Le moment est propice, à mi-chemin de la visite d’Emmanuel Macron en Asie du Sud-Est, pour juger de son premier bilan après son passage au Vietnam, et quelques heures déjà passées en Indonésie.
Premier constat : seuls les contrats comptent. Le président français en a conclu une belle salve au Vietnam, et il devrait en faire de même à Jakarta, où son meilleur allié régional, le chef de l’État Prabowo Subianto, se réjouit déjà d’être présent à Paris pour le défilé du 14 juillet.
Second constat : mutisme absolu d’Emmanuel Macron sur les droits de l’homme. Rien. Silence total. Les partisans du commerce avant tout se réjouiront de cette approche qui commence à ressembler à celle d’un Donald Trump. Problème : la France n’est pas les États-Unis. Dommage que la voix présidentielle ne se soit pas portée au secours des intellectuels vietnamiens emprisonnés, et dommage aussi que tous les crimes passés couverts par le général Prabowo, en Indonésie, soient désormais mis de côté.
Troisième constat : la proposition française de nouer des coalitions asiatiques pour exister entre les États-Unis et la Chine reste pour le moment lettre morte. Emmanuel Macron est écouté. Il le sera au forum Shangri-La de Singapour ce week-end. Mais dans les faits, rien de concret. Les accords stratégiques signés sont davantage de grands accords de coopération. Paris fait entendre sa voix. Mais la capacité de la France à peser dans la balance stratégique régionale n’est pas prise très au sérieux.
Quatrième constat enfin : Emmanuel Macron a, cette fois, choisi de mettre de côté l’Europe. Il vient pousser les pions français. Et il se garde bien, jusque-là, de parler du dossier ukrainien. Le président aime présenter la France comme une puissance « d’équilibres ». Cela tombe bien. Sa visite est, à bien des égards, celle d’un équilibriste.
Faut-il s’en réjouir ou le déplorer ? Emmanuel Macron n’est pas Donald Trump !
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