Gavroche a sélectionné pour vous les faits marquants de l’actualité cambodgienne de la semaine écoulée. Un panorama essentiel pour comprendre les enjeux politiques, économiques et sociaux du Royaume.

Politique – Diplomatie

Le 15 décembre, le représentant permanent du Cambodge à l’ONU a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies. Phnom Penh exige l’arrêt immédiat des opérations militaires étrangères sur son territoire, qualifiées d’agression illégale. Cette initiative traduit la volonté du Premier ministre Hun Manet d’internationaliser le conflit afin de compenser le déséquilibre militaire sur le terrain.

Environ 300 à 500 citoyens khmers se sont rassemblés le 21 décembre 2025 devant la Maison Blanche pour appeler le président Donald Trump à intervenir afin d’empêcher, selon eux, une invasion de la Thaïlande au Cambodge.

La Cour d’appel de Phnom Penh a décidé de reporter au début de l’année 2026 l’audience en appel du dossier de « collusion avec une puissance étrangère » visant l’opposant Kem Sokha, initialement prévue le 18 décembre 2025. Ce report s’inscrit dans une longue série de renvois dénoncés par la défense.

Le ministre des Affaires étrangères, Prak Sokhonn, a mené une intense offensive diplomatique. Le 18 décembre, il s’est entretenu avec son homologue chinois Wang Yi, réaffirmant l’« amitié de fer » avec Pékin et sollicitant une médiation en vue d’un cessez-le-feu. Les jours suivants, il a reçu des représentants de l’Union européenne et de la France, avant de se rendre sur le terrain à Ang Snuol pour distribuer de l’aide humanitaire aux déplacés.

Sur le plan intérieur, les autorités ont appelé à l’unité nationale. Le ministre de l’Éducation a exhorté la population, notamment la jeunesse, à faire preuve d’une « confiance absolue » envers les dirigeants. Le gouvernement gère désormais plus de 135 000 déplacés internes et renforce le contrôle des réseaux sociaux afin de lutter contre la « désinformation ».

Le 16 décembre, le ministère de la Défense a accusé les forces thaïlandaises d’avoir utilisé des « gaz toxiques » lors de combats à O Bei Choan. Bien que Bangkok ait démenti, ces accusations ont servi à réclamer une enquête internationale.

L’opposant en exil Sam Rainsy appelle Hun Sen à quitter le pouvoir, l’accusant de privilégier des intérêts personnels et familiaux au détriment de l’intérêt national, d’alimenter les tensions frontalières avec la Thaïlande et d’isoler le Cambodge sur la scène internationale.

Économie

Selon l’Observatoire asiatique des transports, les accidents de la route coûtent environ 1 Md USD par an au Cambodge, soit 2,5 % du PIB. L’OMS recense plus de 2 000 morts et 3 000 blessés graves cette année. Le rapport souligne la faiblesse persistante des infrastructures routières et estime qu’un investissement annuel de 129 M USD permettrait de sauver environ 1 000 vies par an.

Les exportations de manioc ont atteint 544 M USD sur les dix premiers mois de 2025, en baisse de 11,3 % sur un an. Un protocole d’accord signé avec le Vietnam prévoit toutefois l’exportation de près de 7 Mt sur cinq ans, garantissant des débouchés aux producteurs, mais sans favoriser la transformation locale.

Le commerce extérieur a atteint 58 Md USD sur les onze premiers mois de 2025 (+16 %). La Chine reste le premier partenaire commercial, suivie des États-Unis et du Vietnam. Malgré les tensions frontalières et les droits de douane américains, les échanges poursuivent leur progression et se diversifient.

La Banque mondiale a abaissé sa prévision de croissance pour 2025 à 4,8 %, invoquant la crise immobilière et le choc frontalier avec la Thaïlande. Cette instabilité affecte la confiance des investisseurs et le commerce de transit. Les marchés financiers ont immédiatement réagi, l’indice de la CSX chutant de 1,06 % le 15 décembre.

Société

Le 21 décembre, le ministère de l’Intérieur a confirmé que plus de 510 000 personnes avaient fui leurs foyers en raison du conflit. L’intensification des combats dans le nord-ouest du pays a provoqué un exode massif vers les provinces intérieures.

Le gouvernement a fait état de 18 civils tués par des tirs d’artillerie et a renforcé son contrôle sur les réseaux sociaux, interdisant toute critique de la stratégie militaire. Parallèlement, des campagnes de boycott des produits thaïlandais ont pris de l’ampleur, créant des tensions sur l’approvisionnement dans certaines régions.

Le Royal Group a annoncé que ses employés feraient don de 5 % de leur salaire pour soutenir l’effort national. Dans le secteur éducatif, 1 039 écoles ont été fermées, privant plus de 240 000 élèves de cours. Les solutions temporaires mises en place restent très limitées.

À O’smach, des frappes ont visé des complexes de casinos soupçonnés d’abriter des centres de cybercriminalité. L’ONU s’est inquiétée du sort de milliers de victimes de traite humaine prises au piège des combats.

Tourisme – Culture

Le secteur touristique a fortement chuté avec la fermeture des frontières et l’insécurité autour de sites majeurs comme Preah Vihear. Les chambres de commerce signalent une baisse marquée des réservations, y compris à Siem Reap, accentuant la pression sur la stabilité monétaire.

L’UNESCO a alerté sur les menaces pesant sur le temple de Preah Vihear, dénonçant les bombardements à proximité du site classé. Le gouvernement a relayé cette alerte pour accuser l’autre partie de violations du droit international.

Pour soutenir le secteur, le ministère du Tourisme a organisé à Siem Reap, du 18 au 20 décembre, un forum de coopération avec des opérateurs chinois, misant sur le marché asiatique pour préparer la reprise en 2026.

Malgré la crise, la vie culturelle s’est poursuivie à Phnom Penh, avec le festival Photo Phnom Penh et la clôture de l’exposition « Le temps de la mémoire » à l’UNESCO. Ces événements témoignent de la volonté du pays de préserver sa créativité et sa mémoire historique face aux défis actuels.

Chaque semaine, recevez notre lettre d’informations Gavroche Hebdo. Inscrivez-vous en cliquant ici.