Un revers tarifaire qui inquiète Bangkok. L’administration Trump a rétabli un droit de douane de 36 % sur les importations en provenance de Thaïlande, un taux bien supérieur à ceux appliqués à d’autres pays asiatiques. Cette décision met fin à la période de “pause tarifaire” engagée le 9 avril et entrera en vigueur le 1ᵉʳ août. À partir de cette date, les États-Unis imposeront cette taxe à l’ensemble des produits thaïlandais entrant sur leur marché.
Un tarif bien au-dessus des concurrents régionaux
Ce retour à un taux de 36 % place la Thaïlande dans une situation moins favorable que ses voisins : le Vietnam est frappé à 20 %, la Malaisie à 25 %, l’Indonésie à 25% et la Corée du Sud à 25 %. Aucun des partenaires commerciaux de la région ne subit une taxe aussi élevée. L’annonce, inattendue par les marchés, constitue un coup dur pour Bangkok, dont les exportations vers les États-Unis représentent environ 38 milliards de dollars par an, soit 18 % du total des ventes à l’étranger.
Une absence de bouclier commercial
À la différence de certains pays d’Asie du Sud-Est bénéficiant d’accords de libre-échange bilatéraux ou de relations stratégiques renforcées avec Washington, la Thaïlande aborde cette phase d’incertitude sans filet de sécurité. Les produits les plus touchés sont les composants électroniques, les pièces automobiles, les produits en caoutchouc et l’agroalimentaire transformé. Certains articles restent toutefois exemptés.
Une mesure de pression ?
Les analystes estiment que ce tarif de 36 % ne constitue pas une position définitive, mais plutôt un levier de négociation. Bangkok pourrait être sanctionnée moins pour son excédent commercial que pour son absence d’influence géopolitique dans les priorités stratégiques américaines. Une fenêtre reste ouverte pour d’éventuelles négociations sectorielles ou exemptions partielles.
Un impact tangible sur la croissance
Si la taxe devait rester en vigueur toute l’année, elle pourrait amputer le PIB thaïlandais de 0,5 à 0,6 point de pourcentage, estiment les économistes de Kiatnakin Phatra. Cela représenterait une perte importante pour une économie déjà fragilisée, avec un risque de récession technique au second semestre 2025. Le scénario repose sur une estimation de 30 % de valeur ajoutée domestique dans les exportations vers les États-Unis.
Des exigences encore floues
Washington n’a pas clairement indiqué ce qu’il attend de Bangkok en échange d’un allègement tarifaire. Le rapport 2025 du Bureau du représentant américain au commerce (USTR) pointe notamment du doigt les droits élevés dans l’agriculture, les licences d’importation sur le maïs et le soja, les normes sanitaires sur les produits carnés, ainsi que la protection de la propriété intellectuelle et l’ouverture du secteur des services.
Un dilemme politique et économique
Ce nouvel ultimatum tarifaire place la Thaïlande devant deux choix complexes. D’une part, ouvrir davantage son secteur agricole, très sensible sur le plan politique, en échange d’un maintien de sa compétitivité commerciale. D’autre part, renforcer le contrôle des réexportations en provenance de Chine, au risque de détériorer ses relations avec Pékin.
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