Le département du Trésor américain a annoncé, lundi 8 septembre, une nouvelle série de sanctions contre de puissants réseaux d’arnaques en ligne opérant depuis l’Asie du Sud-Est. Selon Washington, ces organisations criminelles transnationales, recourant à la traite d’êtres humains et au travail forcé, ont coûté plus de 10 milliards de dollars aux Américains en 2024.
Ces mesures visent notamment neuf entités basées à Shwe Kokko, en Birmanie, fief du groupe armé Karen National Army (KNA) déjà désigné par l’OFAC (Office of Foreign Assets Control), ainsi que dix cibles situées au Cambodge, principalement à Sihanoukville et Bavet.
« L’industrie des cyber-escroqueries en Asie du Sud-Est menace à la fois la sécurité financière des Américains et réduit des milliers de personnes à une forme moderne d’esclavage », a déclaré John K. Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé du renseignement financier.
Arnaques massives et esclavage moderne
Les escroqueries, souvent menées via de fausses plateformes d’investissement en cryptomonnaies, utilisent des méthodes de manipulation émotionnelle — promesses de relations amoureuses ou amicales — pour convaincre les victimes d’investir. Les fonds sont ensuite détournés. Les opérateurs recrutent des travailleurs sous de faux prétextes, puis les retiennent par la dette, la violence et la menace d’exploitation sexuelle.
Le hub de Shwe Kokko dans le viseur
Au cœur de ces activités, le complexe de Yatai New City, créé par l’homme d’affaires sino-cambodgien She Zhijiang avec la complicité du KNA, s’est imposé en quelques années comme une plaque tournante du crime organisé. Casinos, trafic de drogues, prostitution et cyber-escroqueries y prospèrent, alimentés par une main-d’œuvre contrainte. La Thaïlande a tenté à plusieurs reprises de couper l’alimentation électrique du site, sans parvenir à l’arrêter.
Le rôle du Cambodge
Au Cambodge, plusieurs complexes hôteliers et casinos transformés en centres d’escroquerie sont également sanctionnés. Parmi eux, T C Capital, propriétaire du Golden Sun Sky Casino à Sihanoukville, ainsi que K B Hotel et ses filiales, accusés d’avoir recours à des travailleurs réduits en esclavage pour mener des arnaques en ligne. Des personnalités telles que Dong Lecheng, Xu Aimin ou encore Chen Al Len figurent désormais sur la liste noire américaine.
Des sanctions lourdes
En vertu de plusieurs décrets présidentiels, dont le Global Magnitsky Act, ces sanctions gèlent tous les avoirs des personnes et entités désignées aux États-Unis et interdisent toute transaction avec elles. Les contrevenants, américains ou étrangers, s’exposent à de lourdes sanctions civiles et pénales.
Avec cette nouvelle salve, Washington entend accroître la pression contre les réseaux criminels transnationaux qui prospèrent en Asie du Sud-Est, au croisement du crime organisé, de la corruption politique et des violations massives des droits humains.
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