Home Accueil BIRMANIE EXPRESS – ACTUALITÉS : Que retenir de l’actualité birmane du 30 janvier au 5 février ?

BIRMANIE EXPRESS – ACTUALITÉS : Que retenir de l’actualité birmane du 30 janvier au 5 février ?

Date de publication : 06/02/2023
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Insein prison birmanie

 

Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.

 

Politique, Diplomatie

 

La junte militaire birmane a déclaré la loi martiale dans 37 communes de huit des 14 États et régions du pays, conférant aux commandants régionaux une autorité absolue sur les zones où elle se heurte à une forte résistance à son pouvoir. Cette décision a été annoncée jeudi 2 février, un jour après que le régime a prolongé l’état d’urgence national en vigueur depuis sa prise de pouvoir il y a deux ans. Près d’un tiers des communes concernées se trouvent dans la région de Sagaing, où des forces de résistance alliées à des organisations armées ethniques continuent de contester le pouvoir du régime. Au total, 11 communes de la région sont désormais soumises à la loi martiale.

 

Samedi 5 février, à l’issue d’une réunion de deux jours en Indonésie, les ministres de l’Asie du Sud-Est ont exhorté la junte birmane à mettre en œuvre un plan de paix en cinq points, adopté il y a deux ans, afin d’ouvrir la voie à une sortie de crise dans le pays. L’Indonésie, première économie d’Asie du Sud-Est, assure la présidence de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui compte 10 membres, pour 2023 et accueillera les réunions des dirigeants plus tard dans l’année. La ministre indonésienne des affaires étrangères, Retno Marsudi, a déclaré que Jakarta avait proposé aux membres de l’ASEAN un plan de mise en œuvre du “consensus en cinq points” convenu avec la junte en avril 2021, qui appelait à la fin des violences et au dialogue entre les militaires et les représentants du gouvernement déchu.

 

Économie

 

Le 1er février 2023, pour la date du 2ème anniversaire de coup d’État militaire, les États-Unis ont publié une nouvelle liste de sanctions portant sur la commission électorale de l’Union birmane, 2 entités publiques du secteur minier, et 6 individus (dont le ministre de l’Énergie, 2 dirigeants de MOGE – l’entreprise publique pétro-gazière birmane, des militaires et dirigeants de sociétés privées). Concomitamment, le Royaume Uni a adopté des sanctions contre deux entreprises et deux individus liées au kérosène, tandis que le Canada a annoncé des sanctions additionnelles à l’encontre de 6 individus et une interdiction d’exporter ou de vendre du kérosène à l’armée birmane. L’Australie a annoncé des sanctions à l’encontre de 16 individus (l’ensemble des membres du SAC) et 2 entités économiques militaires (MEC et MEHL).

 

Le récent rapport de la Banque mondiale sur la Birmanie (MEM – Myanmar Economic Monitor January 2023 – “Navigating Uncertainty”) anticipe une très modeste reprise de 3% de l’activité économique pour l’année fiscale 2022/23 courant jusqu’à septembre prochain, après +3% en 2021/2022 et une forte contraction de 18% en 2020/2021.  L’activité économique a continué d’être perturbée par un conflit persistant, les pénuries d’électricité, l’augmentation de l’incertitude politique et une forte dépréciation de la monnaie par rapport aux devises étrangères. Dans ce contexte difficile, les indicateurs économiques récents ont été mitigés : amélioration dans la vente au détail pour retrouver les niveaux observés dans la période prépandémiques, reprise du secteur des transports en dépit de coûts élevés, redressement de 3% de l’agriculture, mais anticipations peu encourageantes pour l’industrie. Après avoir culminé à 16,5% en 2021/2022, l’inflation reviendrait en 2023 à 7% en moyenne annuelle dans un contexte de baisse des prix mondiaux des matières premières. Le déficit courant (-4,7%) comme le déficit budgétaire (-6,7%) se creuseront durant l’exercice fiscal 2023 et l’endettement public devrait atteindre 62,3% du PIB contre 37% en 2018/2019.

