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FRANCE – POLITIQUE : Vue d’ailleurs, les bornes passées, plus de limites au «je»

Date de publication : 16/05/2023
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Emmanuel Macron et Élisabeth Borne

 

Chaque semaine, notre ami Richard Werly, conseiller éditorial de la rédaction de Gavroche, nous livre sa vision de la France sur le site d’actualités helvétique Blick. Vous pouvez vous abonner. Ou consulter sa lettre d’information Republick.

 

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Le jeu de mots est facile. Mais comment l’éviter ? Plus elle est coincée le dos au mur, plus la Première ministre française Élisabeth Borne s’exprime dans les médias pour défendre un bilan qui se résume, ni plus ni moins, au déclenchement de la guerre sociale sur les retraites. « Je veux continuer à relever les défis du pays » clame, dans la dernière édition du « Journal du dimanche », celle qui s’apprête à recevoir à nouveau les syndicats ce mardi et ce mercredi. Rien que la composition de cette phrase dit le découplage si français entre la politique et le pays réel.

La Première ministre ne dit pas « je crois » ou « je pense que je peux ». Elle dit « je veux ». Circulez, il n’y a rien à voir et à espérer. En France, le pouvoir décide et ceux qui n’y croient plus, même avec de bonnes raisons, sont priés de dégager la voie. Oui, passées les bornes, plus de limites au « je ».

 

Emmanuel Macron, de son côté, a théorisé l’affaire depuis le conflit des gilets jaunes de l’hiver 2018-2019. Sa réponse ? Un grand débat national que Dalida aurait pu résumer de son fameux « Paroles, paroles, paroles… ». La formule gagnante, vue de l’Élysée, est simplissime. Le meilleur remède contre la colère des Français ? Les assommer de promesses et d’engagements sur les performances supposées du pays en train de réindustrialiser et toujours aussi courtisé par les investisseurs étrangers lors des sommets « Choose France », comme celui organisé à Versailles ce lundi 15 mai.

Jugez plutôt : même Elon Musk a pris l’avion pour atterrir dans les salons de l’Élysée ! Macron, c’est un peu Juliette Gréco qui chanterait, devant son bourreau pressé de la rouer de coups, « Déshabillez-moi » en espérant le charmer pour qu’il se calme.

 

Toujours la même recette : des mots, des mots, des mots. « C’est pas donné aux animaux/Pas non plus au premier blaireau/Putain qu’est-ce que ça vous tient chaud/Sur la feuille et son blanc-manteau/Ça vous rend libre comme l’oiseau », chantait Renaud. Emmanuel Macron, lui, a décidé d’ignorer l’incrédulité nationale et le ressentiment. Il croit, comme Gérard Lambert avec sa mobylette, que son mandat présidentiel va repartir. Sauf que, dans la chanson, celle-ci cale parce qu’elle ne « veut rien savoir/C’est le bon Dieu qui l’a puni ». Le blabla peut s’avérer fatal.

 

Bonne lecture, avec ou sans mots bleus.

(Et pour débattre: richard.werly@ringier.ch)

3 Commentaires

  1. Non. M. Werly n’a rien compris. le gouvernement Borne, responsable devant la représentation nationale, a la confiance de la majorité parlementaire. Le président de la République, politiquement et juridiquement irresponsable, lui n’a rien ; en conclusion, c’est Mme Borne qui a le pouvoir, et M. Macron n’y peut rien. C’est pourquoi Mme Borne peut dire “je veux” et que M. Macron, pour compenser, voyage en province, ou à Hiroshima et à Oulan Bator, ou il se tient mal comme d’habitude ; ce qui ne prête pas à conséquence et n’intéresse personne.

    En revanche, M. Werly n’a pas remarqué que le président du Sénat s’était “exprimé” sur l’état des finances ; si l’on veut bien admettre que les finances sont une question essentielle, on ne peut s’empêcher de penser que le président du sénat, 2e personnage de l’État, interfère dans la fonction présidentielle ; M. Macron n’y eut rien.

    En conclusion, tout se passe comme si les fonctions ministérielles et présidentielles avaient glissé des mains de l’actuel titulaire, vidant de sa substance le “mandat” de M. Macron, au demeurant assorti d’aucune responsabilité. Nous sommes en réalité à un tournant de la Ve République, voire même à une véritable révolution de palais.

  2. Nous prenons toujours un certain plaisir a constater que l'”helvète hebdomadaire” améliore, semaine après semaine, la profondeur de ses “visions” ici fortement teintées par le ressentiment, celui qu’il prête aux Français à la place desquels il a coutume de s’identifier ou de feindre s’identifier. L’inconscient, sans doute stimulé par le Maître Zurichois, affleure et nous transmet, à peine relevé du divan, ses fantasmes sado-masochistes : déshabillez-moi, les coups, Juliette Gréco cache t-elle cette autre Juliette, celle de Sade ? Et au centre, bourreau, est-il élyséen ? La réponse nous sera peut être livrée une fois que le patient se sera réveillé. Sans doute faudra t-il mettre en œuvre toutes les ressources analytiques de Julia Kristéva, passer de Juliette à Julia. A propos d’une constatation en forme de leçon de gouvernement assénée, à l’exception des cantons suisses, la politique n’instaure-t-elle pas, par définition, une certaine distance entre des objectifs à atteindre, une “vision”, et un réel qui se plie ou résiste ? La politique et le politique ne se situent-ils pas au cœur de cette distance ? Le discours du 18 juin 1940 qu’est-ce que c’est ? Je n’ose imaginer le commentaire qui en aurait été fait ni quel chanteur aurait été convoqué… acceptons toutefois l’augure selon laquelle, d’après une déclaration par notre visionnaire sur les plateaux de France 24, que notre cher voisin, qui fabrique des armes pour ne pas s’en servir mais pour les vendre, “accepte”, nolens volens, d’en doter un pays européen envahi, agressé et en passe d’être détruit par son voisin. Conseil de lecture : Roland Barthes, Le Neutre, Le Seuil , 2002

    • Cher lecteur, merci de votre lecture si attentive et passionnée de mes chroniques sur la France dans notre newsletter Républick. Je lis toujours avec plaisir vos commentaires. Ils sont justes, méchants et bons pour la tête. Continuez de nous lire et de faire connaitre Gavroche ! Amitiés, Richard Werly

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