Depuis quelques années, la Malaisie – et plus précisément Johor, juste de l’autre côté de la frontière avec Singapour – est devenue le plan B des géants du numérique. Quand la cité-État sature, les investisseurs franchissent le détroit pour bâtir des centres de données. Résultat : une explosion des projets, pour atteindre une capacité planifiée de 5,7 GW selon le cabinet DC Byte. Mais l’élan s’essouffle : les autorités malaisiennes imposent désormais plus de conditions et ralentissent l’arrivée de nouveaux acteurs.
Et c’est là que la Thaïlande entre dans le jeu. En 2024, Bangkok a vu sa capacité en centres de données bondir de 1,7 GW en un an pour atteindre 2,6 GW. Une croissance fulgurante qui place la capitale dans la course pour devenir un nouveau hub numérique régional.
L’intelligence artificielle, un accélérateur de demande
Aujourd’hui, l’IA ne pèse encore que 4 à 8 % de la capacité opérationnelle en Asie-Pacifique (hors Chine). Mais son potentiel est immense : d’après DC Byte, dans un marché comme la Thaïlande, jusqu’à 30 % des nouveaux besoins en centres de données pourraient être liés à l’IA.
Pour les entreprises, l’équation reste simple : l’IA consomme énormément d’électricité et de puissance de calcul. Alors, pourquoi ne pas installer ses serveurs dans des pays où l’énergie est moins chère et l’espace disponible, plutôt que de payer le prix fort à Singapour ? C’est exactement ce qui joue en faveur de Bangkok.
Télécoms et nouveaux services : l’effet levier
Les opérateurs télécoms ne comptent pas rester spectateurs. Grâce à leur réseau, ils sont bien placés pour développer des edge data centers – ces infrastructures locales qui rapprochent la donnée de l’utilisateur et réduisent les temps de latence.
Autre piste en plein essor : le GPU-as-a-Service (GPUaaS). Plutôt que d’investir dans des cartes graphiques hors de prix, les entreprises pourront louer à la demande de la puissance de calcul pour leurs projets d’IA. Des géants comme Singtel testent déjà le modèle, et McKinsey estime que ce marché pourrait peser entre 35 et 70 milliards de dollars d’ici 2030.
Bangkok, futur carrefour numérique ?
Avec une position géographique centrale en Asie du Sud-Est, un marché domestique dynamique et l’appétit des géants de la tech, la Thaïlande a une carte à jouer. Si Johor reste un poids lourd, Bangkok pourrait bien devenir la surprise régionale, profitant à la fois du ralentissement malaisien et de la vague mondiale de l’intelligence artificielle.
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