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Yusaku au crépuscule

Date de publication : 21/04/2025
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Yusaku au crépuscule

 

Du manga aux fourneaux, dans le Tokyo nocturne, une chronique culinaire et sociétale de François Guilbert

 

Depuis 2017, le public français a appris à connaître le mangaka Yaro Abe. Les quatorze volumes de sa série en cours, La cantine de minuit, a su conquérir un large public. L’engouement pour ses personnages, le Japon et sa cuisine ont entraîné la publication d’un volume intégralement consacré aux recettes de la gargote du quartier de Shinjuku où se déroulent les histoires du dessinateur sexagénaire.

 

Surfant sur ce succès éditorial porté jusqu’au petit écran, le chroniqueur de la vie nocturne de Tokyo a extrait l’un de ses personnages fréquentant l’izakaya où se prépare des plats à la demande pour suivre les tribulations gastronomiques d’un acteur célibataire et solitaire. Celui-ci observe sa voisine dans un train se délecter d’un plateau shaomai. Il s’attable dans un restaurant de nouilles soba. Il se joint à une française de passage amatrice de saké. Il se rend dans un restaurant occidental. Il se met au comptoir d’une échoppe de grillades. Mais dans tous les cas de figure, on s’éloigne rarement de la mégalopole capitale si ce n’est pour de courtes escapades à la source thermale de Nanazawa ou encore à Enoshima dans la baie de Sagami.

 

A chacune des vingt-neuf saynètes, les papilles sont sur le qui-vive, l’œil malicieux et le coude bien levé, notamment pour se désaltérer d’une bonne bière bien franche. Ici, on n’hésite pas à commander des plats qui poussent à boire. Cependant, le gourmet n’hésite pas à choisir son plat à l’aune de ce que consomment ses voisins de la table d’à côté. Seul, avec son fils, un ami ou une inconnue, le visage de monsieur Yusaku est rayonnant. Le quinqua désabusé, sans âme sœur reprend vie manifestement à mesure que l’appétit est satisfait.

 

Les assiettes sont dépeintes par les ingrédients qui les composent et non leur processus d’élaboration. En solo ou en bonne compagnie, tout est bon pour se réjouir. Les histoires sont troussées en quatre, cinq pages maximums. Elles sont donc deux fois moins longues que dans la série La cantine de minuit. Les contenus sont par conséquents légèrement différents. Les personnages sont moins complexes mais la place accordée à l’alimentation et aux sens émoustillés qu’elle génère en est devenu plus que centrale.

 

Pour autant, les producteurs d’émotions que sont les talentueux tenanciers d’estaminets ne dont pas oubliés qu’ils proposent un grondin à la sauce soja, une marmite de viande de cheval, du porc au gingembre ou un balaou du Japon (sanma). Toutefois on peut aimer se faire plaisir dans un bouiboui ou un établissement haut de gamme sans pour autant dédaigner tirer partie dans sa cuisine d’un filet de bonite en tataki (mi-cuit) envoyé par un ami attentionné. Par bonheur pour ses lecteurs, Yara Abe a de la ressource et nombre de plats totems à proposer, rappelant l’enfance, parties sportives et soirées bien arrosées !

 

Yaro Abe : Yusaku au crépuscule, Le Lézard Noir, 2025, 135 p, 14€

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