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ASIE – FRANCE : La Nouvelle-Calédonie à l’épreuve de la décolonisation

Date de publication : 20/07/2025
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Nouvelle Calédonie nickel

 

Une chronique géopolitique de Ioan Voicu, ancien ambassadeur de Roumanie en Thaïlande

 

La France est une puissance de l’Indopacifique via ses territoires d’outre-mer. Il était dès lors logique de s’intéresser à la situation en Nouvelle-Calédonie.

 

Remarques introductives

 

Participant depuis 1994 à de nombreuses réunions de la CESAP, la plus grande commission régionale des Nations Unies, j’ai eu l’occasion de constater la présence d’un membre associé de la CESAP officiellement appelé Nouvelle-Calédonie avec indication de son admission à la CESAP le 31 juillet 1992.

 

En 2025, la population de la Nouvelle-Calédonie est estimée à environ 271 407 habitants, selon les données de 2019. Bien que des prévisions plus récentes indiquent une croissance démographique, la population actuelle reste proche de ce chiffre.

 

Un an après les violentes émeutes qui ont secoué la Nouvelle-Calédonie, un accord qualifié d’« historique » a été signé le 13 juillet 2025 entre l’État français et les forces politiques calédoniennes, à l’issue de dix jours de négociations intenses à Bougival. Mais que contient réellement ce texte, et à quelles conditions peut-il fonder une paix durable dans l’archipel ?

 

Juridiquement, l’accord acte la reconnaissance d’un État de la Nouvelle-Calédonie inscrit dans la Constitution française. Ce nouvel État pourra être reconnu par la communauté internationale, même s’il ne disposera pas de siège à l’ONU. Une nationalité calédonienne sera créée, bien que les Calédoniens conserveront aussi la nationalité française.

 

Alors que la réforme du corps électoral avait été à l’origine des émeutes de mai 2024, causant la mort de 14 personnes, l’un des points de l’accord stipule que les résidents de Nouvelle-Calédonie depuis au moins dix ans auront accès au corps électoral à partir des élections provinciales de 2031.

 

Sur le plan économique, un « plan stratégique » pour le nickel, ressource clé du territoire, est également prévu. Ce n’est que le début d’un processus organisationnel complexe. En effet, un projet de loi constitutionnelle doit être adopté par le Parlement français. Il doit modifier le titre XIII de la Constitution française relative à la Nouvelle-Calédonie.

 

Enfin, il faudra organiser un référendum prévu en Nouvelle-Calédonie en février 2026. Mais les signataires sont unanimes pour dire que le projet d’accord sera délicat à défendre dans l’archipel, que ce soit du côté des indépendantistes (FLNKS) ou des non-indépendantistes (Loyalistes, Rassemblement). Dans les deux camps, des concessions ont été faites.

 

Cette question m’a rappelé ce que j’ai appris de mon professeur français de droit international, Michel Virally, de l’Institut de hautes études internationales de Genève, qui enseignait et écrivait que : « l’adhésion de la société internationale à l’universalité passe par la décolonisation. Le mouvement de décolonisation constitue, sans nul doute, l’un des traits les plus marquants de l’histoire du monde depuis la fondation des Nations Unies. »

 

Parallèlement, Michel Virally n’a pas manqué de dire aux étudiants que « Le processus de décolonisation, en tout cas, n’est pas parachevé ». Dans le même contexte, il a rappelé : « La décolonisation n’a pas toujours été un processus pacifique, il s’en faut. Trop souvent, l’accession à l’indépendance d’un peuple colonisé n’a été que le point d’aboutissement d’une guerre douloureuse : l’ONU a eu à s’en occuper à maintes reprises dans le cadre de ses responsabilités en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale. »

 

En référence au droit au développement, Michel Virally a affirmé que « l’idéologie du développement a constitué, sans nul doute, l’élément moteur le plus puissant au sein du système des Nations Unies, dont l’orientation vers les intérêts de la majorité des États petits et pauvres se confirme ainsi. »

 

J’espère qu’en juillet 2025, les médias ont raison en prédisant que « En vertu de l’accord, la Nouvelle-Calédonie contrôlerait immédiatement sa politique étrangère, mais pourrait soumettre au vote du public le transfert de pouvoirs souverains supplémentaires en matière de défense, de monnaie, de sécurité et de justice, ouvrant potentiellement la voie à son adhésion aux Nations Unies ».

 

Et maintenant ?

 

La communauté internationale a appris qu’en juillet 2025, les dirigeants de la France et de la Nouvelle-Calédonie ont conclu un accord historique visant à créer un « État de Nouvelle-Calédonie » au sein de la France, modifiant ainsi le statut politique du territoire.

