La justice thaïlandaise a émis 17 mandats d’arrêt dans le cadre de l’enquête sur l’effondrement du bâtiment de la Cour des comptes (State Audit Office), survenu lors du séisme du 28 mars dernier. Parmi les personnes visées figurent des ingénieurs, des superviseurs de chantier, des représentants de coentreprises, ainsi que l’ancien président d’Italian-Thai Development, M. Premchai Karnasuta.
Selon les résultats de l’enquête policière, les plans de construction présentaient des irrégularités majeures, notamment la violation des règlements ministériels et des normes d’ingénierie.
L’un des défauts structurels les plus graves concerne le positionnement du puits d’ascenseur, déplacé vers l’arrière du bâtiment au lieu d’être centré. Cette erreur a déplacé le centre de torsion de la structure, compromettant sa stabilité. Lors du tremblement de terre, la paroi du puits d’ascenseur et les colonnes de base ont cédé presque simultanément, entraînant un effondrement vertical rapide du bâtiment.
Des analyses de matériaux ont confirmé que le béton utilisé ne respectait pas les normes de résistance KSC et que les barres d’armature ne répondaient pas aux spécifications de conception.
En outre, les experts graphologues ont révélé que quelqu’un avait falsifié la signature de M. Somkiat Chusangsuk, président de la clinique d’ingénierie de l’Institut des ingénieurs de Thaïlande. Les responsables du projet avaient inscrit son nom à tort comme ingénieur agréé sur les documents officiels.
L’enquête a permis d’identifier trois groupes de responsables, impliqués dans la conception, la supervision et la construction du bâtiment.
Le premier groupe regroupe les sociétés de conception, Forum Architect et Meinhardt (Thailand), toutes deux engagées par la Cour des comptes, avec un signataire autorisé et cinq ingénieurs en structure mis en cause. Le second groupe comprend les entreprises en charge de la supervision : PKW Joint Venture et ses partenaires P.N. Synchronize, KP Consultants et W. & Associates Consultants. Le troisième groupe concerne les constructeurs : Italian-Thai Development et China Railway No. 10 (Thailand), ainsi que les représentants de leur coentreprise (ITD-CREC).
Le bilan humain est dramatique : 89 morts confirmés, 1 blessé grave, 8 blessés légers et 11 personnes toujours portées disparues. Les familles des victimes ont porté plainte, entraînant l’ouverture de poursuites pénales à l’encontre des 17 suspects, à la fois en leur nom personnel et au titre de personnes morales.
Ils sont poursuivis en vertu des articles 227 et 238 du Code pénal thaïlandais, pour négligence professionnelle ayant entraîné la mort, en raison du non-respect des normes exigées en matière de conception, de supervision et de construction.
Parmi les personnes mises en cause figurent notamment Chuanling Zhang, ressortissant chinois et directeur de China Railway No. 10 ; Suchart Chutipaparkorn (Forum Architect) ; Pimon Charoenying, Teera Watthanathap, Supol Akkara-areesuk, Chainarong Siangpraiphan et Apichart Raksa, tous ingénieurs signataires des plans ; Patiwat Sirithai (P.N. Synchronize) ; Kritphat Plongkrathok (KP Consultants) ; Phondej Therdpitakvanich et Praneet Saengalangkarn (W. & Associates Consultants) ; Somchai Supyen, chef de projet ; Nitchaporn Charanachit, représentante d’Italian-Thai Development ; Kriangsak Korwattana, représentant de la coentreprise ; Anuwat Kansorn et Thipat Rattanawongsa, ingénieurs de China Railway No. 10.
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