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THAÏLANDE – JUSTICE :  Paul Chambers, l’universitaire américain visé pour lèse-majesté, parle au Nikkei

Date de publication : 16/06/2025
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Paul Chambers

 

Gavroche a pris connaissance d’un intéressant article du Nikkei Asia (en anglais) où le professeur américain Paul Chambers se livre suite à sa récente expulsion de Thaïlande. Inculpé en avril pour crime de lèse -majesté et relaxé par le bureau du procureur général en mai, Chambers a déclaré « avoir quitté le sol thaïlandais le 29 mai sur les conseils des diplomates américains car il devenait évident qu’il risquait de faire face à de nouvelles accusations, portées par des éléments de droite ».

 

L’affaire Chambers a occupé une place centrale dans les discussions entre le Département d’État américain et le gouvernement thaïlandais, dans le cadre d’une recherche de résolution diplomatique. Ce dossier sensible a servi de préambule nécessaire pour permettre à l’exécutif de Bangkok d’engager des négociations sur les droits de douane réciproques imposés par l’administration Trump.

 

Après le rejet des accusations portées contre lui au titre de l’article 112 du Code pénal (loi de lèse-majesté), l’universitaire Paul Chambers a fait état des instructions reçues de son ambassade. Résidant en Thaïlande depuis trois décennies, il occupait les fonctions de maître de conférences et de conseiller spécial en affaires internationales à l’Université Naresuan, dans la province de Phitsanulok. Son épouse, Napisa Waitoolkiat, est actuellement doyenne de la faculté des sciences sociales au sein du même établissement.

 

Le renvoi de Chambers par l’université a entraîné l’annulation de son permis de travail, puis de son visa, par les services de l’immigration de Phitsanulok.

 

Auteur reconnu dans le monde académique pour la rigueur de ses travaux, Paul Chambers s’est imposé comme l’un des meilleurs spécialistes des forces armées en Thaïlande et en Asie du Sud-Est. Son ouvrage « Le royaume prétorien : une histoire de l’ascension militaire en Thaïlande », publié en août 2024, dissèque avec précision les dynamiques entre ambitions personnelles et stratégies institutionnelles ayant conduit à la formation d’une classe militaire à la fois privilégiée et protégée. Il est également co-auteur, aux côtés de son épouse, de « Khaki Capital : l’économie politique de l’armée en Asie du Sud-Est » (2017), une analyse comparative des économies militaires de sept pays de la région.

 

Ses prises de position publiques et ses écrits critiques à l’égard de l’institution militaire thaïlandaise lui ont toutefois valu de puissants ennemis. « Je pense que l’armée m’en veut depuis des années », confie-t-il. « Elle n’apprécie pas mes analyses, dans lesquelles je dénonce son rôle politique, son empire économique, et certains de ses dirigeants. » Il estime que l’arrivée, le 1er octobre dernier, d’une nouvelle faction ultraconservatrice à la tête de l’armée pourrait aggraver les tensions : « C’est très conservateur », insiste-t-il.

 

Aujourd’hui, le professeur Chambers dit redouter un retour en Thaïlande, estimant sa sécurité menacée. « Il serait dangereux pour moi de revenir maintenant. J’ai beaucoup d’ennemis au sein de l’armée, et ils pourraient encore m’accuser sur la base de l’article 112 – pas seulement pour ce que j’ai écrit, mais aussi pour ce que j’ai dit », affirme-t-il, faisant référence à la loi thaïlandaise sur le crime de lèse-majesté.

 

Cependant les avocats du chercheur provenant de Thai Lawyers for Human Rights (TLHR) envisagent d’intenter une action en justice contre l’Université Naresuan pour licenciement abusif pour des raisons de procédure, pour ne pas avoir créé de comité pour examiner son cas. « Le vice-président (de l’université) ne m’a pas donné cette chance, il m’a simplement renvoyé »poursuit Chambers. Pour autant, Chambers n’entend pas stopper son travail académique et prévient : « au final, les poursuites engagées contre moi ne feront qu’entacher davantage l’armée, car je serai encore plus inflexible dans mes analyses ».

 

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