GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Trump rudoie, Macron cajole
Deux images, deux réalités, deux stratégies. La première image nous a été cette semaine fournie par la lettre, tout juste polie, adressée par Donald Trump à S.M. le Roi de Thaïlande pour signifier que son royaume fera bientôt l’objet de nouvelles taxes douanières, faute d’accord commercial (contrairement au Vietnam, qui a mieux négocié). Aucun langage diplomatique. Aucune référence à la longue amitié entre les deux pays. Seul compte, aux yeux de Washington, le rapport de force. Trump rudoie ses partenaires en leur indiquant le futur guichet : commercer avec les États-Unis aura désormais un coût de plus en plus élevé. Et de toute façon, vous n’avez pas le choix…
La seconde image est celle que nous a offerte, à Paris, le traditionnel défilé militaire du 14 juillet avec pour invité d’honneur le président indonésien Prabowo Subianto. Un détachement de l’armée indonésienne au milieu de la parade. Un dîner à l’Élysée au soir de la fête nationale. Une mention de l’Indonésie, point d’ancrage de la stratégie pacifique de la France, dans le discours aux armées prononcé dimanche 13 juillet à l’Hôtel de Brienne. Emmanuel Macron cajole son nouvel allié, avec qui la Commission européenne vient de signer un accord de libre-échange. Le message est clair : le « soft power » n’est plus du côté de l’Amérique de Trump.
Cette stratégie peut-elle payer ? On verra bien. Interrogé à Bruxelles, l’ex-général Prabowo a lui-même reconnu que, malgré tout, les États-Unis demeureront la première puissance mondiale. Le réalisme asiatique s’adaptera. Le câlin diplomatique parisien est flatteur. Mais la réalité des rapports de force l’emportera toujours sur les tapis rouges élyséens.