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ASIE – GÉOPOLITIQUE : La diplomatie du vieillissement, une réalité onusienne

Date de publication : 22/11/2025
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Par Ioan Voicu, ancien ambassadeur de Roumanie en Thaïlande

Une nouvelle contribution majeure de la diplomatie multilatérale

 

Cette chronique s’inspire d’un document social récent, adopté le 11 novembre 2025 par la Troisième Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies. Intitulé « Suivi de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement », il a été présenté au nom des États membres du Groupe des 77 et de la Chine, qui compte 134 États, dont les 11 pays de l’ASEAN.

 

Ce texte de 12 pages, comprenant un long préambule et 73 paragraphes opérationnels, invite à une réflexion approfondie sur les recommandations d’un organe prestigieux de la diplomatie multilatérale, élaborées dans le prolongement de la Déclaration politique et du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement (2002).

 

Le document attire l’attention par le style direct et prescriptif adopté pour formuler les recommandations des 193 États membres. L’Assemblée générale y répète des formules telles que : « elle invite tous les États », « elle encourage les États Membres », « elle souligne la nécessité », « elle réaffirme », « elle recommande », ou encore « elle exhorte ». Ces expressions structurent un appel ferme à l’action en matière de droits des personnes âgées, de lutte contre l’âgisme, de sensibilisation au Plan d’action de Madrid, de réduction de la fracture numérique et d’appui renforcé du système des Nations Unies.

 

Vieillissement mondial et défis intergénérationnels

 

Parmi les aspects essentiels de la résolution, l’un des plus significatifs concerne le vieillissement démographique, phénomène particulièrement marqué en Asie mais également mondial. Les Nations Unies rappellent qu’entre 2024 et 2030, la population des personnes âgées de 60 ans et plus augmentera de 19 %, passant de 1,2 à 1,4 milliard, dépassant le nombre de jeunes et doublant celui des enfants de moins de cinq ans. Cette croissance est la plus rapide dans les pays en développement.

 

Cette évolution rend impérative la promotion de la solidarité intergénérationnelle, dimension essentielle des efforts de développement durable. Le Groupe des 77, la Chine et l’ONU invitent les États à reconnaître les besoins et les contributions des personnes âgées face aux défis contemporains — action climatique, réduction des risques de catastrophe, transformation technologique — et à valoriser les relations intergénérationnelles comme vecteur de cohésion sociale, de transmission des connaissances et de soutien mutuel.

 

Ainsi, l’Assemblée générale encourage explicitement les États membres à promouvoir le transfert intergénérationnel de compétences, notamment dans le monde du travail, afin d’exploiter le potentiel de chaque génération et de mieux s’adapter aux mutations économiques.

 

Elle souligne également la nécessité de rompre les logiques négatives de reproduction sociale : pauvreté, faim, inégalités et injustices, qui se transmettent encore d’une génération à l’autre, en particulier dans les pays en développement.

 

Par ailleurs, l’Assemblée générale rappelle que les personnes âgées rencontrent encore de nombreuses difficultés dans la jouissance de leurs droits humains. Elle invite les États à prendre des mesures concrètes contre la discrimination fondée sur l’âge, les violences, la négligence, l’isolement social ; à garantir la protection sociale, l’accès au logement, à la santé, aux technologies de l’information ; et à renforcer les dispositifs juridiques garantissant la capacité juridique et l’accès à la justice.

 

Enfin, l’Assemblée générale encourage tous les États à renforcer leurs capacités nationales pour mettre en œuvre les priorités identifiées dans le cadre du Plan d’action de Madrid : stratégies fondées sur l’ensemble du parcours de vie, cohésion intergénérationnelle, collecte de données, recherche, formation du personnel spécialisé.

 

Focus : Le vieillissement en Asie — dynamiques, défis et perspectives

 

L’Asie est aujourd’hui la région du monde où le vieillissement est le plus rapide et le plus massif. Ce phénomène s’explique par la combinaison de trois tendances : baisse de la fécondité, allongement de l’espérance de vie et transformation accélérée des structures sociales.

 

1. Une transition démographique sans précédent

 

  • L’Asie abrite déjà plus de la moitié des personnes âgées du monde.
  • La Chine compte environ 300 millions de personnes de plus de 60 ans ; ce nombre devrait atteindre 400 millions en 2035.
  • Le Japon reste le pays le plus âgé au monde, avec environ 30 % de sa population âgée de 65 ans et plus.
  • La Corée du Sud deviendra, selon les projections, l’un des pays les plus âgés d’ici 2040, dépassant même le Japon dans la précocité du vieillissement.
  • Les pays de l’ASEAN connaissent également une transition rapide : la Thaïlande et Singapour sont déjà des « sociétés vieillissantes », tandis que le Vietnam, l’Indonésie ou les Philippines suivront la même trajectoire dans les prochaines décennies.

2. Des conséquences sociales majeures

 

  • Affaiblissement des structures familiales traditionnelles : l’urbanisation et les migrations internes fragilisent les réseaux de soutien fondés sur la famille élargie.
  • Insuffisance des systèmes de protection sociale : beaucoup de pays asiatiques ne disposent pas de régimes de retraite complets ou suffisamment financés.
  • Hausse des besoins en santé et en dépendance : les dépenses liées aux maladies chroniques augmentent rapidement.
  • Risque d’isolement social : particulièrement pour les personnes âgées vivant en ville, loin de leurs enfants.

3. La solidarité intergénérationnelle, un enjeu culturel et stratégique

 

La région conserve de fortes traditions de respect filial, mais celles-ci sont mises à l’épreuve par les transformations économiques. La solidarité intergénérationnelle doit donc être réinventée, notamment via :

 

  • des programmes de cohabitation intergénérationnelle ;
  • des politiques de « vieillissement actif » ;
  • la participation des personnes âgées à l’économie, à la formation et au mentorat ;
  • des initiatives numériques pour réduire la fracture technologique entre générations.

4. Vers de nouveaux modèles asiatiques du vieillissement ?

 

Plusieurs pays expérimentent déjà des solutions innovantes :

 

  • Japon : technologies de soins assistés par robotique, quartiers conçus pour le vieillissement actif.
  • Singapour : politiques d’intégration intergénérationnelle dans l’habitat public (HDB), programmes de mentorat intergénérationnel.
  • Chine : développement rapide de services de soins à domicile, investissements massifs dans la « silver economy ».

Conclusion

 

La solidarité intergénérationnelle en Asie revêt aujourd’hui une importance particulière dans un contexte marqué par un vieillissement démographique accéléré, des transformations économiques profondes et une urbanisation rapide.

 

Si les structures familiales traditionnelles sont mises à l’épreuve, les valeurs de respect filial, de transmission des savoirs et d’entraide demeurent essentielles pour préserver la cohésion sociale. Cette solidarité est non seulement un héritage culturel, mais aussi une nécessité contemporaine, permettant de compenser la faiblesse relative des systèmes de protection sociale, de renforcer le lien social et de promouvoir un développement durable fondé sur la complémentarité entre générations.

 

Dans une Asie en transition, revitaliser la solidarité intergénérationnelle est devenu un impératif pour assurer la stabilité et la continuité des sociétés.

 

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