La Thaïlande revoit ses ambitions économiques à la baisse. La croissance du PIB attendue pour 2025 est désormais estimée à 1,7 %, contre 2,3 % précédemment. Cette révision reflète une conjoncture moins favorable qu’anticipée, dans la lignée des signaux prudents émis dès le deuxième trimestre.
La faiblesse persistante de la consommation intérieure et les incertitudes qui pèsent sur le commerce mondial en sont les principaux moteurs. Une situation qui pourrait éroder les bénéfices des entreprises, notamment celles tournées vers l’export.
Une croissance sous contrainte
La révision à la baisse de 0,6 point de pourcentage repose en grande partie sur l’hypothèse du maintien par les États-Unis d’un tarif douanier de 10 % sur les importations mondiales — hors Chine — après une suspension provisoire de 90 jours. Dans ce scénario, les exportations thaïlandaises seraient en première ligne, contribuant à elles seules à une baisse de -0,35 à -0,6 point du PIB.
À ces vents contraires s’ajoutent des faiblesses structurelles internes. La consommation privée et l’investissement peinent à se redresser, tandis que plusieurs secteurs industriels montrent des signes de ralentissement, alimentant un climat économique peu propice à la reprise.
Des bénéfices attendus en repli, sans effondrement
Pour les marchés financiers, la révision macroéconomique laisse entrevoir une baisse d’environ 13 % des bénéfices en 2025 pour les entreprises cotées représentant 70 % de la capitalisation du SET, la Bourse thaïlandaise. Tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne : les valeurs défensives — télécommunications, santé — devraient mieux résister, alors que les matériaux de construction et les zones industrielles pourraient enregistrer des replis allant jusqu’à 30 %.
Malgré ces perspectives ternies, les analystes n’anticipent pas de choc brutal sur les marchés. La valorisation du SET, déjà fondée sur des hypothèses conservatrices, ne devrait pas être profondément remise en cause par la seule baisse des bénéfices. Les principaux risques résident ailleurs : dans un changement de perception des investisseurs, qui pourraient se montrer plus frileux face au contexte global. Une révision à la baisse des valorisations — c’est-à-dire du prix que les marchés sont prêts à payer pour chaque baht de bénéfice — ou une hausse de la prime de risque exigée pour investir dans les actions thaïlandaises, pourraient peser davantage sur les cours que les résultats eux-mêmes.
Une trajectoire encore incertaine
Dans un environnement mondial marqué par des tensions tarifaires persistantes sur les droits de douane et un climat géopolitique instable, l’économie thaïlandaise reste vulnérable à des facteurs exogènes. Mais les observateurs privilégient pour l’heure un ajustement progressif plutôt qu’un choc brutal. La question n’est plus tant de savoir si la croissance ralentit, mais à quel rythme — et dans quelle mesure les entreprises et les marchés sauront s’y adapter.
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