cambodgien et les tribunaux du pays”, a déclaré Phil Robertson, directeur adjoint pour l’Asie à Human Rights Watch. “Les gouvernements étrangers, les Nations unies et les donateurs devraient dénoncer cette attaque contre l’opposition politique et les derniers vestiges de démocratie au Cambodge.”

 

Les autorités ont maintenu douze des membres de l’opposition condamnés en détention provisoire au Centre correctionnel 1 (CC1) de Phnom Penh pendant une période pouvant aller jusqu’à deux ans, et ont libéré un autre homme politique sous caution pour des raisons de santé. Les douze membres de l’opposition détenus ont été condamnés à cinq ans de prison pour “incitation” et “conspiration”. Ils devront purger trois ans et huit mois de prison, le reste de la peine étant suspendu. La peine du membre de l’opposition libéré sous caution sera entièrement suspendue. Les accusations portées contre les 20 font référence à plusieurs questions, notamment la formation du Mouvement de sauvetage national du Cambodge (CNRM), parti d’opposition à l’étranger, en 2018, et des commentaires sur les médias sociaux critiquant le gouvernement.

 

Le 24 février, le tribunal de Phnom Penh a conclu la dernière audience du procès contre les accusés. Il s’agit de Sam Rainsy, ancien dirigeant du CNRP, Eng Chai Eang, Ho Vann, Mu Sochua, Nut Romduol, Tioulong Saumura, Tok Vanchan, Long Phary, Khut Chroek, Ngin Khean, Yim Sareth, Kheum Pheana, Thai Sokunthea, Keo Thai, Nhem Vean, Chum Chan, Sok Chantha, Pheat Mab, Sun Thun et Hin Chhan. L’accusé Chhon Bunchhat est le cousin de Hin Chhan et n’est pas un membre du CNRP. Le procureur a demandé et obtenu des mandats d’arrêt contre les dirigeants de l’opposition à l’étranger, notamment Sam Rainsy, Eng Chai Eang et Mu Sochua.

 

Au cours du procès, le procureur a fait valoir que les accusés ont conspiré pour renverser le gouvernement, soulignant le retour prévu des dirigeants du CNRP en exil au Cambodge en novembre 2019. Il a accusé le groupe, sans fondement, de faire partie d’un “réseau secret” qui cherchait à perturber l’économie du Cambodge, à encourager les militaires à désobéir au gouvernement et à utiliser la pandémie de Covid-19 pour saper la crédibilité du gouvernement, provoquant ainsi des soulèvements.

 

Le procureur a affirmé que le groupe était responsable de la cause de la suspension partielle des préférences commerciales “Tout sauf les armes” (TSA) de l’Union européenne en août 2020. La Commission de l’UE a estimé que le Cambodge avait violé les principaux traités internationaux relatifs aux droits de l’homme et aux droits du travail sous-jacents à l’accord, notamment par de graves violations des droits civils et politiques.

 

Depuis que le gouvernement a intensifié sa répression de l’opposition politique après que la Cour suprême, contrôlée par le parti au pouvoir, a dissous le CNRP en novembre 2017, de nombreux militants ont fui le pays par crainte d’arrestations arbitraires ou d’autres formes de représailles contre eux et leur famille.

 

En 2021, les autorités cambodgiennes ont poursuivi des centaines de personnes en raison de leur appartenance politique, de leur militantisme pacifique ou de l’exercice de leur droit à la liberté d’expression. Le procès des 20 hommes politiques et militants est le premier de ce qui devrait être d’autres procès de masse dans les mois à venir. Les autorités ont également retardé à plusieurs reprises le procès de Kem Sokha, le leader du CNRP, pour des accusations de trahison non fondées et politiquement motivées portées en septembre 2017. Son procès n’a repris qu’à la mi-janvier 2022.

 

Après que les dirigeants en exil du CNRP ont annoncé leur retour au Cambodge en novembre 2019, les autorités ont arrêté au moins 125 anciens membres et militants du CNRP à l’intérieur du pays. Au moins 78 d’entre eux faisaient l’objet d’accusations motivées par des considérations politiques. Bien que tous sauf quatre d’entre eux aient été libérés sous caution en décembre 2019, les accusations bidon n’ont jamais été abandonnées, et les militants restent susceptibles d’être à nouveau arrêtés.

 

Human Rights Watch a documenté que plus de 60 prisonniers politiques sont en détention provisoire ou en prison au Cambodge, y compris des membres de l’opposition politique, des militants communautaires et des syndicalistes.

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