Home Accueil THAÏLANDE – POLITIQUE : Prayut suspendu par la Cour Constitutionnelle, quels sont les scénarios ?

THAÏLANDE – POLITIQUE : Prayut suspendu par la Cour Constitutionnelle, quels sont les scénarios ?

Journaliste : Philippe Bergues Date de publication : 24/08/2022
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prayut suspendu

 

Notre collaborateur et chroniqueur Philippe Bergues revient, pour les lecteurs de Gavroche, sur la décision de la cour Constitutionnelle qui a décidé de suspendre le premier ministre Thaïlandais Prayut Chan-Ocha.

 

Prayut suspendu par la Cour constitutionnelle…et maintenant ?

 

Contre toute attente, la Cour constitutionnelle a ordonné, par 5 voix contre 4, la suspension du général Prayut Chan-o-cha de ses fonctions de Premier ministre. Cette décision permettra à celle-ci de statuer si Prayut a atteint ou non la limite des 8 ans de son mandat. Le 1er vice-Premier ministre, le général Prawit Wongsuwan, ancien chef adjoint de la junte, deviendra très probablement Premier ministre par intérim, pendant au moins un mois, le temps que la Cour constitutionnelle détermine quand le mandat du général Prayut a commencé.

 

Une bataille de dates très politique

 

Était-ce le 24 août 2014, date de son accession à la tête du pays comme Premier ministre après le coup d’État militaire ? Était-ce le 6 avril 2017 lorsque Sa Majesté le Roi a signé la nouvelle constitution rédigée par la junte ? Était-ce le 24 mars 2019 lorsque les élections législatives ont remis le général Prayut au pouvoir ?

 

Le problème avec la constitution de 2017 est qu’elle ne stipule pas quand la limite de 8 ans de mandat commence, mais il existe des documents indiquant que cette question a été discutée au sein du comité de rédaction de la constitution. Il est cocasse de constater comment la charte de 2017 rédigée par la junte s’est retournée contre le général Prayut. Celle-ci visait en premier lieu Thaksin Shinawatra pour limiter un éventuel pouvoir exercé par son parti car les militaires n’ont pas oublié les victoires électorales écrasantes de la formation thaksinienne en 2001, 2005 et 2011. Et cette perspective hantait le général Prayut au moment de la rédaction de la charte deux ans avant la convocation des électeurs aux urnes.

 

Une décision surprise de la Cour constitutionnelle

 

À vrai dire, cette décision de suspendre Prayut n’était pas pronostiquée par le public, les journalistes ou experts. 7 de ses 9 membres ont été nommés par la junte donc avec l’assentiment de Prayut lui-même. La Cour constitutionnelle avait jusque là pris des décisions pour renforcer le pouvoir des ex-putschistes comme l’interdiction du Future Forward Party et le bannissement de son leader Thanathorn Juangroongruangkit d’exercer un mandat politique pendant dix ans. Pourtant, peut-on interpréter ce verdict du mercredi 24 août 2022 comme une défaite pour les militaires ? Certainement, non. Prawit Wongsuwan va incarner par intérim le « nouveau » visage des tenants de l’establishment militaro-royaliste. L’opposition politique et les groupes pro-démocratie qui manifestaient pour l’éviction de Prayut vont être provisoirement calmés. Mais il est certain que tous les scénarios vont être étudiés dans le détail pour que le pouvoir reste dans les mains de ceux qui le détiennent depuis 2014, y compris dans le cas d’élections générales -anticipées ou non-.

 

Philippe Bergues

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