Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
Des groupes armés opposés au régime birman dans le sud du pays ont fermement rejeté les élections envisagées par la junte, menaçant de recourir à la force contre toute tentative d’y participer. La Mon State Revolutionary Force (MSRF) et la Ye People’s Defense Force ont déclaré que le régime formait actuellement du personnel à l’utilisation de machines de vote électronique en vue d’un scrutin prévu pour décembre ou janvier. Elles ont mis en garde les fonctionnaires contre toute collaboration avec ce processus électoral. Mi Tala Nyan, représentante de la MSRF, a affirmé que des actions militaires seraient engagées pour empêcher la tenue de ces élections, conformément aux directives du Conseil fédéral de l’État Môn, dont ces deux groupes constituent les branches armées. Le conseil a, pour sa part, déjà condamné fermement le projet électoral de la junte.
Le Timor-Leste, reconnu pour son soutien public au Gouvernement d’unité nationale (NUG) de Birmanie, a récemment amorcé un contact diplomatique avec le régime militaire birman. Le 24 juillet, Olandino Ruide Andrade, chargé d’affaires de l’ambassade timoraise, a rencontré le vice-ministre des Affaires étrangères à Naypyidaw. D’après les médias officiels birmans, Dili aurait exprimé sa volonté de maintenir des relations amicales avec l’ensemble des États membres de l’ASEAN, y compris la Birmanie, allant jusqu’à inviter le régime à ouvrir une ambassade à Dili. Ce geste diplomatique interroge : marque-t-il un infléchissement de la position du Timor-Leste à l’égard de la junte, alors que le pays cherche à devenir membre à part entière de l’ASEAN ?
L’ONG Justice For Myanmar (JFM) a appelé, le 25 juillet, à des sanctions contre le groupe chinois Norinco, accusé d’alimenter militairement la junte birmane. L’organisation exhorte Pékin à cesser toute livraison d’armes et de technologies de surveillance, dénonçant une « complicité dans les atrocités militaires ». L’appel intervient après la saisie, le 20 juillet, de munitions Norinco par la Force de Défense du Peuple (PDF) de Mandalay dans les cantons de Madaya et Patheingyi. Les images publiées montrent des caisses estampillées Norinco contenant des charges de déminage GBP128, supposément issues d’un contrat datant de 2017. JFM souligne que Norinco, également maison mère de Wanbao — exploitant d’une mine de cuivre controversée — joue un rôle central dans l’armement birman. Un rapport de l’ONU publié en mai 2023 a révélé que sa filiale China Wanbao Engineering aurait fourni entre 5 et 10 millions de dollars de matériel militaire à la junte entre février 2021 et décembre 2022.
Économie
Le régime militaire birman multiplie les efforts pour attirer des investissements étrangers dans les secteurs de l’électricité et de l’énergie. Tin Aung San, président de la Commission de développement de l’électricité et de l’énergie, a plaidé pour la création d’un « guichet unique » visant à faciliter l’accès au foncier et à lever les obstacles bureaucratiques freinant les projets énergétiques. Dans cette optique, le ministère de l’Investissement et des Relations économiques extérieures a mis en place un groupe de travail dédié à la promotion de la coopération et des investissements dans le secteur. Cette offensive survient dans un contexte de pénuries chroniques d’électricité et de flambée des prix du carburant, aggravées par les sanctions occidentales et une fuite massive des capitaux, qui compliquent les importations de carburant. Malgré d’importantes ressources naturelles, la Birmanie reste structurellement sous-capitalisée pour assurer sa propre production énergétique.
Le département du Trésor américain a levé plusieurs sanctions visant des proches du chef de la junte birmane, Min Aung Hlaing, ainsi que des entreprises liées à l’armée, sans en expliquer les raisons. Cette décision intervient après l’envoi d’une lettre élogieuse du général Min Aung Hlaing à Donald Trump. Parmi les entités concernées figurent KT Services and Logistics, sanctionnée en 2022 pour ses liens avec l’armée, ainsi que Myanmar Chemical and Machinery Company, Suntac Technologies, et plusieurs individus clés dans les circuits d’approvisionnement militaire du régime. La Maison Blanche n’a pas encore commenté cette levée de sanctions, qui pourrait marquer un tournant diplomatique implicite dans les relations entre Washington et Naypyidaw.
