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Et si le défilé militaire du 14 juillet, parfaitement chorégraphié sur les Champs-Élysées, constituait le meilleur résumé de ce qui restera des deux quinquennats Macron ? Un art consommé de la mise en scène présidentielle. Une maîtrise incontestable des dossiers internationaux. Une vision stratégique européenne (et au-delà, vers l’Indopacifique). Le portrait d’une France puissante, nucléaire et armée, prête à se défendre, lucide sur les coups bas de l’allié américain. Le tout, devant des généraux au garde-à-vous, et 200 000 soldats ravis d’entendre que le budget des armées a doublé depuis 2017 et qu’il sera l’un des seuls à augmenter d’ici à 2027, quand tous les autres ou presque devront se serrer la ceinture.
Une France puissante ? Oui, si ses voisins européens, mieux lotis budgétairement, répondent à ses appels. Oui, si l’on ne pose pas à chaque fois la question qui fâche : « Combien ça coûte, président ? ». Oui, si la population française – il est vrai favorable au retour envisagé d’une forme de service militaire – ne se sent pas dupée par une rhétorique de la menace russe, lestée d’exagérations. Oui, si Donald Trump accepte de ménager ce président français en fin de mandat, sans carnet de chèques, et toujours convaincu qu’il aura le dernier mot.
La France puissante est sans doute une nécessité, y compris pour la Suisse. Mais elle est énervante. Tellement vocale. Tellement aveugle sur ses moyens si limités, alors que son président alerte sur la vulnérabilité stratégique de ses territoires d’outre-mer, à commencer par la Nouvelle-Calédonie sur la voie de la décolonisation. Tellement ligotée par ses moyens qu’elle ne parvient pas à dégager, faute de réformes crédibles et d’un moteur économique performant. En somme : tellement française.
Bonne lecture, et allonzenfants !
(Pour débattre : richard.werly@ringier.ch)
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N’en jetez plus ! Vous vous faites le porte-parole tonitruant de la “macronie” c’est votre droit comme c’est le mien de vous dire que Richard Werly tape juste. Au passage si l’on ne connait pas le nom des dirigeants suisses, on sait par contre dans quelle monnaie acheter pour placer ses euros… Bien cordialement et merci cher “Gavroche” pour vos articles qui quand je suis en déplacement hors de Thaïlande me permettent de garder le lien avec mon autre pays de cœur.
“Tellement vocale”, “énervante”, “tellement aveugle”, “ligotée” — n’en jetez plus ! On a l’impression que la Suisse a rejoint l’Algérie dans l’expression du ressentiment. Une sorte d’obsession récurrente d’un pays dont personne ne connaît le nom de ses dirigeants ?
Pour ce qui est de la menace russe, on a l’impression, à la lecture, qu’elle ne serait que le fruit d’un “chantage”, une “rhétorique” concoctée par un président manipulateur usant d’un “art consommé de la mise en scène”, dans une situation décrite dans un autre édito comme catastrophique, pour tout dire “grecque”.
On pourrait entendre, dans les propos, une antienne subliminale des admirateurs de la “Sainte Russie”, doutant des intentions impériales du Kremlin, de sa volonté de rétablir un ordre international juste, que la “rhétorique”, lestée d’exagérations — autrement dit des fantasmes anti-poutiniens —, qu’un président français instrumentaliserait à des fins personnelles.
Sur cette ligne, il rejoindrait Mélenchon, Le Pen, De Villepin, Védrine et tant d’autres admirateurs de la “littérature russe”. Des fantasmes pourtant fort partagés par les pays baltes, la Pologne, l’Allemagne, le secrétaire de l’OTAN… Le chef d’état-major des armées, Thierry Burkhard, et le directeur de la DGSE, Nicolas Lerner, auraient-ils prêté leur concours à cette mise en scène ?
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