GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Visa retraites contre visa dorés, l’autre bataille thaïlandaise
La législation thaïlandaise est souvent difficile à suivre. Des lois annoncées avec force et fracas sont ensuite retirées. Et des lois débattues au Parlement finissent par s’étioler, puis par disparaître de l’agenda. On pense, en la matière, au projet de loi qui prévoit de libéraliser les casinos et les jeux d’argent dans le royaume, dont personne ne peut dire s’il finira ou non par être voté.
Une guerre des visas est en revanche engagée. Elle oppose, d’un côté, les visas pour les retraités, cibles privilégiées ces dernières années des autorités thaïlandaises, et les visas « dorés », ces sésames réservés aux étrangers les plus riches. Jusque-là, les retraités tenaient la corde avec de sérieux avantages : une population nombreuse, facile à gérer par les autorités, et plutôt bonne pour la réputation de la Thaïlande, ce pays du sourire où il fait bon vieillir. Or voilà que les partisans des visas « dorés » redonnent de la voix. Pour eux, la meilleure cible est celle composée par les plus riches, capables de débourser des centaines de milliers de dollars d’investissement pour sécuriser un visa de résident. Deux Thaïlande s’opposent : celle qui accepte les retraités étrangers des classes moyennes et modestes, souvent bons pour l’économie locale, et celle qui ambitionne de devenir une sorte de réplique des îles paradisiaques des Caraïbes, où les plus grosses fortunes mondiales affluent.
Ce n’est pas aux étrangers, lecteurs de Gavroche, de décider pour le gouvernement thaïlandais. Mais franchement, à force de libéraliser les casinos et de miser sur les plus riches, à quoi joue l’actuelle Première ministre Paetongtarn Shinawatra, dont le parti Pheu Thai dispose d’une forte assise populaire ? Où sont les études qui chiffrent les avantages, pour l’économie du pays, de l’une et l’autre option ? A-t-on interrogé les commerçants, les locaux, bref tous ceux qui commercent au quotidien avec les retraités « farangs » ? La Thaïlande peut rêver de devenir un paradis pour grosses fortunes. Pas sûr que les Thaïlandais, eux, en profitent autant que leurs élites qui adoreraient frayer avec les milliardaires occidentaux…
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