 

Après une décennie d’impasse politique et de troubles violents en 2024, l’accord vise à concilier l’autonomie kanak avec la souveraineté française. Il introduit un modèle de double nationalité, des restrictions électorales et des engagements de relance économique, notamment dans le secteur du nickel.

 

Cet accord assure une stabilité immédiate, mais laisse les implications stratégiques à long terme, telles que le pouvoir régional, l’accès aux ressources et l’influence extérieure, floues et nécessitant une étude plus approfondie.

 

C’est un événement diplomatique remarquable qu’après près de deux ans d’impasse politique et de troubles sociaux en Nouvelle-Calédonie, les autorités françaises et locales soient parvenues à un accord en juillet 2025. Des manifestations ont éclaté en mai 2024 contre un projet de Paris visant à étendre le droit de vote aux résidents non autochtones de longue date, une mesure perçue par les Kanak comme une atteinte à leur influence politique.

 

À l’issue de négociations en France, les parties ont signé un accord de 13 pages créant un « État de Nouvelle-Calédonie » sous administration française continue, mais doté d’une plus grande autonomie locale. L’accord prévoit un futur référendum en 2026, l’instauration d’une nationalité néo-calédonienne (aux côtés de la nationalité française) et une condition de résidence minimale de 10 ans pour voter. Le principal objectif économique de l’accord est la relance de l’industrie du nickel du territoire, essentielle à l’emploi local et à la stratégie industrielle française.

 

Si les responsables français ont mis l’accent sur la réforme constitutionnelle et la coopération, les observateurs des îles du Pacifique n’ont exprimé qu’un optimisme prudent, tout en restant sceptiques quant à la réussite à long terme du projet. Les objectifs stratégiques de la France en Nouvelle-Calédonie sont triples : maintenir une présence régionale, contrôler les ressources minérales critiques (notamment le nickel) et éviter toute atteinte à sa réputation internationale due aux répercussions postcoloniales. L’accord de 2025 soutient ces objectifs en prévenant une indépendance prématurée et en évitant une aggravation des troubles.

 

Concrètement, la France maintient sa souveraineté sur la Nouvelle-Calédonie tout en reconnaissant constitutionnellement son statut, offrant ainsi une autonomie symbolique pour apaiser les principaux groupes kanak, même si cela pourrait ne pas les satisfaire pleinement.

 

L’accord assure la stabilité économique de l’industrie du nickel, essentielle à la santé économique locale et à la transition énergétique européenne. L’évocation du renouvellement des capacités de traitement du nickel laisse entrevoir des investissements à venir, impliquant probablement des collaborations public-privé soutenues par des entités gouvernementales françaises. Cependant, les fluctuations des prix mondiaux, la concurrence indonésienne et les inefficacités opérationnelles persistantes des sociétés minières calédoniennes menacent la faisabilité de ces ambitions.

 

Parallèlement, d’un point de vue extérieur, l’intérêt de longue date de la Chine pour les ressources minérales du Pacifique ne peut être sous-estimé, tandis que l’influence politique chinoise devrait peser lourd (le cas de Nauru et des Îles Salomon a démontré les intérêts et les stratégies de Pékin dans la région). En réalité, comme l’ont rapporté les médias, malgré l’absence d’ingérence confirmée dans les négociations récentes, les relations commerciales et diplomatiques de la Chine avec les factions indépendantistes demeurent une possibilité.

 

Conclusion

 

Il n’est pas superflu de rappeler qu’avant que l’accord ne soit soumis à l’autorité du principe universel pacta sunt servanda en France, son succès final dépend de sa ratification parlementaire régulière et, ultérieurement, de son acceptation publique lors d’un référendum en 2026.

 

Si toutes les étapes procédurales sont gérées efficacement, l’accord à l’étude a le potentiel de dynamiser la stratégie indo-pacifique de Paris, de consolider sa réputation au sein d’organismes multilatéraux tels que le Forum des îles du Pacifique, et de fragiliser les puissances concurrentes qui cherchent à exploiter les frustrations postcoloniales à des fins stratégiques.

 

Un scénario optimiste peut également être envisagé. Sur le plan diplomatique, l’accord pourrait favoriser un dialogue politique renforcé et une coopération interethnique. Le référendum de 2026 pourrait bénéficier d’un large soutien, apaisant ainsi les tensions sociales. Les investissements importants de la France dans les infrastructures et l’éducation peuvent contribuer à la redynamisation de l’économie. Dans ce domaine, l’expansion de l’industrie du nickel pourrait bénéficier d’accords à long terme avec les constructeurs européens de véhicules électriques. L’État de Nouvelle-Calédonie a l’opportunité de s’imposer comme un modèle régional d’autonomie postcoloniale dans un cadre souverain, renforçant ainsi les atouts de la France dans la région indopacifique.

 

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