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FRANCE – POLITIQUE : Vue d’ailleurs, Rachida Dati, la République du Talion

Date de publication : 24/06/2025
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Rachida Dati

 

Chaque semaine, notre ami Richard Werly, conseiller éditorial de la rédaction de Gavroche, partage sa vision de la France sur le site d’actualités helvétique Blick. Vous pouvez vous abonner ou consulter sa lettre d’information Republick.

 

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Elle tire pour tuer politiquement. Et elle ne s’en cache pas. Je veux parler de Rachida Dati, 59 ans, ministre de la Culture et maire du très cossu 7ᵉ arrondissement de Paris, que les sondages placent en tête pour la prochaine élection municipale, dans la capitale française. Les amateurs de duels télévisés jugeront sur pièce, en visionnant sa passe d’armes récente avec le journaliste Patrick Cohen. Lui l’interroge sur ses casseroles judiciaires, et les accusations répétées de corruption ou de conflits d’intérêts qui jalonnent sa carrière. Elle réplique en exhumant une enquête de Mediapart sur les supposées pratiques de harcèlement au sein de l’émission dont elle a accepté l’invitation. Les flingues sont sortis. La ministre de tutelle pilonne l’audiovisuel public qui la déteste. « Combattre et survivre » est sa devise.

 

J’ai, dans une chronique passée, lu pour vous « Du rimmel et des larmes » (éd. Seuil), la biographie de Rachida Dati publiée en 2009. Rien n’a changé. La courtisane a juste laissé place à l’exécutrice, misant sur le fait que les Parisiens finiront par oublier son ascension jalonnée de conquêtes masculines, de cadeaux (dont 400 000 euros de bijoux), d’absentéisme au Parlement européen, de lobbying grassement rémunéré et de règlements de compte impitoyables. Scandales à répétition, ou preuve d’une incroyable et sidérante ténacité que beaucoup d’électeurs sont finalement prêts à tolérer ? N’est-on pas condamnée, en France, à prendre l’ascenseur social par effraction, lorsque l’on a grandi dans une famille immigrée, dans un quartier populaire de Chalons-sur-Saône ? Sous la monarchie, les maîtresses des souverains faisaient la loi. En République, elles peuvent finir par gouverner, et se faire respecter.

 

Rachida Dati incarne la République du Talion. Coup pour coup. Droite dans ses escarpins. Un roman si français.

 

Bonne lecture, avec les courtisanes !

(Pour débattre : richard.werly@ringier.ch)

 

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3 Commentaires

  1. Notre éditorialiste a parfois le génie d’exciter la pulsion de lire. Après Balzac, Proust s’impose. La figure de la courtisane est un point d’orgue d’un ensemble social irrigué et structuré par les « mœurs courtisanes » et leurs rebondissements incessants, des billards à bandes multiples que mènent les passions extrêmes et si proches : l’amour et la haine que la jalousie active et fouette. L’hétaïre, que Proust nomme « cocotte », dont Odette est l’emblème, est un des cœurs battants de la Recherche. Le salon de Madame Verdurin est un des lieux où elle se manifeste comme opérateur majeur du lien social, comme dirait un sociologue bourdieusien…

    Venant de rouvrir l’édition Quarto des éditions Gallimard, je tombe sur Un amour de Swann et, à la page 221, je lis :

    « Il arriva chez elle après onze heures, et, comme il s’excusait de n’avoir pu venir plus tôt, elle se plaignait que ce fût en effet bien tard, l’orage l’avait rendue souffrante, elle se sentait mal à la tête et le prévint qu’elle ne le garderait pas plus d’une demi-heure, qu’à minuit elle le renverrait ; et, peu après, elle se sentit fatiguée et désira s’endormir.
    – Alors pas de catleya ce soir ? lui dit-il, moi qui espérais un bon petit catleya.
    Et d’un air un peu boudeur et nerveux, elle lui répondit :
    – Mais non, mon petit, pas de catleya ce soir, tu vois bien que je suis souffrante !
    – Cela t’aurait peut-être fait du bien, mais enfin je n’insiste pas.
    Elle le pria d’éteindre la lumière avant de s’en aller, il referma lui-même les rideaux du lit et partit. Mais quand il [fut] rentré chez lui, l’idée lui vint brusquement que peut-être Odette attendait quelqu’un ce soir, qu’elle avait seulement simulé la fatigue et qu’elle lui avait demandé d’éteindre la lumière pour qu’il crût qu’elle allait s’endormir, qu’aussitôt qu’il avait été parti, elle avait rallumé et fait entrer celui qui devait passer la nuit près d’elle. »

    La lecture de la suite s’impose si l’on veut mesurer les extravagances de la passion que déclenchent ces héroïnes, résurgences de ces hétaïres antiques.

