Cinquième marché automobile mondial, l’ASEAN entre dans une nouvelle phase d’électrification. Mais les dynamiques varient fortement selon les pays et les marques historiques doivent composer avec l’arrivée rapide des constructeurs chinois.
L’Asie du Sud-Est se prépare à une transformation majeure de son marché automobile.
Avec 3,3 millions de véhicules vendus en 2024, la région constitue le cinquième marché mondial, derrière la Chine, les États-Unis, l’Europe et l’Inde. Portée par le Vietnam, les Philippines et l’Indonésie, la croissance annuelle moyenne devrait atteindre 3 % d’ici 2030. À l’inverse, la Thaïlande affiche des perspectives de repli à -1,7 % par an.
En 2024, la part des véhicules électriques (VE), incluant les modèles 100 % électriques et hybrides rechargeables, représentait 7,1 % des ventes. D’ici 2030, ce taux pourrait atteindre 17 %. Le Vietnam, la Thaïlande et Singapour devraient mener cette transition, soutenus par des politiques publiques volontaristes, une offre croissante de modèles, une production régionale en développement et un intérêt accru des consommateurs. Cependant, plusieurs freins subsistent : prix d’achat encore élevés, infrastructures de recharge insuffisantes et part limitée des énergies renouvelables dans le mix énergétique.
Longtemps dominé par les marques japonaises (Toyota, Honda, Mitsubishi), l’espace ASEAN assiste à une montée en puissance rapide des constructeurs chinois.
En 2024, la part de marché des marques nippones est tombée à 50-60 % contre plus de 70 % en 2018. BYD, Chery, Wuling ou encore Great Wall Motor ont rapidement gagné du terrain, s’appuyant sur des prix compétitifs, des implantations locales et une stratégie agressive de déploiement de points de vente.
L’analyse du coût total de possession en Indonésie, menée par les analystes de Bank of America , montre que les véhicules électriques restent plus coûteux à long terme que les modèles thermiques grand public, malgré des prix attractifs chez BYD. Le faible prix de l’essence, la valeur de revente élevée des voitures thermiques et l’absence de subventions limitent encore le basculement. L’atteinte d’un équilibre des coûts avec les modèles populaires type MPV n’est envisagée qu’en 2035.
Parmi les entreprises les mieux positionnées dans cette transition figurent BYD, pour sa croissance mondiale sur le segment électrique, Ayala, distributeur de BYD aux Philippines, GT Capital (GTCAP), fort de la domination de Toyota aux Philippines, et WHA Group, dont les ventes de terrains industriels en Thaïlande profitent directement des investissements dans l’automobile électrique.
Le marché ASEAN de l’automobile évolue rapidement. La transition vers l’électrique s’annonce profonde, mais s’inscrit dans un calendrier différencié selon les pays, les infrastructures et les politiques nationales
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