
Nous publions ici un résumé de l’excellente analyse signée par Jean Raphaël Peytregnet dans « Nouveaux regards sur l’Asie », publication à télécharger gratuitement ici.
Le temps est loin (1967) où l’ASEAN ne regroupait que 5 pays : Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour et Thaïlande. Dans la Déclaration de Bangkok, ces pays affirmaient leur solidarité pour contrer, indirectement, l’expansion communiste à leurs frontières, avec le soutien des États-Unis, hantés par la « théorie des dominos ». Cette crainte s’est révélée infondée, d’autant que l’URSS disparut en 1991, permettant à l’ASEAN de s’élargir : Brunei (1984), Vietnam (1995), Laos et Birmanie (1997), Cambodge (1999), puis Timor Leste, portant le total à 11 membres, avec la présidence tournante en 2025.
Cherchant une intégration économique comparable à l’UE tout en respectant la souveraineté de membres disparates, l’ASEAN est aujourd’hui la principale organisation régionale d’Asie du Sud-Est, avec un PIB cumulé de 3 800 milliards de dollars et 700 millions d’habitants. Ses 11 pays font de l’Association la troisième économie d’Asie et la cinquième mondiale.
En raison de son potentiel et de sa position géostratégique, l’ASEAN est au cœur des tensions entre grandes puissances. En 2018, face aux droits de douane américains sur la Chine, Pékin mit en place la stratégie « China Plus One », transférant une partie de sa production vers certains pays d’Asie du Sud-Est, attirant investissements et activités manufacturières, notamment au Vietnam, Thaïlande, Malaisie et Cambodge.
L’administration Trump II menaça en 2025 de hausses tarifaires importantes pour ces pays (36 à 49 %), mais après négociations, elles furent ramenées à environ 19 % (40 % pour Laos et Birmanie), avec des concessions économiques des partenaires stratégiques et alliés des États-Unis. Trump participa au Sommet de Kuala Lumpur, revenant en vedette lors de la signature d’un accord de paix Cambodge-Thaïlande, tandis que Modi était absent pour Divali et les tensions commerciales.
Le Sommet permit à Washington de conclure avec la Malaisie un protocole sur les minéraux critiques, visant à diversifier les chaînes d’approvisionnement. Des accords similaires furent signés avec la Thaïlande, le Japon, l’Ukraine et l’Australie. Pendant ce temps, la Chine lança le « CAFTA 3.0 » avec l’ASEAN, modernisant le libre-échange sur 9 domaines, en parallèle de l’IPEF américain, destiné à renforcer l’influence des États-Unis dans la région.
L’Asie du Sud-Est reste donc le terrain d’affrontement des deux grandes puissances. Un sondage de l’ASEAN Studies Center indique que 52,3 % des pays de la région choisiraient Washington face à Pékin (47,7 %), illustrant le fragile équilibre entre interdépendance économique avec la Chine et sécurité assurée par les États-Unis.
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