A Phuket, c’est toute la ville qui s’imprègne de cette fièvre mystique. Les fidèles, vêtus de blanc (en signe de purification) vont suivre les différents rituels et accompagner tous ces « médiums » (les masongs ou Ma Song) qui défileront à travers la ville durant cette période sainte « Jia Chai » (l’expression signifie festival végétarien en dialecte chinois hokkien).
Chants mystiques
Dès
l’aube, les chants mystiques retentissent dans la ville et nous savons
déjà que les fidèles se préparent aux différentes cérémonies de la
journée (dans les temples, les défilés avec arrêts devant les stands garnis de fruits en offrande aux dieux).
Cette fête se célèbre dans l’année dès le neuvième jour du neuvième mois du calendrier chinois et va durer neuf jours (généralement en octobre ; cette année, le festival a commencé le 30 septembre pour se terminer le 8 octobre tard dans la nuit).
Le
plus marquant pour les spectateurs est sûrement les défilés nocturnes
avec les pétards lancés aux pieds des médiums qui marchent pieds nus et
subissent stoïquement cette pluie de feu et d’étincelles et les
piercings. Les saints (ou médiums) se transpercent le corps, généralement les joues) avec divers objets tranchants ou pointus. Ils démontrent ainsi le pouvoir surnaturel qu’ont les dieux. Les médiums vont exorciser les malheurs de la population pour les remettre aux dieux et en débarrasser les fidèles.
Communauté chinoise
L’origine de cette tradition date de 1825 pour être précis (selon plusieurs sources concordantes). À cette époque, une importante communauté chinoise exploitait les nombreuses mines d’étain sur l’île de Phuket. Afin d’apporter quelques distractions à ces exilés, une troupe théâtrale avait été embauchée à l’année.
Cette communauté chinoise fêtait régulièrement le Jiai Chai afin d’apporter une protection aux membres de la famille et des villages. En 1825, une terrible épidémie décima une partie de la population et les artistes furent également touchés par la maladie. Cette année-là, ils n’avaient pas célébré le Jiai Chai.
En signe de repentir, pendant neuf jours, ils suivirent des rituels de
purification et de régime végétarien très strict tout en adressant des
prières aux neufs dieux empereurs. L’épidémie cessa et ils guérirent.
Prières et guérisons
Depuis, ces cérémonies et prières adressés aux dieux ainsi que le respect de certaines règles (port de vêtements blancs, régime strictement végétarien, comportement respectueux envers les autres mais aussi envers les animaux, abstinence sexuelle, etc.) durant cette période sont pratiqués chaque année et suivis par de nombreux fidèles. À Phuket,
puisque c’est là que ces fêtes ont pris une importance toute
particulière en raison de son histoire, ces cérémonies attirent de
nombreux fidèles non seulement de l’île mais venant aussi du sud-est asiatique (Taiwan, Malaisie, Singapour).
Il
est difficile de prendre conscience de la ferveur des fidèles si on
s’arrête aux quelques aspects « spectaculaires » de ces défilés qui
deviennent vit des clichés réducteurs. Mais en
suivant et en assistant aux différents rites, nous sommes saisis par
l’intensité de certains moments, la profonde abnégation de ces saints et
la vénération des fidèles.
Luigi Zuccante
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