Une chronique financière et politique de Sam Rainsy
La seule force capable de freiner Trump : Wall Street
La volonté de Donald Trump de remodeler l’Amérique à son image s’est révélée étonnamment imperméable aux influences extérieures. Au fil des années, il s’est heurté à ses alliés, a provoqué ses rivaux, a ignoré les conseils des experts et défié à la fois l’opinion publique et les conventions politiques. Du lancement de guerres commerciales à la remise en question des accords internationaux, Trump a avancé avec un objectif unique : « Rendre sa grandeur à l’Amérique » — selon ses propres termes.
Ni la Russie, ni la Chine, ni l’Union européenne, pas même ses conseillers les plus proches, ne semblent capables de le faire dévier. Pas même les risques de récession mondiale ou les avertissements des plus grands économistes. Son style de gouvernance repose sur la confrontation et l’imprévisibilité.
Mais il reste une force qu’il ne peut pas se permettre d’ignorer : Wall Street.
Aux États-Unis, la Bourse est bien plus qu’un simple baromètre financier — c’est une institution nationale et un symbole de puissance économique. Elle parle non seulement aux investisseurs, mais aussi aux entreprises, aux caisses de retraite et aux citoyens ordinaires dont les économies y sont liées. Dans un pays où la réussite économique est souvent perçue comme synonyme de réussite nationale individualisée par la réalisation du « rêve américain », Wall Street possède une image mythique et détient un pouvoir unique.
Cela s’est clairement vu le 2 avril, lorsque Trump a intensifié la guerre commerciale avec de nouveaux droits de douane. Les marchés ont immédiatement réagi par une forte baisse, envoyant un message sans ambiguïté. Contrairement aux critiques politiques, les réactions des marchés sont immédiates et mesurables. Elles dépassent la rhétorique et révèlent le coût réel des politiques audacieuses.
Pour un président qui évalue souvent son succès à travers les indicateurs économiques et les records boursiers, ces signaux ont du poids. Trump peut remettre en cause les normes établies, mais il sait qu’il ne peut prétendre restaurer la grandeur de l’Amérique si Wall Street s’effondre.
Au final, ce ne sont peut-être ni la diplomatie, ni la raison, ni les appels à la morale qui influencent ses décisions — mais les marchés. Car en Amérique, et surtout dans l’Amérique de Trump, l’économie est le juge suprême, et Wall Street a toujours le dernier mot.
Sam Rainsy
Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.
