Le dernier rapport de GEMs FI Strategy & Economics dresse un tableau contrasté de la conjoncture indonésienne. Alors que le pays a vu son excédent commercial chuter de manière spectaculaire au mois d’avril, l’annulation de mesures de soutien aux ménages a conduit les analystes à revoir légèrement à la hausse leurs prévisions d’inflation pour 2025.
L’excédent commercial de l’Indonésie est passé de 4,4 milliards de dollars en mars à seulement 159 millions de dollars en avril, bien en-deçà des attentes des économistes, qui tablaient sur un chiffre proche de 2,8 milliards.
Plusieurs facteurs ponctuels expliquent ce recul. D’abord, les importations d’or ont explosé, atteignant un sommet historique de 1,36 milliard de dollars en avril, contre environ 600 millions en mars. Cette hausse provient principalement de Hong Kong et d’Australie, mais aussi de Singapour, du Japon, des Émirats arabes unis et de la Chine.
Dans le même temps, les importations de machines et d’équipements électroniques ont également bondi, atteignant elles aussi un niveau record de 5,6 milliards de dollars. Il s’agirait, selon les analystes, d’un effet d’anticipation lié à une suspension temporaire de certains droits de douane.
Par ailleurs, les exportations d’huile de palme, qui représentent une part importante du commerce extérieur indonésien, ont connu un repli saisonnier. Elles sont passées de 3 milliards de dollars en février-mars à 1,8 milliard en avril, sous l’effet d’une hausse de la demande intérieure et d’une production réduite durant la période du Ramadan. Enfin, les exportations vers les États-Unis sont revenues à la normale après avoir été exceptionnellement élevées au premier trimestre en raison de commandes anticipées. En avril, elles sont retombées à 2,1 milliards de dollars, soit leur moyenne sur les douze mois précédents.
Si ces facteurs sont en grande partie temporaires, le contexte macroéconomique incite à la prudence. Les commandes manufacturières affichent un net recul, avec un indice PMI passé de 53,4 au premier trimestre à 45,5 en avril, puis 44,2 en mai – un déclin plus marqué qu’ailleurs dans la région. Dans ce contexte, les économistes anticipent un excédent commercial mensuel autour de 2 milliards de dollars au second semestre, contre une moyenne de 2,6 milliards en 2024 et 3,6 milliards au premier trimestre 2025.
Autre annonce notable : le gouvernement a renoncé à son projet de réduction de 50 % des factures d’électricité pour les mois de juin et juillet.
Ces fonds seront redirigés vers une aide directe sous forme de subvention salariale, dans le cadre d’un plan de relance global estimé à 25 000 milliards de roupies (environ 0,1 % du PIB). Ce changement de cap pousse les économistes à revoir leur prévision d’inflation à la hausse. L’inflation annuelle, ressortie en mai à 1,6 % (en deçà des 1,9 % attendus), devrait désormais atteindre 1,8 % en 2025 et 2,5 % en 2026, contre respectivement 1,5 % et 2,9 % auparavant.
Si la forte baisse du solde commercial en avril paraît conjoncturelle, les signes de ralentissement dans l’industrie indonésienne incitent à la prudence. La dynamique inflationniste reste contenue, mais l’abandon de certaines mesures de soutien aux ménages pourrait en modifier l’évolution. Le second semestre 2025 s’impose ainsi comme une période charnière pour jauger la capacité de l’économie indonésienne à résister à ces vents contraires.
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Excellent travail , j’aimerai bien votre façon d’explication et comment vous dirigez les informations vers nous merci bien et bonne continuation