Bien que le poker soit reconnu comme un sport dans le monde entier, en Thaïlande, les efforts visant à dépénaliser ce jeu de cartes s’inscrivent dans un jeu politique plus large lié à des projets de complexes de divertissement.

Le débat a repris de plus belle lorsque le Premier ministre par intérim et ministre de l’Intérieur, Phumtham Wechayachai, a annoncé le 30 juillet 2025 qu’il avait signé un décret pour abroger une directive du ministère de l’Intérieur datant de 1958, ouvrant la voie à des modifications législatives visant à dépénaliser le poker.

Les détracteurs ont rapidement accusé le parti au pouvoir, le Pheu Thai, d’utiliser le poker comme tremplin pour légaliser les casinos, un aspect controversé du projet visant à stimuler l’économie à travers des complexes de divertissement.

Des personnalités du parti Bhumjaithai et d’autres politiciens opposés à l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra ont critiqué cette décision. Ils ont souligné que légaliser le poker était inapproprié alors que la Thaïlande fait face à des tensions accrues avec le Cambodge.

Élever le poker au rang de sport

Le 7 août, Phumtham a défendu sa politique, rappelant que la réglementation actuelle sur le poker existait depuis plus de 67 ans. Les instances sportives internationales reconnaissent le poker comme un sport, et l’association thaïlandaise de poker sportif milite depuis longtemps pour obtenir cette reconnaissance afin de permettre aux joueurs de participer à des tournois internationaux.

Il a expliqué que les modifications législatives permettraient l’organisation de compétitions officielles et qu’un comité de surveillance juridique fonctionne déjà. Il a précisé que cette mesure n’autoriserait pas les jeux d’argent sans restriction.

Au contraire, les autorités provinciales doivent toujours approuver toutes les activités liées au poker, avec l’accord final du directeur général de l’administration provinciale et du secrétaire permanent du ministère de l’Intérieur.

Le débat sur le poker reflète l’opposition aux casinos

Le débat de longue date sur le poker dans la société thaïlandaise reflète la controverse autour des casinos. Les partisans estiment que légaliser le jeu permet de lutter contre les activités illégales et de réduire la corruption policière grâce à une surveillance réglementaire. En mettant au grand jour les activités clandestines, le gouvernement peut percevoir des taxes sur les jeux d’argent et limiter l’influence de groupes puissants.

Les opposants, eux, craignent que la légalisation n’encourage la dépendance et la dégradation sociale. Ils continuent de mener une campagne vigoureuse contre la légalisation.

Le 9 juillet, le gouvernement dirigé par le Pheu Thai a retiré son projet de loi sur les complexes de divertissement, qui incluait des dispositions sur les casinos légaux, après avoir perdu le soutien de la majorité suite au départ du parti Bhumjaithai de la coalition.

Le leader du Bhumjaithai, Anutin Charnvirakul, qui a salué le retrait du projet de loi, a attaqué la Première ministre Paetongtarn Shinawatra, l’accusant d’ignorer les avertissements répétés du président chinois Xi Jinping contre la légalisation des jeux d’argent. Il a affirmé que cette politique avait contribué à une forte baisse du tourisme chinois en Thaïlande. Paetongtarn a riposté en affirmant qu’Anutin avait déformé les faits.

La Thaïlande envisage d’accueillir des tournois mondiaux de poker

Krisada Tanterdthit, secrétaire du ministre du Tourisme et des Sports, a déclaré que le poker constitue un sport stratégique pratiqué par des athlètes internationaux, des célébrités et des hommes d’affaires. Il a souligné que l’Autorité thaïlandaise des sports reconnaît déjà le poker comme un sport officiel et que des démonstrations publiques sensibilisent le public.

Il a ajouté que de nombreux joueurs thaïlandais, bien qu’ils participent déjà à des compétitions internationales, doivent s’entraîner et jouer à l’étranger en raison des restrictions légales dans leur pays. La nouvelle réglementation permettra à la Thaïlande d’accueillir des événements internationaux de poker en tirant parti de ses infrastructures solides.

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