Gavroche a sélectionné pour vous les principales nouvelles de Birmanie cette semaine. Un survol indispensable pour quiconque suit ce pays d’Asie du Sud-Est.
France
Kim Aris, fils de la dirigeante birmane, a partagé mardi une lettre du président français Emmanuel Macron demandant la libération immédiate d’Aung San Suu Kyi. La missive, transmise à Aris par Christian Lechervy, l’envoyé spécial pour la Birmanie du ministère français des Affaires étrangères, dénonce la détérioration de sa santé et les difficultés d’accès à des soins appropriés dans le cadre de sa détention. La France, aux côtés des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’UE, du Canada, de l’Australie et du Japon, appelle depuis plusieurs années le régime birman à sa libération inconditionnelle.
Politique, Diplomatie
Le ministre birman des Affaires étrangères, Than Swe, a présenté la démolition de complexes d’arnaques à Myawaddy comme un signe de la lutte contre le crime transnational, affirmant que la majorité des travailleurs arrêtés étaient entrés illégalement et appelant à la coopération des pays voisins, dont la Thaïlande. Cependant, des images satellites et des sources locales suggèrent que les activités auraient été déplacées avec l’aide de la milice BGF.
Le Département de la Justice américain a lancé la Scam Center Strike Force (SCSF), avec une équipe dédiée à la Birmanie visant les grandes opérations d’escroquerie en Asie du Sud-Est. Mobilisant le procureur du district de Columbia, le FBI et d’autres agences, la SCSF traque les réseaux extorquant des milliards aux Américains, en utilisant sanctions, saisies et poursuites contre les organisations criminelles chinoises et leurs alliés birmans, dont la BGF. Les États-Unis ont déjà saisi les sites du complexe Tai Chang, déployé des agents en Thaïlande et sanctionné la DKBA pour son soutien aux centres frauduleux.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a déclaré qu’il est impossible d’organiser des élections libres en Birmanie en décembre, en raison du chaos, des bombardements et des violations persistantes. Il rappelle que l’espace civique a disparu depuis le coup d’État de 2021 et que de vastes zones échappent au contrôle du régime, notamment dans l’État Rakhine. Le scrutin, déjà bloqué dans les zones rebelles et destiné à masquer la continuité du pouvoir militaire, intervient après la dissolution du NLD d’Aung San Suu Kyi.
La Kachin Independence Army (KIA) a déclaré à DVB qu’elle n’a pas engagé de discussions de cessez-le-feu avec le régime de Naypyidaw, malgré des rumeurs sur un accord médié par la Chine après celui de la TNLA le 29 octobre. Le porte-parole Naw Bu a précisé que les forces de résistance combattent toujours le MOC-21 dans le township de Bhamo depuis le 4 décembre.
Économie
La Banque centrale du Myanmar (CBM) a vendu plus de 502 000 USD aux importateurs d’huile comestible le 13 novembre, poursuivant une série de ventes quotidiennes et d’injections de devises visant à soutenir le marché, après avoir injecté plusieurs millions de dollars et de yuans depuis début novembre.
Le Département de la recherche agricole (Ministère de l’Agriculture) intensifiera la production de soja dans les régions d’Ayeyawady, Bago et l’État Shan. Un atelier de lancement du projet de recherche et développement pour la filière soja – visant l’autosuffisance en huile et en tourteau de soja – s’est tenu le 12 novembre à Nay Pyi Taw, avec la participation des responsables locaux et des experts.
Le Trésor américain a sanctionné la DKBA et quatre de ses dirigeants pour hébergement de centres massifs d’escroquerie en ligne liés à la traite humaine visant notamment les Américains. Deux entreprises, dont Trans Asia International Holding Group Thailand, sont également visées pour leur rôle dans le financement de ces réseaux criminels chinois. Ces activités ont poussé Washington à renforcer la « Scam Center Strike Force » pour lutter contre les centres d’escroquerie en Birmanie, au Laos et au Cambodge.
