À compter du 1er août 2025, les États-Unis imposeront un tarif douanier de 36 % sur une large gamme de produits thaïlandais, dans le cadre d’une politique de réciprocité commerciale ciblant 14 pays. Une mesure qui pourrait coûter jusqu’à 0,5 point de pourcentage de PIB à la Thaïlande et pousser la Banque de Thaïlande à un nouvel assouplissement monétaire, accompagné d’un soutien budgétaire ciblé.
Selon les analystes, ce durcissement tarifaire remet en question la compétitivité de plusieurs secteurs clés : électronique, pièces automobiles, caoutchouc et surtout alimentation. Les entreprises thaïlandaises exportant massivement vers les États-Unis, comme Delta Electronics, i-Tail Corporation ou Thai Union Group, pourraient voir leurs bénéfices chuter de 10 à 38 % dès 2025 si les exportations vers le marché américain diminuent de moitié.
Un bras de fer agricole en toile de fond
Washington a ouvert la porte à des ajustements « au cas par cas », à condition que les pays ciblés acceptent d’ouvrir davantage leur marché agricole, automobile et des services, tout en luttant plus fermement contre les pratiques de transbordement. Dans le cas thaïlandais, les exigences américaines portent sur l’accès au maïs, soja, porc, bœuf et produits laitiers. Si une ouverture sur le maïs pourrait réduire le coût des aliments pour bétail – bénéfique pour les chaînes d’approvisionnement comme celle de Charoen Pokphand Foods (CPF) –, elle risquerait en revanche de fragiliser les éleveurs de porcs thaïlandais, exposés à une concurrence américaine agressive.
Un coup dur pour les zones industrielles
Les fournisseurs de zones industrielles WHA Corporation et AMATA Corporation sont eux aussi directement menacés. Le tarif américain de 36 % annule l’avantage compétitif de la Thaïlande par rapport à ses voisins : Vietnam (20 %), Malaisie (24 %) et Indonésie (32 %). Les objectifs de vente de terrains pour 2026 – 900 rai pour WHA et 540 rai pour AMATA – sont désormais à risque.
La Bourse de Bangkok sous tension
Côté marchés, les prévisions de bénéfices pour 2025 ont été revues à la baisse. L’indice SET pourrait évoluer dans une fourchette de 960 à 1 030 points, contre une estimation précédente reposant sur un bénéfice par action (EPS) de 77 bahts. En tenant compte de l’impact tarifaire et d’une éventuelle faiblesse mondiale dans l’énergie, le niveau plancher est désormais estimé à 70 bahts par action. À titre indicatif, chaque baisse d’un baht de l’EPS équivaut à une chute de 11 à 12 points du SET Index.
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