Les États-Unis et la Chine ont pris de court les marchés en annonçant le 11 mai, un accord commercial. Le compromis prévoit une réduction mutuelle de 115 points de pourcentage sur les droits de douane, au moins jusqu’au début juillet. Un geste fort qui amorce une désescalade nette après plusieurs années de tensions économiques entre les deux premières puissances mondiales.
Un allègement des droits de douane bienvenu
Avec cet accord, le taux effectif moyen des droits de douane américains sur les importations chinoises passe d’environ 20 % à 12 %, rapprochant Pékin du seuil « standard » de 10 % appliqué à d’autres partenaires commerciaux — hors surtaxes spécifiques, notamment celles liées au fentanyl imposées plus tôt cette année.
Conséquence directe : les recettes douanières américaines devraient reculer d’environ 1 % du PIB, soit près de 300 milliards de dollars. Pour les consommateurs et les entreprises, c’est une bouffée d’air frais : des prix plus modérés, une pression moindre sur l’inflation, et un climat économique plus propice à la croissance.
Selon les estimations, chaque point de hausse des droits de douane ajoute environ 7 points de base à l’inflation sous-jacente et pèse d’autant sur l’activité. À l’inverse, cette détente réduit simultanément les risques de stagflation : un double gain pour l’économie.
Une reprise des échanges sans choc majeur
L’impact macroéconomique de l’accord pourrait toutefois être moins marqué que ne le laisse penser la baisse tarifaire. En effet, les prévisions des analystes incluaient déjà un scénario de détente, anticipant une substitution progressive des importations chinoises, des stratégies d’évitement tarifaire de la part des entreprises, et la conclusion d’un accord — bien que plus modeste et plus tardif qu’attendu.
Néanmoins, ce compromis renforce la probabilité que l’inflation sous-jacente converge vers 3 % d’ici la fin de l’année, contre une prévision initiale de 3,5 %. Le spectre d’une récession s’éloigne encore davantage.
Vers un nouveau régime commercial
L’épisode confirme une tendance de fond : le retour à un taux douanier de 10 % comme niveau de référence semble s’imposer durablement. Que ce soit dans les discussions avec le Royaume-Uni — allié historique — ou la Chine — rival stratégique —, l’administration américaine semble privilégier ce plancher stable, qui limite les effets de substitution brutale dans les chaînes d’approvisionnement.
Une facture fiscale de plus en plus lourde
En contrepartie, le manque à gagner budgétaire se creuse. La baisse des recettes douanières s’ajoute à une série de mesures inflationnistes, comme le basculement du projet de budget de la Chambre des représentants vers une version sénatoriale plus coûteuse (estimée à +3 milliards sur dix ans), et la réduction drastique des économies projetées par le Bureau du budget (passées de 2 000 à 150 milliards de dollars).
La Fed en position d’attente
Côté monétaire, l’annonce a modifié les anticipations des marchés : les probabilités d’une baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale cette année ont nettement reculé. Même un assouplissement en juillet paraît désormais incertain. Avec une inflation certes persistante mais moins menaçante, et une économie stabilisée, la Fed a désormais toutes les raisons de temporiser.
Conclusion
L’accord sino-américain marque une inflexion stratégique majeure. En misant sur l’apaisement plutôt que sur la confrontation, Washington et Pékin envoient un signal de stabilité aux marchés mondiaux. Reste à voir si cette trêve commerciale tiendra au-delà de juillet — ou si les contraintes budgétaires et électorales finiront par en éroder la portée.
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