 

Désinvestissement du Fonds souverain norvégien dans une entreprises chinoise et une société indienne. Le Fonds souverain norvégien a annoncé avoir exclu de son portefeuille deux sociétés une société chinoise AviChina Industry & Technology et une société indienne Bharat Electronics en raison de ventes d’armes au gouvernement birman militaire. Fin 2021 ce fonds, évalué à 1,3 Mds USD, détenait 0,37% du groupe chinois et 0,32% de la société indienne.

 

PTTEP, le groupe public pétro-gazier thaïlandais, a annoncé avoir retardé les développements du bloc M3 « Aung Sinkha », situé dans le golfe de Martaban, dont il est avec 80% des parts l’opérateur avec son partenaire Mitsui Oil Exploration Company. Le projet d’investissement, d’un montant de 2 Mds USD, consiste en l’exploitation de ce bloc et son raccordement par un gazoduc offshore et onshore de 370 km à une centrale à cycle combiné de 600 MW, elle-même raccordée à une ligne de transmission électrique.

 

Société

 

Le régime a suspendu la délivrance de passeports en décembre, même si les travailleurs migrants birman pouvaient encore les obtenir en vertu du protocole d’accord conclu entre le gouvernement birman et les gouvernements étrangers concernés. Mais depuis le 17 janvier, la junte a totalement suspendu la délivrance et le renouvellement des passeports, ainsi que l’acceptation des nouvelles demandes de passeport. Les raisons de cette suspension et sa durée n’ont pas été précisées par le régime. Les défenseurs des droits des travailleurs estiment que cette mesure est motivée par des considérations politiques, la junte cherchant à réduire les fonds versés par les travailleurs birmans à l’étranger à la résistance armée connue sous le nom de Forces de défense du peuple. La suspension du passeport constitue une violation des droits de l’homme, ont déclaré les militants syndicaux.

 

Lors d’une réunion du Conseil national de défense et de sécurité (NDSC) de la Birmanie à Naypyitaw, mardi 31 janvier, ses membres ont décidé de prolonger l’état d’urgence du pays et le mandat de la junte dirigée par Min Aung Hlaing pour six mois supplémentaires. Le chef de la junte a soumis aux membres du conseil un rapport faisant le bilan de deux années de régime militaire, comme l’exige la Constitution de 2008 rédigée par l’armée, qu’il a utilisée pour justifier sa prise de pouvoir lors du coup d’État du 1er février 2021. La section 425 de la charte stipule que “si le commandant en chef des services de défense soumet la prolongation de la durée prescrite en donnant les raisons pour lesquelles il n’a pas été en mesure d’accomplir les tâches assignées”, le NDSC peut “normalement autoriser deux prolongations de la durée prescrite pour une durée de six mois pour chaque prolongation.” Les militaires ont déclaré l’état d’urgence pour un an lorsqu’ils ont pris le pouvoir et l’ont depuis prolongé deux fois pour six mois à chaque fois. La plus récente a expiré mercredi 1 février.

 

Une fusillade d’environ 12 heures et l’incendie d’un camp de réfugiés dans une guerre de territoire, le long de la frontière entre le Bangladesh et la Birmanie ont ramené l’Organisation de solidarité Rohingya, un ancien groupe d’insurgés armés, sous les projecteurs. Les combats du mois dernier entre les membres du RSO et les insurgés de l’Armée du salut rohingya d’Arakan (ARSA) ont fait au moins un mort et forcé des centaines de réfugiés rohingyas à fuir le campement. La violence a été le premier acte connu de combat ouvert entre les deux groupes militants, qui prétendent tous deux soutenir la cause des Rohingyas contre l’armée de Birmanie.

 

Plus de 17 000 personnes ont été détenues par la junte birmane depuis le coup d’État, et plus de 13 000 sont toujours en détention. 143 d’entre eux ont été condamnés à mort, et la junte a doublé sa politique d’exécution cette semaine – indiquant que bon nombre de ces condamnations ne pourront pas faire l’objet d’un appel.

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