Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
Âgée de 80 ans, l’ancienne Conseillère d’État Aung San Suu Kyi voit son état cardiaque s’aggraver en prison. Son fils, Kim Aris, s’est dit profondément bouleversé, affirmant que les conditions de détention ont sans doute accentué ses problèmes de santé. La prix Nobel de la paix a demandé à consulter un cardiologue externe, sans certitude que cette requête ait été acceptée. Détenue au secret depuis le coup d’État militaire de 2021, elle subit selon son fils un traitement « cruel, menaçant pour la vie et inacceptable », qui motive son appel pressant à sa libération.
Sur les 61 partis enregistrés pour les prochaines élections en Birmanie, seuls neuf présenteront des candidats à l’échelle nationale. Parmi eux figurent l’USDP, le NUP et le Parti du Peuple, formations dirigées par d’anciens généraux ou proches du régime militaire. L’USDP, considéré comme le bras politique de l’armée, est emmené par l’ex-général Khin Yi, allié du chef de la junte Min Aung Hlaing. Ces partis intensifient leur recrutement dans les zones contrôlées par le régime. Le scrutin, annoncé dans les 330 cantons du pays, reste très controversé, alors que 144 sont sous l’autorité de l’opposition et 79 en proie à des conflits permanents.
Min Aung Hlaing, a effectué une visite en Chine, qualifiée de « fructueuse » par le régime. Présent au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Tianjin et au défilé militaire de Pékin marquant le 80ᵉ anniversaire de la victoire sur le Japon, il a rencontré Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi. Selon le porte-parole de la junte, ce déplacement illustre une « reconnaissance internationale » croissante, Pékin ayant réaffirmé son soutien au projet d’élections du régime militaire. Cette invitation est perçue comme un appui diplomatique crucial pour Naypyidaw, isolée par les pays occidentaux.
En visite en Chine, Min Aung Hlaing, a exprimé son souhait de développer un programme spatial, sollicitant l’accès à la technologie satellitaire. Après avoir signé en mars un accord de « coopération spatiale pacifique » avec la Russie, il a créé l’Agence spatiale du Myanmar (MSA). À l’Institut de technologie de Harbin, il a pu observer missiles, roquettes et satellites.
La Force de garde-frontière Karen (BGF), dirigée par Saw Chit Thu, a annoncé son appui au régime militaire pour l’organisation de la première phase des élections nationales, prévue le 28 décembre. Dans un communiqué, elle affirme que ce scrutin pourrait ouvrir la voie à la démocratie et contribuer à la paix et à la sécurité. La BGF s’engage à sécuriser le processus électoral et à garantir une participation équitable des partis politiques. Ce soutien est considéré comme essentiel, notamment dans l’État Karen et le canton de Myawaddy, où l’armée peine à assurer seule la tenue du vote.
En visite en Chine, Min Aung Hlaing a dénoncé le « harcèlement » de la part de « nations puissantes », reprenant un thème cher à Xi Jinping lors du sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). Ciblant les sanctions occidentales imposées depuis le coup d’État de 2021, il a critiqué les « grands pays » qui imposeraient leur modèle démocratique sans tenir compte des réalités locales. Soucieux de contourner l’isolement diplomatique et économique, Min Aung Hlaing cherche à renforcer ses liens avec les blocs menés par la Chine et la Russie. Sa présence au sommet de l’OCS, sur invitation de Xi Jinping, est perçue comme une reconnaissance internationale, et il a affiché son intérêt pour une coopération accrue avec les BRICS et l’Union Économique Eurasiatique.
Le porte-parole du régime birman, Zaw Min Tun, a assuré samedi que Aung San Suu Kyi se portait bien, malgré les inquiétudes exprimées par son fils sur la détérioration de sa santé cardiaque. Selon lui, les informations diffusées par le journal britannique The Independent visaient à saper le voyage en Chine de Min Aung Hlaing.
Min Aung Hlaing a rencontré le Premier ministre indien Narendra Modi en marge du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai à Tianjin. L’entretien a porté sur le renforcement de la coopération bilatérale dans les domaines du commerce, de l’énergie, des terres rares, de la connectivité et de la sécurité.
Économie
Les exportations birmanes de riz et de riz brisé ont dépassé un million de tonnes entre avril et août 2025, pour un chiffre d’affaires de 355 millions USD, selon la Myanmar Rice Federation (MRF). Les exportations se concentrent principalement sur le commerce maritime, avec des volumes limités vers les pays voisins par les frontières terrestres. Pour l’ensemble de l’année fiscale 2025-2026, la fédération vise 3 millions de tonnes, après 2,48 millions de tonnes exportées pour 1,129 milliard USD en 2024-2025. Le ministère du Commerce collabore avec plusieurs associations professionnelles pour atteindre les objectifs mensuels et faciliter les exportations.
L’indice PMI industriel de S&P est repassé en territoire positif en août, à 50,4 contre 49,5 en juillet, traduisant une amélioration du secteur manufacturier. L’emploi connaît sa plus forte progression depuis trois ans, grâce à des embauches à temps plein et à la hausse de la masse salariale. Profitant d’un allègement des coûts, les entreprises ont réduit leurs prix départ usine pour la première fois en cinq ans. Toutefois, la majorité des industriels restent prudents et prévoient une stabilité de la production.
