Au cœur du tourbillon politique thaïlandais, Anutin Charnvirakul se positionne comme un acteur incontournable. Ancien vice-Premier ministre et ministre de l’intérieur, il est le leader du parti Bhumjaithai, une formation qui a su s’imposer comme un faiseur de rois dans le paysage politique fragmenté du royaume. Son parcours, fait de pragmatisme et de manœuvres stratégiques, le place aujourd’hui comme le favori au poste de Premier ministre, particulièrement après les récents rebondissements qui ont secoué la scène politique.
Avant de plonger tête la première dans le monde politique, Anutin a bâti une solide réputation dans le secteur privé. Issu d’une famille d’entrepreneurs influents, il a dirigé des entreprises dans le domaine de la construction et des télécommunications.
L’ascension du Bhumjaithai : un partenaire indispensable
Soutenu par l’ancien ministre, chef de clan et milliardaire Newin Chidchob, le parti Bhumjaithai, sous la houlette d’Anutin, a connu une croissance significative, devenant un pivot dans la formation des coalitions gouvernementales. Son succès repose en grande partie sur une stratégie axée sur les questions régionales et les politiques populistes, telles que la promotion du cannabis à des fins médicales et économiques, une initiative qui a largement contribué à sa popularité dans certaines couches de la population. Anutin a su cultiver l’image d’un leader proche des gens, soucieux des préoccupations quotidiennes et capable d’apporter des solutions concrètes.
C’est sans doute durant la pandémie de COVID-19 qu’Anutin Charnvirakul a été le plus exposé aux yeux du public. En tant que ministre de la Santé publique, il a été en première ligne de la réponse du pays à la crise. Malgré les défis immenses et les critiques inévitables, il a supervisé la campagne de vaccination et la mise en œuvre de diverses mesures sanitaires. Cette période a renforcé son image de leader capable de gérer des situations de crise complexes, même si elle a également révélé les failles et les difficultés inhérentes à la gouvernance en temps d’incertitude.
Le candidat au poste de Premier ministre : entre pragmatisme et ambition
Dans le sillage des turbulences politiques récentes, notamment la destitution de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra, Anutin Charnvirakul se positionne comme la principale alternative au poste de Premier ministre. Sa proximité avec le roi SM Rama X, a été soulignée lorsqu’il a récemment accompagné le monarque au Bhoutan.
La destitution de Paetongtarn Shinawatra par la Cour constitutionnelle thaïlandaise a été déclenchée par sa gestion des tensions frontalières avec le Cambodge, notamment la divulgation d’un appel téléphonique privé jugé trop « révérencieux » envers le dirigeant cambodgien Hun Sen. Cet événement, qui a vu le parti d’Anutin quitter la coalition au pouvoir, a mis en lumière la fragilité des alliances politiques et le rôle prépondérant des institutions judiciaires dans la destitution des dirigeants issus de la famille Shinawatra. Anutin a su capitaliser sur cette crise pour se positionner comme le candidat favori des forces conservatrices et d’une partie de l’opposition.
Une course aux alliances et aux coalitions
Le chemin vers le poste suprême est semé d’embûches. La politique thaïlandaise est réputée pour sa volatilité et ses alliances changeantes. Pour accéder au poste de Premier ministre, Anutin doit désormais naviguer avec habileté entre les différentes factions, dont le Parti du peuple (People’s Party) qui a annoncé son soutien à sa candidature.
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