Le président américain Donald Trump a annoncé le 7 juillet une nouvelle série de droits de douane visant 14 pays, dont la Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie. Cette annonce s’accompagne toutefois d’une extension du délai de mise en œuvre jusqu’au 1er août, sauf pour la Chine, laissant encore la porte ouverte à un accord.
Des tarifs au niveau des « jours de libération » pour la Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie
La plupart des pays de l’ASEAN voient leurs nouveaux tarifs se situer au même niveau qu’à la date dite du « Liberation Day » : 36 % pour la Thaïlande, 32 % pour l’Indonésie et 25 % pour la Malaisie (contre 24 % annoncé auparavant). Plusieurs pays ont salué cette prolongation et souhaitent profiter de cette fenêtre pour négocier de meilleures conditions avec Washington. Aucune annonce n’a été faite pour les Philippines et Singapour, signe que les discussions commerciales se poursuivent.
Le Vietnam signe un accord mais reste sous haute vigilance
Le Vietnam a conclu un accord avec les États-Unis avant la fin de la période de suspension de 90 jours, le 2 juillet. Ce compromis prévoit un tarif de base de 20 % sur les importations vietnamiennes, avec un taux majoré à 40 % sur les marchandises réacheminées (transshipments). Ce qui reste inférieur au tarif de 46 % imposé au Vietnam au « Liberation Day ». Le Vietnam a, de son côté, fixé à zéro les droits de douane sur ses importations américaines.
Indonésie et Malaisie en meilleure position au sein de l’ASEAN
Dans la région, l’Indonésie et la Malaisie semblent mieux armées, au cas où les États-Unis décideraient de baisser leurs tarifs pour certains pays. L’Indonésie prépare des protocoles d’accord commerciaux et d’investissements pour 34 milliards de dollars. Elle a déjà signé un contrat pour l’achat de 1,25 milliard de dollars de blé américain sur cinq ans, tout en planifiant l’acquisition de produits énergétiques à hauteur de 15 milliards de dollars. Pour la Malaisie, nos récentes rencontres avec les responsables politiques et diplomates confirment une réception positive des États-Unis à leur approche.
En revanche, la Thaïlande, qui n’a pas de traité de libre-échange bilatéral avec les États-Unis ni d’alignement stratégique, entre dans cette phase d’incertitude tarifaire sans filet de sécurité. Le taux de 36 % annoncé reste toutefois une position tactique dans les négociations, visant à obtenir des concessions. Les Philippines sont restées plutôt discrètes dans ces échanges, tandis que Singapour, seule économie de la région en déficit commercial avec les États-Unis, concentre les discussions sur des tarifs préférentiels dans le secteur pharmaceutique.
Anticipation des exportations et perspectives monétaires
Malgré ces tarifs élevés, les risques pour la croissance sont limités par deux facteurs : d’une part, la prolongation du délai, qui ouvre encore la voie à la négociation diplomatique, et d’autre part, l’anticipation des exportations observée au deuxième trimestre 2025.
Sur le plan monétaire, la Banque de Malaisie (BNM) et la Banque de Thaïlande (BOT) pourraient accélérer ou approfondir leurs baisses de taux face aux inquiétudes économiques. À Singapour (MAS), un choc brutal pourrait inciter à un recentrage à la baisse de la politique monétaire, bien que le seuil d’intervention reste élevé.
En Indonésie (BI) et au Vietnam (SBV), la priorité reste la stabilité monétaire. Pour l’Indonésie, cela implique un calendrier plus étalé et prudent de réductions de taux. Au Vietnam, la persistance d’une pression sur le taux USD-VND, proche de la limite de ±5 %, pourrait conduire à un élargissement exceptionnel de cette bande de fluctuation.
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