La croissance thaïlandaise semble avoir atteint un pic temporaire au premier semestre 2025, mais les perspectives pour la fin d’année et 2026 restent assombries par un affaiblissement attendu de la demande intérieure, le ralentissement du tourisme et les incertitudes commerciales internationales.

Prévisions de croissance revues à la hausse

Le PIB thaïlandais a progressé de 2,8 % sur un an au deuxième trimestre 2025, dépassant les anticipations de 2,2 %. Cette performance a permis de porter la croissance semestrielle à 3,0 %. En conséquence, la prévision de croissance annuelle pour 2025 a été relevée à 1,9 % (contre 1,6 % précédemment) et celle de 2026 à 1,7 % (contre 1,5 %). Ces révisions s’expliquent principalement par des facteurs ponctuels : une anticipation des exportations avant l’entrée en vigueur de nouveaux droits de douane, la montée en puissance de la production de véhicules électriques soutenue par des subventions fiscales, ainsi qu’un environnement mondial un peu plus favorable.

Tourisme en panne et consommation fragile

Le secteur touristique, traditionnel moteur de l’économie, marque le pas. Les arrivées en provenance de Chine restent en berne, freinées par des inquiétudes sécuritaires persistantes. La consommation intérieure souffre, elle aussi, d’un désendettement forcé des ménages et d’une contraction du crédit, ce qui pèse sur les achats de biens durables. L’hôtellerie et la restauration, qui avaient bénéficié d’un fort rebond post-Covid, voient désormais leur dynamique ralentir.

Commerce extérieur : un soutien de courte durée

La Thaïlande a négocié un tarif douanier réciproque de 19 %, en ligne avec ses voisins régionaux. Si les exportations ont été dopées au premier semestre par des livraisons anticipées, la tendance devrait s’inverser avec la montée en charge des nouveaux droits. Environ un tiers des exportations restent toutefois exemptées, limitant le taux effectif à 12-13 %. Reste que l’essoufflement des volumes et la pression sur les marges risquent de peser sur le PIB et sur les bénéfices des entreprises exportatrices.

Le risque des transbordements

Un point d’incertitude majeur concerne l’imposition par les États-Unis d’un tarif de 40 % sur les biens « transbordés ». Les critères exacts de cette requalification, au titre du cadre RVC, restent flous, alors que les chaînes d’approvisionnement thaïlandaises demeurent fortement dépendantes des intrants chinois. Si Washington venait à durcir son interprétation, Bangkok pourrait subir un choc commercial important et voir les flux d’investissements chinois ralentir.

Industrie : un rebond superficiel

Malgré de bonnes performances des exportations au premier semestre, l’industrie locale demeure fragile. La progression enregistrée dans l’électronique et les véhicules électriques reflète davantage un ajustement des stocks et un redéploiement des flux qu’un véritable redressement structurel. La compétitivité reste un enjeu central, et les chiffres bruts masquent une fragilité persistante.

Politique économique : peu de marges de manœuvre

La Banque de Thaïlande devrait poursuivre l’assouplissement monétaire, avec un taux directeur attendu à 1,0 % d’ici les douze prochains mois. La nomination d’un gouverneur plus accommodant pourrait infléchir le ton, même si le comité de politique monétaire demeure prudent. Avec une borne basse estimée à 0,5 %, l’espace de manœuvre reste limité. Du côté budgétaire, le déficit public et la hausse du ratio dette/PIB restreignent les marges d’action, tandis que les incertitudes politiques freinent la mise en œuvre des réformes.

Chaque semaine, recevez notre lettre d’informations Gavroche Hebdo. Inscrivez-vous en cliquant ici.