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THAÏLANDE – CAMBODGE : Retour sur les causes politiques du conflit

Date de publication : 25/07/2025
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Une analyse de Philippe Bergues

 

La guerre la plus bête du monde a démarré ce jeudi 24 juillet, alimentée par une surenchère de nationalisme, comme déjà relaté dans ces colonnes. Avec une nouvelle orientation depuis la révélation publique par le président du Sénat cambodgien, Hun Sen, d’un échange téléphonique avec Paetongtarn Shinawatra, dans une mise en scène qui contrevient à toute normalité et bienséance diplomatique entre deux pays voisins, partenaires de surcroît au sein de l’organisation régionale l’ASEAN (Association des Nations de l’Asie du Sud-Est fondée en 1967).

Paetongtarn accuse clairement le Cambodge d’agression

 

La Première ministre suspendue et toujours ministre de la Culture, Paetongtarn Shinawatra, a condamné sur X (ex-Twitter) le Cambodge d’avoir été le déclencheur « pour le recours à la violence et les actes d’agression le long de la frontière thaïlandaise, au cours desquelles la partie cambodgienne a pris l’initiative d’utiliser des armes et a tiré sur le territoire thaïlandais, touchant à la fois des fonctionnaires et des civils innocents ».

 

Au moment où je rédige cet article, le bilan est de 12 morts côté thaïlandais (11 civils et un soldat) et inconnu côté cambodgien. Des « fake news » ont été colportées au Cambodge sur un nombre plus important de militaires thaïlandais tués et sur un avion de combat abattu. Cette guerre stupide va avoir un coût, c’est certain. Maintenant que Hun Sen et Hun Manet, son fils Premier ministre, apparus tous les deux aujourd’hui en uniforme de chefs de guerre, ont bombardé des civils en usant de roquettes, leur crédibilité morale est mise à terre. Car il semble, qu’à cette heure, l’armée royale thaïlandaise se soit interdite – ou retenue – d’aller massacrer la population khmère.

 

Une guerre pour masquer des difficultés intérieures pour Hun Sen ?

 

Pavin Chachavalpongpun, universitaire et exilé politique thaïlandais au Japon, qu’on ne peut pas qualifier de fervent admirateur de la RTA (Royal Thai Army), voit dans cette guerre entre Khmers et Siamois, une sorte de continuation de la politique intérieure par d’autres moyens. « En période faste, les dirigeants seraient prêts à mettre l’histoire de côté, mais lorsqu’un régime devient vulnérable et rencontre des défis intérieurs, il est parfois facile, pratique et même légitime de raviver les blessures de l’histoire pour détourner l’attention nationale » a déclaré le professeur Pavin.

 

Cette analyse d’un politologue confirmé tend à montrer que Hun Sen, au mépris de toute considération envers la Thaïlande, a été capable d’instrumentaliser une guerre avec son voisin. Tout en sachant qu’en face, les ultranationalistes thaïlandais allaient tomber dans le panneau et les militaires prêts à en découdre, au regard de la vieille rivalité. Siem Reap, aux portes d’Angkor, tout le monde connaît ; beaucoup moins savent que ce patronyme signifie « la défaite du Siam », lié à la perte de cette région au profit du Cambodge, à l’époque de l’Indochine française.

 

Une guerre aussi entre clans familiaux

 

Thaksin Shinawatra, l’influent ancien Premier ministre, ex-conseiller personnel de Hun Sen, dont l’amitié a été trahie par le coup de fil divulgué, a aussi clairement accusé ce jeudi l’homme fort du Cambodge d’avoir commandé les attaques transfrontalières. Ajoutant que, « désormais, les forces thaïlandaises peuvent réagir selon leurs plans tactiques, et le Ministère des Affaires étrangères peut déterminer diverses mesures en toute légitimité ». Selon Thaksin, « après que la Thaïlande ait fait preuve de patience et de retenue, après avoir respecté le droit international et rempli ses devoirs de bon voisin », l’heure est aux représailles militaires. Victime et non fautive selon Thaksin, la Thaïlande vit-elle son « union sacrée » entre les Shinawatra et les forces armées ?

 

Quelles conséquences politiques ?

 

Il est trop tôt pour percevoir les conséquences politiques internes en Thaïlande à cette heure. Ni les partis de la majorité, ni ceux de l’opposition n’ont commenté les événements du jour. Cela donnera-t-il un répit au Pheu Thai, à la tête d’une courte coalition, considérée comme faible par beaucoup d’observateurs, depuis la suspension de Paetongtarn comme cheffe de gouvernement ? Les manifestations anti-gouvernementales et anti-Shinawatra prévues fin juillet, par les groupes conservateurs et royalistes, vont-elles être ajournées ou reportées ? Et qui commande aujourd’hui les opérations en Thaïlande : le pouvoir civil ou l’armée royale qui se serait émancipée de tout contrôle gouvernemental ? Le gouvernement thaïlandais n’a ainsi toujours pas nommé son ministre de la Défense depuis le récent remaniement.

 

Philippe Bergues

 

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