Un mois après le violent séisme qui a frappé la Birmanie le 28 mars, la situation humanitaire demeure critique. Le dernier bilan officiel, relayé par la presse d’État, fait état de 3 835 morts, plus de 5 000 blessés et 105 personnes portées disparues. Les opérations de secours ont permis de sauver 653 survivants et de retrouver 779 corps. Malgré cela, les besoins urgents persistent, tant sur le plan matériel que psychologique.
Selon une enquête menée par U-Report Myanmar, près de 40 % des habitants des zones touchées souffrent encore de troubles psychologiques liés à la catastrophe, et un tiers de la population nécessite une prise en charge psychologique urgente. Environ un sinistré sur cinq, en particulier dans la région de Sagaing, vit désormais sans abri.
À Mandalay, des centaines de milliers de personnes, dont de nombreux déplacés par les conflits dans les États Shan, Kachin et Sagaing, vivent toujours sous des tentes, exposées à des températures atteignant 42°C. Les abris de fortune sont surpeuplés, mal ventilés, et ne protègent ni de la chaleur extrême ni des pluies de mousson imminentes. L’Organisation mondiale de la santé alerte sur une augmentation rapide des risques sanitaires, notamment les maladies hydriques et celles transmises par les moustiques, en raison du manque d’accès à l’eau potable.
Malgré l’intervention de médecins venus de Chine, d’Inde, de Russie et de Thaïlande, les infrastructures médicales restent sous pression. L’aide du régime demeure très limitée : les habitants peinent à obtenir des aides pour déblayer les décombres de leurs maisons partiellement effondrées, laissant à la société civile et aux groupes communautaires la tâche de coordonner les opérations de déblaiement.
Alors que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que près de deux millions de personnes ont encore besoin d’une aide humanitaire urgente, le régime militaire affirme de son côté avoir versé des compensations et distribué de la nourriture.
À Naypyitaw, capitale administrative fortement endommagée (plus de 70 % des bâtiments gouvernementaux affectés), le ministre de la Défense, Maung Maung Aye, supervise les réparations. Il a ordonné aux entreprises de construction initialement impliquées de remettre en état les bâtiments gouvernementaux, notamment ceux construits par des groupes liés à l’ancien régime, comme Eden Group, Htoo Group ou Zaykabar. Plusieurs de ces bâtiments, comme la résidence présidentielle, le musée militaire, ou encore le stade Wunna Theikdi, ont subi d’importants dégâts.
Face à l’ampleur des destructions, le régime envisage désormais de transférer certains ministères à Rangoun, ancienne capitale économique du pays, pour garantir la continuité administrative.
Le séisme a mis à nu les failles structurelles d’un État militarisé, où l’urbanisme de prestige l’a souvent emporté sur la sécurité des populations. L’urgence n’est pas seulement humanitaire : elle est aussi politique.
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