Le plus grand parti du Parlement thaïlandais a repoussé, lundi 1er septembre, sa décision sur le candidat qu’il soutiendra pour former le prochain gouvernement. Un report qui prolonge l’incertitude, alors que deux camps rivaux courtisent ses voix décisives après la destitution du Premier ministre.
Dans l’opposition, le People’s party (le parti du Peuple) affirme qu’il ne participera à aucune coalition. Mais avec près d’un tiers des sièges à la Chambre, il détient un rôle clé pour sortir la Thaïlande de l’impasse politique née de la destitution de Paetongtarn Shinawatra, écartée vendredi par la Cour constitutionnelle pour violation de l’éthique.
Réunis lundi, les députés du People’s party ont examiné les avantages d’un éventuel soutien au Pheu Thai – parti de Paetongtarn Shinawatra – ou au Bhumjaithai, formation sortie de la coalition gouvernementale en juin et désormais engagée dans une campagne offensive.
Ce nouvel épisode illustre la longue bataille de pouvoir et de patronage qui agite le royaume depuis deux décennies. Paetongtarn Shinawatra, 39 ans, est devenue la sixième figure politique issue de la dynastie milliardaire Shinawatra, ou soutenue par elle, à être écartée par l’armée ou la justice. La deuxième en seulement un an.
Tout reste ouvert
Le Pheu Thai, autrefois hégémonique et fondé par l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, doit désormais tenter de reconstituer une coalition affaiblie et discréditée. Une fragilité qui profite à son ex-partenaire Bhumjaithai et à son leader ambitieux, Anutin Charnvirakul.
Une session parlementaire extraordinaire s’ouvrira mercredi. Selon le secrétaire général de la Chambre, un vote pour désigner un nouveau Premier ministre pourrait avoir lieu cette semaine, à condition que les partis s’accordent sur un candidat. Mais aucun des deux blocs ne dispose pour l’heure des voix suffisantes, laissant entrevoir un processus long et incertain, sans échéance fixée pour la formation du gouvernement.
Dans ce climat de rivalités, d’alliances mouvantes et de trahisons passées, les négociations s’annoncent intenses. La deuxième économie d’Asie du Sud-Est traverse une phase de croissance molle et l’instabilité politique ne fait qu’assombrir ses perspectives.
L’attention reste donc braquée sur le People’s party. Héritier du Move Forward, vainqueur des élections de 2023 avec un programme anti-establishment mais empêché de gouverner par l’alliance conservatrice et pro-armée, il apparaît comme l’arbitre incontournable de la crise actuelle.
Les dirigeants du Pheu Thai et du Bhumjaithai ont chacun rencontré les représentants du People’s party. Tous deux assurent être prêts à satisfaire ses conditions.
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