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L’Asie-Pacifique, nouveau centre du monde

Date de publication : 15/12/2025
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L'Asie-Pacifique nouveau centre du monde

 

Un ouvrage de référence sur le rôle stratégique de la zone Asie-Pacifique, à travers une chronique géopolitique signée Ioan Voicu, ancien ambassadeur de Roumanie en Thaïlande.

 

La monographie intitulée L’Asie-Pacifique, nouveau centre du monde (320 pages – Ed Odile Jacob), signée en 2025 par Sophie Boisseau du Rocher et Christian Lechervy et publiée à Paris aux éditions Odile Jacob, a la chance d’être reconnue comme une recherche fondamentale en la matière dans l’ensemble du monde francophone. Les raisons sont tout à fait convaincantes.

 

Qui sont les auteurs ?

 

La première, Sophie Boisseau du Rocher, est spécialiste de l’Asie du Sud-Est. Elle a été maîtresse de conférences à Sciences Po Paris et chercheuse au centre Asie de l’IFRI (Institut français des relations internationales).

 

Le deuxième auteur, Christian Lechervy, a été ambassadeur de France en Birmanie (2018-2023) et au Turkménistan (2006-2010). Il est également conseiller auprès du programme Océanie du centre Asie de l’IFRI. De 2014 à 2018, il a été secrétaire permanent pour le Pacifique, ambassadeur de France auprès de la Communauté du Pacifique (CPS) et du Programme régional océanien pour l’environnement (PROE).

 

Mais qu’en est-il du contenu de cette monographie ?

 

En effet, la question formulée ainsi : « L’Asie-Pacifique va-t-elle devenir le nouveau centre du monde ? » se pose sur tous les continents. Les raisons de la popularité de cette question sont considérables. Les statistiques indiquent qu’en 2025, l’Asie-Pacifique a produit 60 % du PIB mondial et 66 % de la croissance mondiale. Cette montée en puissance, loin de se limiter à la Chine, concerne l’ensemble de la région.

 

C’est une réalité indéniable. Tel est le cas de la zone Asie-Pacifique et, comme l’affirment les auteurs : « Forte de ses atouts – sa position à la charnière des océans Indien et Pacifique, son savoir-faire dans la gestion des flux extérieurs, ses compétences, sa force de travail –, l’Asie-Pacifique teste, ébranle, défie notre positionnement, notre capacité d’influence et nos prétentions universalistes. Alors que le modèle américain se fissure et que la guerre gronde aux portes de l’Europe, l’Asie-Pacifique tisse un maillage dense et actif qui protège ses membres. C’est d’elle aussi que sont lancées les initiatives les plus réfléchies pour désoccidentaliser l’ordre mondial et créer éventuellement un effet d’entraînement dans le « Sud global ». »

 

L’ouvrage ne se limite pas à décrire les faits et pose avec force la question incontournable : « Quelles seront les conséquences pour l’Europe ? L’Asie-Pacifique deviendra-t-elle le nouveau modèle post-occidental ? »

 

Les réponses apportées par cet ouvrage, « passionnant et très informé par l’expérience “terrain” de ses auteurs », comme le souligne sa présentation officielle, représentent une invitation convaincante à réfléchir sérieusement sur l’avenir potentiel d’une zone essentielle de notre planète. Comme il s’agit d’un ouvrage pédagogique et accessible à tous, il a été couronné par le Prix du livre géopolitique.

 

L’existence et la diffusion en France du livre étudié n’ont pas échappé aux grands quotidiens français.

 

Une question fréquemment posée dans de nombreux pays est : « Assistons-nous à une remise en cause de l’ordre mondial dont l’Occident a été le creuset ? » Sophie Boisseau du Rocher et Christian Lechervy estiment : « C’est à la fois une remise à plat d’un ordre occidental perçu comme déclinant et rétif à la post-modernité, et la proposition d’un ordre alternatif. La question de fond maintenant est de savoir à quoi pourrait ressembler un monde qui s’inspirerait du modèle et des valeurs d’Asie. À ce stade, le plus important est de faire la distinction entre un ordre chinois et un ordre asiatique : l’arbre chinois, même central – voire dominant –, doit composer avec la forêt asiatique. »

 

Dans ce contexte, il est naturel de multiplier les questions et de se demander : « Ce nouveau modèle asiatique fait-il l’impasse sur les droits de l’homme ? »

 

La réponse est nuancée : « Les pays asiatiques nous reprochent régulièrement nos doubles standards et bousculent nos certitudes. Nous avons longtemps affiché dans le monde une assurance, voire une arrogance, qu’on nous reproche aujourd’hui. Ces pays, et pas seulement la Chine, n’entendent plus nos injonctions “à démocratiser”. Nos valeurs démocratiques sont prises à revers. Les déficiences et errements des démocraties occidentales constituent à leurs yeux des contre-exemples effrayants. Sur le fond, plutôt que d’approfondir les antagonismes et d’opposer les droits de l’homme à l’intérêt collectif, il semble plus intéressant de travailler ensemble sur les convergences. »

 

Il existe également une question urgente : « La zone Asie-Pacifique doit-elle s’attendre à ce que les États-Unis de Donald Trump fassent de l’Asie une priorité ? »

 

