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Rassurez-vous d’emblée : je n’ai pas l’intention de piquer ce beau titre à son auteur. «Les ingénieurs du chaos» est un essai remarquable de notre cher essayiste helvète Giuliano da Empoli, sur les manœuvres des populistes pour s’emparer du pouvoir en Europe. Je me suis juste demandé, en écoutant ce lundi 8 septembre l’ultime discours de François Bayrou à l’Assemblée nationale et le résultat de son vote de défiance (364 députés contre sur 577), si d’autres dangereux ingénieurs ne sont pas aux manettes de la France. Je résume :
– Un président de la République artificier qui, depuis sa réélection en 2022, veut continuer de dicter sa loi sans majorité à l’Assemblée.
– Des chefs de partis tous centrés sur la prochaine présidentielle de 2027, donc peu enclins au moindre compromis.
– Une droite et une gauche radicales convaincues qu’elles l’emporteront demain dans les urnes, avec le soutien de la rue. D’où leur demande de dissolution de l’Assemblée nationale, couplée d’une démission présidentielle.
– Des Français désabusés pour qui l’argent public, de toute façon, continuera de tomber du ciel malgré 3 415 milliards d’euros de dette. A la veille d’une journée de blocage social le 10 septembre.
Voilà, en quelques lignes, l’état de la République laissée derrière lui par un Premier ministre centriste qui, au lieu de travailler à un contrat négocié de grande coalition, a préféré rejouer la fameuse partition « Moi ou le chaos ».
Sauf que François Bayrou, en revendiquant avoir voulu « cette épreuve de vérité », n’a finalement fait bouger aucune ligne. Lui qui voulait tant diriger le gouvernement s’est transformé en oracle ravi de sa temporaire surexposition médiatique. Avec sans doute (et oui, nous sommes en France), l’idée de repartir pour une quatrième campagne présidentielle en 2027.
Ils sont bel et bien les « ingénieurs du chaos » français. Et je l’avoue volontiers, je finis par croire qu’ils sont en passe de l’emporter !
Bonne lecture, avec les sans culottes
(Pour débattre : richard.werly@ringier.ch)
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