Cette semaine, les investisseurs gardent les yeux rivés sur les négociations commerciales avec Washington, tandis que le boom du tourisme étranger en Chine se confirme, porté… par la pop culture. Tour d’horizon et agenda macro des prochains jours.
Le fait marquant : l’accord commercial surprise États‑Unis–Japon
Le 23 juillet, un accord commercial surprise entre les États-Unis et le Japon a fait la une de l’actualité en Asie. Les économistes japonais estiment que cet accord pourrait stimuler la croissance économique du pays. En conséquence, la Banque du Japon pourrait revoir plus rapidement sa politique monétaire, qui consiste actuellement à maintenir des taux d’intérêt très bas pour soutenir l’économie. Sans augmenter immédiatement ses taux, la banque centrale pourrait adopter une position moins accommodante, passant d’une attitude très souple à une position plus équilibrée.
Parallèlement, la Chine et l’Union européenne ont tenu un sommet de haut niveau à Pékin pour évoquer, entre autres, les dossiers commerciaux et économiques. En amont de la réunion de juillet du Politburo, les experts n’anticipent néanmoins qu’un assouplissement limité : Pékin semble privilégier des ajustements ciblés plutôt qu’un stimulus massif.
Enfin, en Thaïlande, la nomination d’un nouveau gouverneur à la Banque de Thaïlande pourrait signaler un changement de ton monétaire, à surveiller de près pour les flux vers la dette locale et le baht.
Chine : quand la pop culture dope le tourisme entrant
Le phénomène « China Travel » s’amplifie en 2025, avec des arrivées de touristes étrangers à Pékin et Shanghai déjà supérieures aux niveaux de 2019. Toutefois, cette croissance est très inégale selon les régions d’origine. En effet, les visiteurs venus d’Asie émergente connaissent une hausse spectaculaire par rapport à 2019, avec notamment le Vietnam (+824 %), la Malaisie (+255 %) et l’Indonésie (+243 %), tandis que les flux en provenance d’Europe et d’Amérique du Nord restent en retrait.
Cette dynamique s’explique principalement par deux facteurs : une accessibilité renforcée, grâce à des facilités de visa et un réseau aérien plus dense, et un renforcement des liens économiques entre la Chine et les pays de l’ASEAN. Fait remarquable, les dépenses des touristes d’Asie du Sud-Est atteignent désormais des niveaux comparables à ceux des visiteurs issus des économies avancées.
À l’avenir, l’essor de la pop culture chinoise — à travers des phénomènes viraux comme Labubu, des séries télévisées ou des influenceurs — pourrait devenir un moteur supplémentaire pour attirer les voyageurs, transformant leur curiosité culturelle en voyages concrets. Ce développement ouvre des opportunités pour les investisseurs dans les secteurs du divertissement et du commerce en ligne, mais aussi dans les segments de consommation discrétionnaire tels que le retail, les boutiques duty free, la restauration, ainsi que dans les infrastructures aéroportuaires et les opérateurs de transport liés aux grands hubs.
L’agenda des prochains jours
Au Japon, la Banque du Japon devrait maintenir son taux directeur à 0,50 %, mais adopter un ton moins accommodant suite à l’accord commercial signé le 23 juillet. Parallèlement, la production industrielle de juin est attendue en baisse de 2,0 % en variation mensuelle corrigée des variations saisonnières, après un recul de 0,1 % en mai, ce qui reflète un ralentissement de la demande extérieure ainsi que des ajustements d’inventaires.
En Chine, le PMI manufacturier de juillet devrait rester quasi stable à 49,6, indiquant une contraction modérée de l’activité industrielle, ce qui correspond à une approche prudente de relance attendue de la part du Politburo. Par contraste, en Corée du Sud, les exportations de juillet sont attendues en forte accélération à +7,5 % sur un an (contre +4,3 % en juin), soutenues par un plus grand nombre de jours ouvrés, une hausse significative des exportations de navires, ainsi qu’une demande toujours robuste en semi-conducteurs.
Ce qu’il faut surveiller (et comment se positionner)
Un ton plus neutre de la Banque du Japon pourrait renforcer le yen et tendre la courbe des taux, ce qui profiterait particulièrement aux valeurs domestiques sensibles à une normalisation monétaire, comme les banques et les assurances. En revanche, les exportateurs devront s’adapter à un yen potentiellement plus fort, ce qui pourrait peser sur leur compétitivité.
Du côté de la Chine, la thématique du tourisme et de la pop culture reste un secteur porteur, avec un intérêt marqué pour les plateformes de contenu, les licences de propriété intellectuelle ainsi que les opérateurs de retail et d’expérientiel dans les grandes métropoles.
En Corée du Sud, la solidité du secteur des semi-conducteurs combinée au rebond des exportations de navires soutient une vision positive sur certains segments cycliques, renforçant l’attrait des valeurs technologiques et du shipping dans la région.
En résumé, l’accord commercial entre les États-Unis et le Japon redéfinit les perspectives de croissance et influence les anticipations autour de la politique monétaire de la Banque du Japon. Parallèlement, la Chine connaît un afflux massif de touristes venus d’Asie émergente, avec la pop culture locale qui pourrait bientôt jouer un rôle clé pour dynamiser encore davantage ce secteur. À court terme, les prochains indicateurs – comme le PMI chinois, la production industrielle japonaise et les exportations sud-coréennes – permettront de mieux comprendre l’évolution d’un cycle asiatique encore marqué par des dynamiques contrastées, entre une normalisation monétaire progressive au Japon et une reprise culturelle en Chine.
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