À ce sujet, Sophie Boisseau du Rocher déclare : « Effectivement, on voit déjà cela lorsque JD Vance sermonne les Européens à Munich en disant : “L’Europe nous intéresse beaucoup moins, débrouillez-vous maintenant. Nous, notre vrai défi, il se trouve en Asie-Pacifique, et donc nous devons concentrer nos ressources, nos moyens, nos capacités sur ce théâtre.” Ce constat illustre bien l’importance de l’Asie-Pacifique, nouveau centre du monde, comme nous avons intitulé notre ouvrage. »

 

À la fin de 2025, alors que le monde assiste à la continuation d’une ère caractérisée par des vulnérabilités, des perplexités et des discontinuités mondiales, une question cardinale attend une réponse rationnelle : « Jusqu’à quel point l’Asie-Pacifique peut-elle s’accommoder de la montée en puissance de la Chine, qui peut apparaître comme une menace ? »

 

Dans une interview à la publication Asialyst en février 2025, Sophie Boisseau du Rocher précise : « La Chine prétend à la fois à une diplomatie de grande puissance, qui aspire à concurrencer directement la première puissance mondiale, les États-Unis, et à une diplomatie mondiale mais aussi régionale. Car si les partenaires asiatiques de la Chine contestent son leadership en Asie, Pékin serait beaucoup moins crédible sur la scène mondiale. Nous y observons donc des jeux de coopération, de négociation et de transaction qui répondent beaucoup mieux à la culture diplomatique traditionnelle de l’Asie-Pacifique avant l’arrivée des Européens et de la colonisation. Dans notre livre, nous mettons en lumière cette recherche de cohésion que l’Asie-Pacifique avait perdue sous les coups de boutoir de la colonisation et d’une guerre froidement abrasive. Cette cohérence se base sur de multiples facteurs, dont un dynamisme économique et un modèle de développement similaire décliné sur l’ensemble de la région. Depuis l’émergence économique foudroyante à partir des années soixante du Japon puis des “Quatre tigres asiatiques” (Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong et Singapour), le dynamisme économique régional s’est poursuivi avec d’autres pays émergents : Malaisie, Thaïlande, Indonésie, Vietnam, Philippines et, évidemment, la Chine. »

 

Sophie Boisseau du Rocher, chercheuse réputée, telle que décrite par le magazine Gavroche à Bangkok, vient de publier un article dans la revue Politique étrangère de l’IFRI. Gavroche a réédité cette introduction dans un de ses récents numéros, texte que nous résumons ci-dessous.

 

Sous le titre prometteur « L’Asie du Sud-Est entre Chine et États-Unis : la stratégie du non-choix ? », sous-titre « Un jeu d’équilibre subtil entre deux puissances », Sophie Boisseau du Rocher développe les idées suivantes : « On lit souvent que, très sollicités pour leur localisation et leur potentiel, les pays d’Asie du Sud-Est (ASE) louvoient entre deux grandes puissances, la Chine et les États-Unis, proches de la première pour des raisons économiques et de la seconde pour leur sécurité. La réalité est cependant plus complexe et nuancée. Les pays d’ASE ont cherché à ne pas prendre parti pour l’une ou l’autre puissance ; leur capacité à tirer le meilleur bénéfice possible de leurs relations bilatérales a été l’une des clés de leur réussite économique et de leur stabilité. En réalité, ils ont jusqu’ici été les grands bénéficiaires de la rivalité sino-américaine. »

 

Dans la période actuelle, où le multilatéralisme représenté par le système des Nations Unies est en crise, que dire d’« un choix assumé du multilatéralisme » ?

 

Selon Sophie Boisseau du Rocher : « Les États de la région ont réussi à tirer parti de la mondialisation et des liens qu’ils ont tissés non seulement avec la Chine et les États-Unis, mais aussi avec d’autres partenaires majeurs : le Japon, les pays européens, et, dans une moindre mesure, l’Australie, la Corée du Sud et l’Inde.
Le secret de leur succès économique réside dans leur positionnement en faveur de l’ouverture et du multilatéralisme, ainsi que dans leur intégration dans les chaînes de valeur mondiales. Ce choix du multilatéralisme se manifeste également sur le plan diplomatique. Leur appareil, déjà illustré pendant la guerre froide, pourrait se résumer ainsi : “Ne nous demandez pas de choisir.” Plutôt que de se tourner précipitamment vers le grand voisin chinois, les pays d’Asie du Sud-Est pourraient choisir de multiplier leurs options et d’élargir leur palette de partenaires. Cette stratégie viserait à maintenir leur marge d’autonomie, éviter une dépendance trop forte à l’égard d’une seule puissance et conserver une position d’équilibre dans un environnement stratégique de plus en plus polarisé. »

 

On peut pleinement adhérer à cette conclusion rédigée avec finesse. Tout en appréciant la grande qualité du livre L’Asie-Pacifique, nouveau centre du monde, les lecteurs pourraient se demander pourquoi ses auteurs n’utilisent pas la définition de l’ONU de la zone géographique qu’ils étudient.

 

En 2025, la CESAP (Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique) comprend 53 États membres et 9 membres associés de la région Asie-Pacifique, travaillant ensemble pour favoriser la coopération régionale, mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et résoudre des problèmes urgents tels que le changement climatique, la pauvreté, les inégalités et la transformation numérique, en mettant l’accent sur le soutien aux pays vulnérables.

 

Peut-être qu’une future édition prendra en compte cet aspect diplomatique, politique et territorial important.

 

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