Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, diplomatie
Le ministre birman des Transports et des Communications, le général Mya Tun Oo, a rencontré une délégation russe pour discuter d’un projet de corridor commercial reliant la Russie au port de Rangoun en passant par le port de Mumbai. Ce projet, présenté comme une initiative trilatérale avec l’Inde, viserait à renforcer la coopération économique entre les trois pays. Mya Tun Oo a défendu l’idée de faire de Rangoun un hub stratégique de transbordement lors du 28e Forum économique international de Saint-Pétersbourg. Les discussions ont aussi porté sur les importations d’engrais russes et le développement du commerce électronique entre Moscou et Naypyidaw.
La Birmanie se prépare à une nouvelle étape politique avec la fin de l’état d’urgence fin juillet, trois ans après le coup d’État militaire. Le général Min Aung Hlaing, à la tête du Conseil d’administration de l’État (SAC), compte maintenir son emprise sur les leviers du pouvoir malgré des ajustements attendus au sein du régime. Le Conseil national de défense et de sécurité (NDSC), organe inscrit dans la Constitution de 2008, devrait reprendre les rênes du pays. Il lui reviendra d’organiser des élections d’ici la fin de l’année, conformément au cadre fixé.
Le régime militaire birman a créé la Myanmar Space Agency (MSA) le 1er juin, trois mois après que son chef, Min Aung Hlaing, a visité Moscou. Lors de ce déplacement, il a signé plusieurs protocoles d’accord avec la Russie, dont un porte sur l’exploration et l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique. Min Aung Hlaing exercera un contrôle direct sur la MSA et approuvera personnellement la nomination des experts. L’agence doit signer des accords et collaborer avec des organisations internationales, des universités et des entreprises, mais seule la Russie coopère actuellement avec le régime dans le domaine de la technologie spatiale.
Trois universités biélorusses forment actuellement des militaires birmans à des compétences techniques avancées, révèle Justice For Myanmar. L’Université d’État de Biélorussie (BSU) accueille dix officiers en géo-information et droit militaire. L’Université d’État biélorusse d’informatique et de radioélectronique (BSUIR) forme des officiers spécialisés en ingénierie radioélectronique pour les systèmes de défense aérienne, avec des liens présumés vers des usines militaires birmanes. Enfin, l’Université technologique d’État de Biélorussie (BSTU) compte 34 étudiants militaires dans un département dédié à la logistique et à l’armement des forces terrestres.
Économie
Entre janvier et avril 2025, la Birmanie a exporté en moyenne 409 millions de pieds cubes de gaz naturel par jour vers la Thaïlande, contre 529 millions à la même période en 2024, soit un recul de 23 %. Les trois installations offshore participent à cette baisse : Yadana (-31 %), Yetagun (-8 %) et Zawtika (-23 %). Le mouvement s’inscrit dans une tendance amorcée en 2017, alors que le site de Yetagun approche de sa fin de vie après deux décennies d’exploitation et que la production de Yadana devrait diminuer d’ici le milieu des années 2020. Par ailleurs, l’accord signé entre PTT et Myanmar Oil and Gas Enterprise prévoit de privilégier la demande intérieure birmane, au détriment des exportations vers la Thaïlande.
Le 7 juillet, la Birmanie a reçu une notification américaine instaurant des droits de douane « réciproques » à 40 %, applicables dès le 1er août. Deux jours plus tard, Min Aung Hlaing a répondu au président Trump pour proposer une réduction des droits de douane : entre 0 et 10 % pour les importations américaines, en échange d’un allègement des sanctions et d’un abaissement des droits américains à un niveau compris entre 10 et 20 %. Il a également suggéré l’envoi d’une délégation de négociateurs. En 2023, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 701 millions de dollars, contre 588,3 millions sur l’année fiscale birmane 2024. Le secteur textile — incluant matières premières, produits textiles et en cuir — demeure le plus vulnérable à ces mesures tarifaires. Les États-Unis en constituent actuellement le quatrième client à l’export, avec des droits de douane qui avoisinent les 20 %, selon l’association MGMA.
