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THAÏLANDE – ÉDITORIAL : La bouée de sauvetage politique de Prayut Chan Ocha peut-elle tenir ?

Journaliste : Rédaction Date de publication : 30/09/2022
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Constitutional-Court-of-Thailand

 

D’abord un mea-culpa adressé aux lecteurs de Gavroche qui nous avaient alerté, lors de la mise à l’écart du premier ministre Prayut par les juges constitutionnels, sur le fait que celui-ci ne tarderait pas à revenir aux avants pistes du pouvoir. Nous en doutions. Les faits nous ont donné tort. Dont acte. La vie politique thaïlandaise continue de réserver chaque fois des surprises et de s’éloigner des standards juridiques logiques.

 

La Cour constitutionnelle thaïlandaise a donc donné au Premier ministre Prayut Chan-o-cha une bouée de sauvetage politique en rendant un arrêt qui lui permet au moins de terminer son mandat actuel.

 

La grande question, cependant, est de savoir ce que cela signifie pour son avenir politique.

 

Dans sa décision très attendue, le tribunal a établi cet après-midi que, d’un point de vue constitutionnel, le mandat de Prayut en tant que Premier ministre a pris effet en 2017.

 

Même si pratiquement Prayut était Premier ministre depuis 2014, suite à un coup d’État militaire cette année-là, la Constitution qui fixe la limite de huit ans pour le mandat du Premier ministre n’a été promulguée qu’en 2017. En bref, le tribunal a jugé que la limite de mandat n’aurait dû s’appliquer qu’au moment où la Constitution a pris effet.

 

A partir de là, trois considérations méritent d’être examinées, puisque l’actuel gouvernement est assuré de rester au pouvoir jusqu’aux prochaines élections législatives.

 

– Le mandat de l’actuelle chambre des députés expirera en mars 2023. Prayut se voit contraint de préparer sa succession d’ici aux prochaines législatives qui pourraient se tenir dès la fin de cette année. La question est maintenant de savoir qui va se positionner pour obtenir les faveurs de l’armée et du palais royal.

 

– La seule solution, s’il veut se maintenir durablement au pouvoir au delà des prochaines élections, est d’envisager une nouvelle modification de la constitution. Dans le cas contraire, et en cas de victoire électorale à l’issue des législatives, son prochain mandat se trouvera limité à deux ans. Les tensions au sommet du royaume sont dès lors loin d’être écartées.

 

– Le sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) qui se tiendra à Bangkok à la mi-novembre constituera le point d’orgue international de la mainmise des militaires sur le royaume via un gouvernement civil. Après ? Il est impossible d’écarter l’hypothèse d’un nouveau putsch mené par des généraux peu décidés à rendre l’intégralité du pouvoir aux politiciens.

 

Si la décision de la Cour Constitutionnelle confère à Prayut la légitimité politique dont il a besoin pour achever son mandat, elle démontre aussi combien le pays manque d’alternatives, coincé entre une main mise de l’armée sur le gouvernement et une opposition que les Généraux, et le Palais, ne juge pas digne de gouverner.

 

La vérité est à l’image de cette décision spectaculaire des juges constitutionnels : elle démontre que le pays est politiquement à l’arrêt. Or la caractéristique du sur-place est qu’il ne permet guère d’avancées, et qu’il attise toujours les frustrations. Dans tous les camps politiques.

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