London Escorts sunderland escorts
Home Accueil GAVROCHE – ÉDITORIAL : La guerre et le brouillard khméro-thaïlandais

GAVROCHE – ÉDITORIAL : La guerre et le brouillard khméro-thaïlandais

Date de publication : 11/12/2025
0

 

Une guerre n’est jamais le résultat d’une seule cause. Et ceux qui la déclenchent espèrent en général, par les combats, faire oublier d’autres sujets ou consolider leur soif de pouvoir. Ces deux règles valent, en cette mi-décembre 2025, pour le conflit frontalier entre le Cambodge et la Thaïlande. Des deux côtés, des forces de l’ombre s’activent pour empêcher qu’une paix durable émerge. L’histoire et le tracé des frontières servent de prétexte. Nous sommes tous, ces dernières semaines, perdus dans le brouillard khméro-thaïlandais.

 

À ce stade, et pour tenter justement de dissiper cette brume épaisse faite d’intérêts privés, de fiertés nationales, de mensonges politiques et de réelles pertes humaines et militaires, trois questions se posent. Et notre rôle, à Gavroche, média francophone enraciné dans la région et basé à Bangkok depuis plus de trente ans, est de les poser.

 

Question 1 : Quels sont les buts de guerre ?

 

S’agit-il d’une remise en cause des frontières existantes ? D’une punition infligée, par militaires interposés, à la partie d’en face ? D’une escalade meurtrière destinée à masquer des scandales impliquant, de chaque côté de la frontière, des personnalités hier associées ? À ce stade, le plus évident est que le royaume de Thaïlande entend démontrer sa force à son voisin cambodgien, quitte à mettre en péril des centaines de milliers de frontaliers. Il en va, pour Bangkok, de la place du pays dans cette partie du monde convoitée, entre autres, par la Chine. Désignons cela comme le but de guerre géopolitique. Il semble bel et bien au rendez-vous.

 

Question 2 : Jusqu’où ira ce conflit ?

 

A priori, il ne s’agit pas d’une guerre totale. Aussi meurtrières soient-elles — et dommageables pour le patrimoine, en particulier les temples khmers — les frappes ne dépasseront pas la zone frontalière. Mais l’emploi de la force aérienne, du côté thaïlandais, laisse tout de même présager une volonté d’escalade. Ou, en tout cas, une volonté d’obtenir une victoire sans appel. Peut-on imaginer que les autorités cambodgiennes resteront sans réagir ? Ne risque-t-on pas des manifestations de masse contre les intérêts thaïlandais, qui pourraient alors dégénérer ? On peut aussi s’interroger sur la pose de mines antipersonnels par les militaires cambodgiens. Leurs propres décennies de guerre les ont rendus maîtres en la matière. Dans cette zone grise de la guerre, une seule réponse s’impose : ce type d’engrenage peut toujours déraper.

 

Question 3 : Les touristes et les étrangers peuvent-ils dormir tranquilles ?

 

Non. Cette réponse peut sembler exagérée au vu du calme qui continue de régner à Phnom Penh, à Siem Reap ou à Bangkok. Mais une guerre oblige à prendre parti, et elle augmente l’intensité de la propagande. La difficulté, pour les ressortissants étrangers, est donc de se situer dans cet affrontement qui est aussi médiatique. Les compagnies aériennes sont aussi, souvent, les premières à tirer les conséquences de la dégradation des conditions sécuritaires. Faire comme si de rien n’était n’est pas une solution. Le risque collatéral est de voir les étrangers basés au Cambodge et ceux basés en Thaïlande s’approprier les refrains nationalistes des deux pays. Un syndrome qu’il faut à tout prix éviter.

 

Chaque semaine, recevez notre lettre d’informations Gavroche Hebdo. Inscrivez-vous en cliquant ici.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Les plus lus