Le régime militaire birman, en proie à une crise de devises et aux sanctions occidentales, mise sur les réserves de gaz pour alimenter ses revenus. La Commission d’investissement de la Birmanie précise que le secteur de l’énergie représente 28,33 % des investissements étrangers, dont 24,68 % pour le pétrole et le gaz. En mai, les autorités ont signé un contrat de plusieurs milliards de dollars avec Gulf Petroleum Myanmar pour lancer le projet offshore Min Ye Thu, le premier depuis le coup d’État de 2021. Le régime sollicite aussi les Émirats arabes unis pour d’autres projets offshore et encourage les investissements nationaux dans le secteur.
Le régime birman renforce la protection des projets chinois liés à l’initiative “la Ceinture et la Route” et sollicite en retour le soutien de Pékin pour reprendre les territoires du nord de l’État Shan perdus face aux forces de résistance. Cette semaine, le ministre en chef de l’État d’Arakan, Htein Lin, a inspecté plusieurs infrastructures chinoises dans le canton de Kyaukphyu, théâtre de récents affrontements entre l’armée birmane et l’Armée d’Arakan. Il a visité notamment une centrale électrique au gaz, développée avec PowerChina, ainsi que l’île de Maday, point de départ stratégique des oléoducs vers le Yunnan. Les autorités ont lancé des contrôles sur les transferts de pétrole brut et déployé de nouveaux systèmes de sécurité. En avril, Pékin a tenté d’obtenir de l’Armée de l’Alliance démocratique nationale birmane qu’elle restitue sans combat la ville de Lashio au pouvoir central.
La Ta’ang National Liberation Army (TNLA), qui contrôle la région de Ta’ang en Birmanie, intensifie ses efforts pour attirer les investissements nationaux et étrangers malgré les frappes aériennes et offensives terrestres menées par le régime militaire. Lors d’une conférence de presse, le Colonel Tar Pan Hla a invité entrepreneurs chinois, chefs d’entreprises locales et autres investisseurs à soutenir des projets mutuellement bénéfiques. La TNLA contrôle une douzaine de villes riches en ressources, notamment Mogoke (pierres précieuses), Namtu (métaux) et Namhsan (production de thé). Le régime birman a lancé une offensive majeure pour reprendre Nawnghkio et multiplie les frappes aériennes après que la TNLA a refusé de céder cinq villes clés sur la route commerciale Chine-Birmanie. Malgré la suspension temporaire de certaines exploitations minières, l’extraction de gemmes continue à Mogok.
L’Association des commerçants de riz du Myanmar annonce la vente de riz à prix juste au centre de gros Wahdan (Lanmadaw), les mardi, mercredi, jeudi et vendredi de 11 h à 13 h. Ce programme, lancé en juin dernier, ajoute un jour cette année. Des camions mobiles vendent aussi du riz à prix équitable dans les quartiers. Le ministère du Commerce fixe chaque mois des prix raisonnables selon les variétés et interdit aux détaillants une marge supérieure à 8 %. En cas de difficulté ou de plainte sur les prix, les consommateurs peuvent contacter la Fédération du riz de Birmanie ou le département des affaires consommateurs.
Le 17 juillet, la Banque centrale de Birmanie (CBM) a vendu plus de 1,5 million de dollars aux entreprises d’importation d’huile comestible, tout en injectant plus de 756 260 yuans sur le marché financier. La veille, elle avait vendu 1,2 million de dollars issus des entreprises Cut-Make-Pack à ces mêmes importateurs. Depuis début juillet, la CBM multiplie les interventions en vendant chaque jour des millions de dollars et de yuans aux entreprises d’importation d’huile comestible et de matières premières, et injecte régulièrement des devises sur le marché pour stabiliser la monnaie. Par ailleurs, la CBM a annoncé plusieurs injections importantes dans le secteur du pétrole. Depuis décembre 2023, elle autorise également les banques privées à négocier les devises en ligne au taux du marché pour renforcer la stabilité financière.
Répression, conflit
Ma Wut Yi Aung, responsable de l’Union des étudiants de l’université de Dagon, est morte le 19 juillet en prison. Arrêtée en septembre 2021 et condamnée à sept ans, elle souffrait de graves séquelles après un interrogatoire. L’Union étudiante attribue son décès à l’absence de soins médicaux adaptés.