Un programme de prêts concessionnels d’un montant de 700 milliards de kyats (environ 193 millions de dollars) vient d’être lancé pour soutenir la reconstruction en Birmanie. Co-financé par le Fonds national de gestion des catastrophes naturelles (500 milliards MMK) et le Fonds de stabilisation des marchés de la Banque centrale (200 milliards MMK), il vise à financer la réhabilitation des habitations et bâtiments, le fonds de roulement des PME, les investissements productifs, l’énergie renouvelable ainsi que la restructuration des grandes entreprises. Des prêts temporaires sont également prévus pour les sociétés impliquées dans la reconstruction des infrastructures publiques. Plusieurs établissements bancaires locaux, dont AYA Bank, uab Bank et Yoma Bank, participent au dispositif.
Les échanges commerciaux entre la Birmanie et la Thaïlande ont reculé de 24,9 % au premier semestre 2025, pour atteindre 3,3 milliards USD. Les importations thaïlandaises depuis la Birmanie ont diminué de 16,3 % (2,0 Md USD), tandis que les exportations birmanes vers la Thaïlande ont chuté de 35 % (1,3 Md USD). Les ventes de gaz birman, notamment issues du champ de Yetagun en fin de cycle, ont reculé de 17,9 % à 0,9 Md USD.
La Banque centrale de Birmanie (CBM) a poursuivi début septembre ses interventions sur le marché des devises, vendant plusieurs millions de dollars aux importateurs d’huile comestible et de fuel, ainsi qu’aux entreprises sous-traitantes en confection et conditionnement et à celles effectuant des paiements non commerciaux. Elle a également injecté des yuans et des bahts pour soutenir la liquidité. Ces mesures font suite à des opérations similaires menées en août, totalisant plus de 32 millions USD injectés via ces entreprises sous-traitantes.
Société/Répression/Conflit
L’armée birmane a nommé le colonel Banyar Win pour superviser une offensive renforcée sur l’autoroute asiatique près de Kawkareik, visant à reprendre la route Kawkareik-Myawaddy. Plus de 1 000 soldats, chars et lance-roquettes sont engagés, avec un soutien aérien, tandis que les attaques de drones de la KNLA et des PDF entravent les réparations d’un pont stratégique, contraignant la fermeture du pont de l’amitié Birmanie-Thaïlande. L’offensive, lancée dans le cadre d’une campagne de 90 jours début août, se heurte à une résistance féroce à moins de quatre mois des élections du 28 décembre.
Le régime birman a lancé une contre-offensive dans le canton de Waingmaw, État de Kachin, où d’intenses combats opposent ses forces à l’Armée pour l’indépendance de Kachin (KIA), notamment autour du village de Lamyang depuis le 27 août. L’armée tente de sécuriser l’accès à des zones stratégiques comme le centre d’extraction de terres rares de Chipwi, le centre commercial frontalier de Kanpiketi et la route Myitkyina-Bhamo. Les affrontements ont causé la mort d’une fillette de 8 ans et blessé cinq civils. Malgré l’envoi de 300 soldats supplémentaires, un analyste local estime que le régime aurait du mal à progresser davantage. Depuis décembre, la KIA a déjà repris la plupart des camps militaires dans la région.
Le régime militaire birman a regagné le contrôle d’un avant-poste stratégique situé près de l’usine d’armement n°24, dans la région de Magwe, après l’avoir repris aux forces de résistance. Cet avant-poste, appelé Pone Taung Alel Nat Htiek, est considéré comme la porte d’entrée de la région de Yaw et revêt une importance cruciale pour les deux camps.
La Shan Human Rights Foundation (SHRF) alerte sur la multiplication de 19 nouvelles mines de terres rares dans l’est de l’État Shan, gérées par des Chinois, qui menacent gravement l’environnement et la santé locale. Les eaux contaminées s’écoulent dans la rivière Lwe, affluent du Mékong, et l’extraction par lixiviation in situ dégrade sols, forêts et nappes phréatiques. Début 2021, seules trois mines existaient dans la région ; 16 sont désormais en activité, principalement près de la frontière chinoise dans une zone sous contrôle de l’Armée de l’Alliance Démocratique Nationale (NDAA). Des études montrent déjà des maladies liées à la contamination chimique parmi les habitants.
La Karen National Union (KNU) a annoncé que ses forces, avec des alliés, ont capturé ce matin le camp militaire de Tamin Ma Sar dans le township de Leimular, région de Tanintharyi. Le camp abritait plus de 40 soldats des 280ᵉ et 309ᵉ bataillons ainsi que de la 12ᵉ académie militaire. L’attaque a été menée par le bataillon KNDO (7), les compagnies (2) et (5), les forces spéciales de la KNLA, la Palaw Pyae People’s Defense Force et les Revolutionary Joint Forces, qui ont également saisi des armes.
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