Avec le soutien de la Ville de Paris, six organisations non gouvernementales se sont associées pour rendre compte de la situation dramatique créée par le coup d’État militaire du 1er février 2021. Cartooning for Peace, Cartooning for Myanmar, Info-Birmanie, Fondemos, Visual Rebellion et Reporters sans frontières ont monté une exposition sans précédent de dessins de presse birmans. Celle-ci se tient jusqu’au 20 octobre 2025 sur les grilles parisiennes du parc des Buttes-Chaumont dans le XIXème arrondissement.
Un parcours tout public
A deux pas du quartier chinois de Belleville, il commence face au 45 avenue Simon Bolivar et se décline en une quinzaine d’étapes. Le long de larges trottoirs, textes et illustrations satiriques expliquent ce qu’est la junte conduite par le général Min Aung Hlaing, les luttes politiques d’un peuple à qui son gouvernement civil a été volé, les modes de coercition de la junte depuis quatre année et demie, les bombardements aériens incessants contre des cibles civiles, le drame du tremblement de terre du début d’année, les appels à rendre des comptes à la justice pour les crimes commis, les élections programmées par les militaires pour décembre 2025 – janvier 2026 et les réactions internationales (ASEAN, ONU, soutiens chinois et russes). Le ton des exposés est résolument politique mais, avant tout, informatif, pédagogique et solidaire.
Neuf journalistes – citoyens caricaturistes de talents interpellent les passants
S’inscrivant dans une longue histoire de la satire de presse, les cinq hommes et quatre femmes poursuivent leur engagement militant pour une Birmanie fédérale et démocratique depuis la Thaïlande et la France. Faisant fi de leurs conditions personnelles et matérielles difficiles, Ils s’appuient sur les réseaux sociaux pour diffuser leurs regards acérés et les journaux d’information ayant dû installer leurs rédactions à l’étranger.
Au cours des quatre dernières années, les forces de sécurité aux ordres de Nay Pyi Taw ont arrêté plus de 220 journalistes issus d’une centaine de médias. 176 d’entre ont été mis sous les verrous pour des infractions pénales en vertu de neuf lois différentes, principalement pour incitation à la violence, diffusion de « fausses informations » et violation des dispositions relatives à la lutte antiterroriste. Plus d’un sur cinq a été condamné à des peines courant de 10 à 27 ans de détention.
Malgré tout cela, les journalistes et les médias birmans d’opposition restent courageusement déterminés à créer un système d’information fiable pour un public qui aspire désespérément à connaître la vérité sur l’oppression militaire. L’exposition parisienne « Dessins pour la Birmanie » s’inscrit sans conteste dans cette démarche. En s’affichant dans l’espace public, elle interpelle sur une crise jugée bien souvent comme oubliée. C’est pourquoi, elle est appelée à circuler dans plusieurs communes françaises ; un programme qui reste encore à établir par les associations promotrices et leurs sponsors.
François Guilbert
Chaque semaine, recevez notre lettre d’informations Gavroche Hebdo. Inscrivez-vous en cliquant ici.