Le 20 juillet, la People’s Defense Army (Mandalay) a annoncé avoir attaqué un convoi militaire remontant le fleuve Ayeyarwady. Depuis le 17 juillet, quatorze navires, dont cinq bâtiments de guerre, avaient quitté le port de Gaw Won à Mandalay et tentaient d’intercepter les mouvements dans les cantons de Myadaya, Sint Ku et Thabeik Kyin. L’assaut mené par les forces de résistance a provoqué le naufrage d’un remorqueur chargé d’armes et de ravitaillement, ainsi que la destruction d’un navire de guerre et de deux autres remorqueurs.
Les forces du régime militaire ont repris la ville de Naung Hkio aux combattants de l’armée de libération nationale Ta’ang (TNLA), selon des images diffusées sur une chaîne Telegram proche des partisans radicaux de la junte. La TNLA, qui n’a pas contesté cette information, subit un revers important. Après avoir conquis Naung Hkio et Mogok, la TNLA avait pris ses distances avec l’armée indépendante kachin (KIA), son allié de longue date. Ce choix stratégique, désormais remis en question, complique sa capacité à reprendre le contrôle de Naung Hkio. Privée de soutien, la TNLA affronte des difficultés croissantes dans sa tentative de reconquête.
Au moins 20 personnes ont été tuées par une frappe aérienne du régime birman sur des villages situés le long de la rivière Irrawaddy, dans le canton de Wetlet, région de Sagaing, le 17 juillet dernier. Cette attaque s’est produite alors qu’une flottille de douze navires (deux patrouilleurs, trois péniches de débarquement et sept navires de transport) avait quitté le quai de Gaw Wein à Mandalay, se dirigeant vers le nord pour renforcer Bhamo, une ville de l’État de Kachin qui est actuellement attaquée par l’Armée pour l’Indépendance Kachin et ses alliés. Selon un combattant de la résistance de Sagaing, ces navires transportent des armes et des renforts.
La semaine dernière, le régime a mené des attaques incendiaires qui ont forcé plus de 20 000 habitants de trente villages du canton de Nyaung-U, près du site UNESCO de Bagan, à fuir. Depuis le 8 juillet, environ 150 soldats de l’armée ont mis le feu aux villages de cette zone de la région de Mandalay. Ces actions interviennent alors que le général Min Aung Hlaing prépare une visite dans la région.
Société
Sous la supervision du Comité de lutte contre le commerce illicite, les autorités ont saisi du 17 au 19 juillet plusieurs cargaisons illégales : 1,722 tonnes de marchandises à Bokpyin, un bateau en bois à Kawthoung, 7,146 tonnes de charbon à Bokpyin, des produits alimentaires non déclarés dans plusieurs districts, ainsi que du teck et d’autres bois illégaux. Elles ont aussi intercepté des camions transportant des denrées alimentaires et des matériaux industriels sans documents officiels dans plusieurs ports et routes principales. Dans la région de Sagaing, elles ont saisi des denrées alimentaires non déclarées et 27 barils de diesel illégal. À Bago, 1,024 tonne de teck illégal a été confisquée. Les contrôles ont conduit à la saisie de 16 véhicules et 59 motos non enregistrés. Au total, 33 personnes ont été arrêtées et les biens saisis sont estimés à environ 2,187 milliards de kyats.
Le gouvernement brésilien a livré 500 000 doses de vaccin BCG à la Birmanie, pour une valeur estimée à 90 000 dollars américains. Cette contribution humanitaire, acheminée hier après-midi à l’aéroport international de Rangoun par la compagnie MAI Airlines, renforce les programmes de vaccination du Département birman de la santé publique. Les autorités administreront ce vaccin, destiné à prévenir la tuberculose, aux nouveau-nés dans les 24 heures suivant leur naissance, ou jusqu’à l’âge de deux mois.
Les autorités birmanes ont expulsé 46 ressortissants vietnamiens impliqués dans des jeux d’argent en ligne et des escroqueries téléphoniques. Entrés illégalement via des pays voisins, ils opéraient dans plusieurs zones de l’État Karen. Leur retour s’est effectué par le pont de l’amitié Myanmar–Thaïlande n°2, en présence de représentants thaïlandais et vietnamiens. Les vérifications ont été supervisées par U Myint Phone, du ministère de l’Immigration. Depuis fin janvier, les autorités ont arrêté plus de 9 200 étrangers. Environ 9 000 ont déjà été expulsés, la plupart via la Thaïlande.
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