Le président Donald Trump a annoncé, ce mercredi, la conclusion d’un accord commercial avec le Vietnam, quelques jours avant l’expiration du moratoire de 90 jours sur l’imposition de nouvelles taxes. Ce compromis, présenté comme un succès diplomatique par Washington, impose une taxe douanière de 20 % sur les importations vietnamiennes aux États-Unis – et jusqu’à 40 % pour les produits soupçonnés d’avoir été détournés de Chine.
Un accord conclu sous pression
Hanoï semble avoir joué la montre. L’accord intervient in extremis, avant la date butoir du 9 juillet, ce qui permet au Vietnam d’éviter un retour à des droits de douane encore plus élevés, tels que ceux annoncés symboliquement le « Jour de la libération » (jusqu’à 50 %). Le taux final de 20 % représente néanmoins un saut important par rapport aux conditions préférentielles appliquées jusqu’ici (3,6 % en 2024, voire 10 % durant le moratoire).
Du côté vietnamien, le geste fort a été d’abaisser à zéro les droits de douane sur les importations américaines. Mais ce geste, qui pourrait favoriser les exportateurs US, n’atténue pas la sévérité des conditions imposées par Washington.
La crainte du “transshipment”
Le cœur de l’accord vise une préoccupation constante de l’administration Trump : le contournement tarifaire. Le Vietnam est depuis longtemps suspecté d’agir comme plaque tournante pour des exportations chinoises dissimulées sous pavillon vietnamien. C’est dans ce contexte que le tarif punitif de 40 % sur les biens « reroutés » a été instauré – une manière indirecte, mais assumée, de cibler la Chine tout en renforçant la doctrine de « relocalisation amicale » ou friendshoring.
Un précédent pour d’autres négociations ?
Après l’accord sino-américain, celui conclu avec le Vietnam vient renforcer la stratégie commerciale offensive de l’administration Trump 2.0. Tous les regards se tournent désormais vers les discussions avec l’Union européenne. Selon plusieurs sources, Bruxelles envisagerait d’accepter une taxe uniforme de 10 % afin d’éviter des mesures sectorielles plus contraignantes. L’Inde pourrait également être dans le viseur de Washington dans les semaines à venir.
Un signal aux marchés
Alors que les marchés attendent les chiffres de l’emploi de juin – estimés à 95 000 créations de postes, en deçà des attentes – l’annonce de cet accord vient renforcer la posture protectionniste du gouvernement américain. Si le taux de chômage devait remonter à 4,3 %, comme prévu, l’équipe Trump pourrait s’appuyer sur cette stratégie commerciale pour renforcer son discours économique en période électorale.
Un deal, mais à quel prix ?
Pour le Vietnam, l’accord préserve l’accès au marché américain, mais à un coût élevé. La taxation différenciée, les soupçons persistants de détournement et la perte d’avantages tarifaires creusent l’écart entre la signature du texte et ses retombées concrètes. Les mois à venir diront si cet accord sera perçu comme un filet de sécurité ou un piège soigneusement refermé.
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