Chaque semaine, notre ami Richard Werly, conseiller éditorial chez Gavroche, partage sa vision de la France sur le site d’actualités suisse Blick. Vous pouvez vous abonner à sa lettre d’information, Republick, ou la consulter en ligne.
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Bernard Arnault doit être satisfait. L’homme le plus riche de France, patron du très puissant géant du luxe LVMH, a obtenu gain de cause. Ses appels à tout faire pour préserver la paix commerciale entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis ont été entendus. Il lui faudra en revanche absorber 15 % de tarifs douaniers, en réduisant les marges sur tout ce que son groupe vend à ses clients américains : champagne, spiritueux, maroquinerie, parfums, articles de mode… Avec, cerise sur le gâteau transatlantique, l’ouverture annoncée pour 2027 d’une nouvelle usine Louis Vuitton sur le site d’Alvarado, au Texas, au sud-ouest de Dallas.
Le problème est que cette France cajoleuse de Trump ne ressemble guère à celle d’Emmanuel Macron, chantre de la souveraineté européenne, ou à celle de François Bayrou, qui parle d’un « jour sombre » et de « soumission ». Je résume : le patron le plus emblématique de la France compétitive au niveau international, avec ses marques luxueuses qu’il aime qualifier « d’ambassadrices », est donc en fait, selon le Premier ministre, le partisan d’un pays soumis à la loi du plus fort. Une fois de plus, le « en même temps » macroniste vire à l’impossible grand écart.
J’écris ces lignes avec, en tête, un souvenir olympique, un an après le début des JO parisiens de l’été 2024 : celui des médailles offertes aux athlètes victorieux dans un coffret LVMH. Fabriquées par l’atelier Chaumet, ces « malles » devaient incarner la France. Or, deux mois plus tard, une fois la flamme olympique éteinte, une centaine de ces médailles ont commencé à rouiller. Les champions récompensés ont même parlé de « peau de crocodile ». La médaille commerciale décrochée par Trump aux dépens de l’UE est-elle du même métal ?
Bonne lecture, sur un air d’Amérique !
(Pour débattre : richard.werly@ringier.ch)
NB: La Républick prend ses quartiers d’été au mois d’août. Pas au Fort de Brégançon comme Emmanuel Macron. Mais quand même sous le soleil. Retour début septembre.
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Et les 39 % de douane pour la Suisse, il en pense quoi votre « ami » Werly ? Jamais trop bavard pour son pays !
Cher lecteur, Notre conseiller éditorial Richard Werly n’a pas vocation à commenter l’actualité de la Suisse dans nos colonnes. Mais nous vous renvoyons à ces deux articles publiés sur Blick. Continuez de nous lire et continuons de débattre
https://www.blick.ch/fr/monde/les-39-de-la-suisse-sont-ils-la-consequence-des-15-europeens-id21103516.html
https://www.blick.ch/fr/monde/39-pour-avoir-dit-non-vu-deurope-la-suisse-a-le-courage-de-resister-a-trump-id21101776.html
Le choix de la soumission permet à la France de se présenter en martyre et de se réfugier dans son délire paranoïaque obsessionnel qui prend sa source dans Chateaubriand : l’horreur du traité de 1815, la rive gauche du Rhin, l’alliance russe, les “130 années d’infirmité, d’insécurité, d’amertume”, la malveillance des Alliés, particulièrement des États-Unis, l’indépendance nationale, la dissuasion nucléaire grâce à laquelle la France a retrouvé son indépendance et sa puissance (conférence de presse, 27 novembre 1967). Il devait revenir à Jacques Chirac de parfaire l’œuvre de la Ve République en favorisant l’élection de François Mitterrand. On attend avec impatience l’élection présidentielle de 2027, clef de voûte des institutions : qui au débat de l’entre-deux-tours : François Hollande ou Dominique de Villepin, et maintenant Michel Barnier ? Ah ! Ah ! Ah ! Vous le saurez demain en écoutant le prochain épisode de notre grand roman-feuilleton… etc.
Aucune inquiétude à nourrir pour l’”homme le plus riche de France” qui a votre sollicitude feinte, mais fascinée. Ses champagnes, spiritueux, maroquinerie, parfums, articles emblématiques de la France amatrice des verroteries et autres colifichets, n’affecteront en rien leurs exportations.
Nous sommes ici dans une économie de la “dépense” envisagée naguère par Georges Bataille, où l’affichage somptuaire, aussi bien à usage interne qu’externe, se moque des prix. Les prix peuvent doubler, exploser… l’ego boursouflé de ces consommateurs de l’inutile ostentatoire n’en concevront qu’une satisfaction égotiste supplémentaire et les convaincront un peu plus de leur “supériorité” hallucinée et ridicule.
Mais, au terme de l’aventure, comme dans le fameux conte de Perrault, les carrosses ne sont que des citrouilles.
Merci cher lecteur de vos remarques. Bernard Arnault est bien l’un des hommes influents de France. Le commentaire visait aussi à le redire. Continuez de nous lire et de réagir ! La rédaction