La Chine intensifie sa coopération avec la Birmanie. En visite à Naypyidaw cette semaine, Chen Xiaodong, chef de l’Agence chinoise de coopération internationale pour le développement (CIDCA), a réaffirmé le soutien financier de Pékin au régime. Le 24 juillet, il a rencontré le ministre des Affaires étrangères, Than Swe, pour évoquer l’aide à la reconstruction après le séisme de mars, la gestion des catastrophes et les projets d’infrastructure. Bras armé de l’Initiative “la Ceinture et la Route”, la CIDCA joue un rôle central dans la politique d’aide étrangère chinoise.
La Chine intensifie sa coopération avec la Birmanie. En visite à Naypyidaw cette semaine, Chen Xiaodong, chef de l’Agence chinoise de coopération internationale pour le développement (CIDCA), a réaffirmé le soutien financier de Pékin au régime. Le 24 juillet, il a rencontré le ministre des Affaires étrangères, Than Swe, pour évoquer l’aide à la reconstruction après le séisme de mars, la gestion des catastrophes et les projets d’infrastructure. Bras armé de l’Initiative “la Ceinture et la Route”, la CIDCA joue un rôle central dans la politique d’aide étrangère chinoise.
L’activité manufacturière birmane reste en repli en juin 2025, mais l’indice PMI se redresse légèrement à 49,0 (contre 47,6 en mai), signalant une détérioration modérée du secteur. Pour la première fois en plus de deux ans, l’emploi repart à la hausse. La production et les nouvelles commandes poursuivent leur baisse, mais à un rythme atténué. L’inflation des coûts reste contenue, permettant à certaines entreprises de proposer des remises. Toutefois, les perspectives restent incertaines : la majorité des industriels n’anticipe aucun changement de volume de production sur l’année à venir, en raison de tensions persistantes sur les matières premières, l’énergie et la main-d’œuvre. Le secteur tente de se stabiliser après le choc sismique d’avril, mais la confiance des entreprises reste fragile.
Société/Répression/Conflit
L’armée birmane a repris le contrôle de la majeure partie de Thabeikkyin, ville du nord de la région de Mandalay, après onze mois de domination par les forces de résistance. Des partisans du régime ont célébré cette victoire en diffusant des photos de soldats posant devant les bâtiments officiels de la ville. Il s’agit de la troisième reconquête militaire majeure en juillet, après Mobye et Nawnghkio. Située à une centaine de kilomètres au nord de Mandalay, Thabeikkyin est un centre stratégique d’extraction d’or et un point clé sur les rives de l’Irrawaddy, axe logistique essentiel pour le régime.
La ville de Pauktaw, dans l’État de Rakhine, reste en ruines dix-huit mois après sa prise par l’Armée d’Arakan (AA). Dévastée par les combats et les frappes du régime birman, cette localité autrefois animée sur les rives de la rivière Kywekhu est aujourd’hui abandonnée, ses habitants toujours déplacés. Environ 500 maisons, le marché central, les écoles et les bâtiments publics ont été détruits. Plus de 26 000 Rohingyas, parmi les déplacés, vivent dans des camps confrontés à la faim, aux maladies et à un accès limité à l’aide humanitaire.
Le vice-chef du régime birman, Soe Win, s’est rendu le 21 juillet à Nawnghkio, dans le nord de l’État Shan, une semaine après la reprise de la ville à l’Armée de Libération Nationale Ta’ang (TNLA). Il s’agit de la première visite d’un haut responsable militaire dans cette zone depuis le lancement de l’Opération 1027 en 2023, qui avait infligé de lourdes pertes au régime. Nawnghkio, reprise par la junte après un an de contrôle rebelle, occupe un carrefour stratégique reliant le nord et le sud du Shan et jouxte la région de Mandalay. Elle se trouve sur un axe commercial majeur entre Mandalay et Muse, point névralgique du commerce avec la Chine. Le régime vise désormais les villes de Kyaukme et Hsipaw pour rouvrir les routes commerciales vers Muse et Chinshwehaw, toujours sous contrôle de la Brotherhood Alliance.
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