L’association MAVO annonce que les avocats Hass produits cette année seront principalement exportés vers Singapour et la Thaïlande. La production devrait dépasser les 3 000 tonnes récoltées l’an dernier. Les variétés Hass et Buccaneer sont surtout consommées dans les grandes villes birmanes, et la récolte a lieu de septembre à décembre. La Birmanie compte 25 000 acres de plantations réparties dans plusieurs États et régions du pays.
Le commerce bilatéral entre la Birmanie et l’Inde a atteint 2,1 milliards de dollars en 2024-2025, avec des exportations birmanes de 1,53 milliard dépassant largement les importations indiennes (614 millions), selon le Myanmar Trade Promotion Organization. L’Inde, quatrième partenaire commercial de Myanmar, a prolongé jusqu’au 31 mars 2026 la politique d’importation gratuite de black gram pour soutenir la demande croissante. Myanmar exporte principalement des pulses, produits forestiers et agricoles, tandis qu’elle importe produits pharmaceutiques, machines et aliments.
Société / Répression / Conflit
De violents combats opposent le régime et la KNLA dans le canton de Kawkareik, sur des routes commerciales clés menant à la Thaïlande. La KNLA et ses alliés tentent de bloquer l’avancée d’unités de l’armée, du BGF et de la DKBA. Les affrontements près de Htee Pho San ont entraîné la fermeture de l’autoroute asiatique et de l’ancienne route de montagne, paralysant le commerce frontalier.
L’armée birmane affirme avoir détruit près de 150 bâtiments du complexe frauduleux KK Park, connu pour exploiter des victimes de traite dans des escroqueries en ligne générant des milliards. Bien qu’elle prétende lutter contre ce fléau, des opposants estiment que les opérations sont limitées et destinées à rassurer la Chine, irritée par les fraudes visant ses citoyens, sans affaiblir les profits des milices alliées au régime.
La branche armée de la KNU et ses alliés ont repris la ville stratégique de Mawdaung. Située à la frontière thaïlandaise, elle joue un rôle crucial dans le commerce transfrontalier. L’offensive lancée quatre jours plus tôt a forcé les troupes du régime à fuir vers la Thaïlande. Les bombardements ont déplacé près de 1 000 habitants, et la KNU contrôle désormais la route jusqu’au village de Theinkun.
Les forces de résistance ont mené une embuscade majeure contre une colonne de l’armée et des miliciens Pyu Saw Htee, tuant au moins 50 membres et en capturant 15 dans la région de Sagaing. L’attaque de trois heures a permis de saisir un important arsenal. En réponse, l’armée a effectué des raids aériens, mais l’avancée du régime reste entravée, provoquant le déplacement de plus de 5 000 civils.
Alors que le régime tente de mobiliser les électeurs, un groupe de jeunes Mon-Khmer (Wa, Ta’ang, Mon) rejette le scrutin, qu’il considère comme une farce visant à légitimer le pouvoir militaire. Ils appellent les acteurs nationaux et étrangers, y compris la Chine, à ne pas reconnaître les élections.
Le régime a repris le contrôle des territoires perdus dans les cantons de Madaya et Patheingyi, incluant des sites stratégiques comme la mine d’or de Phayaung Taung et le barrage de Sedawgyi. Cette reconquête est rendue possible par le désarmement forcé de groupes rebelles de l’État Shan sous pression chinoise, libérant des forces pour Mandalay. Le régime pourrait désormais cibler Thabeikkyin et Singu.
Le township de Mogok (région de Mandalay), riche en mines de rubis, pourrait être administré par le National Unity Government (NUG) avec la People’s Defence Force (PDF) assurant la sécurité, après le retrait annoncé de la TNLA le 25 novembre. La TNLA, liée à l’accord de cessez-le-feu médié par la Chine du 29 octobre, n’a pas informé les habitants de ses plans de retrait.
Les autorités malaisiennes ont intensifié les recherches en mer d’Andaman pour des dizaines de Rohingya après le naufrage d’un bateau la semaine dernière et la disparition d’un autre. Au moins 21 corps ont été retrouvés – 12 en Malaisie et 9 en Thaïlande voisine – et 13 survivants ont été secourus. La situation des Rohingya reste critique, nombreux tentant de fuir les violences en Birmanie et les conditions difficiles des camps au Bangladesh.
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