    • Cher lecteur, vos commentaires sont souvent des articles à part entière. Bravo. Nous le publions évidemment et nous l’avons transmis à notre conseiller éditorial Richard Werly

  2. Notre éditorialiste semble vouloir rivaliser avec le « journaliste » Patrick Cohen et lui ravir la palme. On ne manquera pas, à la lecture de ses propos, de fustiger au passage un antiféminisme exotique, subliminal, et surtout de révéler une fibre un tantinet masochiste. S’il ne s’agit que de « se faire donner des verges », le risque est moindre que de succomber sous les balles d’un Lucky Luke en jupon, qui tirerait plus vite que son ombre. Il risque tout au plus un regain de popularité médiatique, si tant est que cela soit nécessaire — mais qu’un pugilat sur les tréteaux de France 24 ou de Public Sénat viendrait auréoler.

    Notre éditorialiste préféré nous incite surtout à une réflexion sur les permanences de la nature humaine que Balzac, jadis, a mises à nu dans Splendeurs et misères des courtisanes. Un grand merci pour cette incitation à une lecture — ou relecture — d’un chef-d’œuvre qui met en lumière la place presque centrale des courtisanes, puisque l’expression est utilisée, dans le fonctionnement social et politique, en particulier celui de la « société de cour » que la France sait si bien illustrer dans l’histoire de ses phases décadentes. Le personnage que notre éditorialiste a cru bon de rappeler à notre mémoire en est un fleuron, mais — faut-il le déplorer ? — sur un mode dégradé. Une nouvelle Manon Lescaut ? Une énième Ninon de Lenclos ?

    Issues de milieux populaires — ici surdéterminés par l’ingrédient de l’immigration — qui ne les destinaient nullement à leur avenir, tout tracé par le déterminisme social, elles accèdent, par leur « génie » propre, aux étages les plus élevés de la société, à force de manipulations, roueries, séductions et tromperies. La courtisane, étape suivant celle de la demi-mondaine, possède l’art de s’insinuer dans les interstices « sulfureux » des milieux qu’elle traverse, et utilise les « trous de ver » d’un espace social mité, jusqu’à la recherche de l’apothéose. L’usage des « charmes » est son arme maîtresse.

    Dans le roman cité, Balzac la nomme « la torpille » pour désigner Esther Van Gobseck. Sa position de travail est essentiellement horizontale, ce qui lui permet d’accéder aux secrets et de s’insinuer dans les rouages du pouvoir, pour l’influencer, voire, dans certains cas, le prendre — ce que notre éditorialiste semble affirmer. Elle est au cœur des intrigues, au carrefour des promotions, mais aussi et surtout au service de la sienne. Le canapé et le lit sont ses instruments de travail. Il faut sans doute y ajouter les comptes en banque. Dans l’œuvre de Balzac, la roche Tarpéienne n’est pas loin du Capitole, et plus dure est, pour finir, la chute. Esther ne sera pas seule dans sa chute : elle entraînera le naïf Lucien.

    La courtisane est un personnage qui fascine, auréolée des pouvoirs d’ensorcellement qu’elle détient, que l’on convoite, et que Baudelaire a si bien chantés. Elle fascine par les mystères de ses talents insoupçonnés et supposés inaccessibles, réservés à des êtres d’exception, protégés par Dieu ou le diable. Les deux ?

    L’opinion, formatée par les médias sensationnalistes, étourdie et comme décérébrée, est prête à porter n’importe quel « comédien » au pinacle, aux nues, afin de se rassasier de la féerie qui s’est emparée d’elle, qui l’envoûte, et dont elle se repaît, jusqu’à l’inévitable dégrisement.

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